Près de 500 manifestants se sont réunis ce lundi devant le centre RATP de Vitry-sur-Seine pour soutenir trois syndicalistes CGT convoqués pour un entretien disciplinaire après avoir proféré des insultes homophobes à l’endroit d’un chauffeur non gréviste. De Mélenchon à Martinez, des personnalités politiques et syndicalistes se sont exprimées pour protester contre ce qu’ils considèrent comme une manœuvre destinée à réprimer les grévistes.
Pour le quarantième jour de grève contre le projet de réforme des retraites, le point focal de la mobilisation s’est déplacé à Vitry-sur-Seine. Plusieurs centaines de manifestants se sont retrouvés rue Germaine Taillefer, devant le dépôt de bus de la RATP, où étaient convoqués pour un entretien disciplinaire, trois agents syndiqués à la CGT, très impliqués depuis le début de ce conflit social. Le 10 décembre, une poignée d’agents s’était lâchée verbalement contre un chauffeur non gréviste, lequel s’était fait traiter successivement de “pédé”, “suçeur de bite”, “enculé”…
Lire : Quand le langage dérape: des grévistes RATP risquent la révocation
Yassine, Patrick et François, qui risquent, au terme de la procédure, une révocation, étaient présent sur la tribune improvisée d’où se sont exprimés des représentants syndicaux ainsi que des personnalités politique pour leur témoigner leur soutien et dénoncer un tournant disciplinaire.
«Nous ne pouvons qu’être indignés de l’accroissement de la répression qui s’abat à peu près partout sur les grévistes et les manifestants. Comment ne pas évoquer ici le cas d’Irène, élue Unsa-Ratp frappée à coup de matraque télescopique lui causant un traumatisme crânien ; d’Audrey, aide soignante de l’AP-HP littéralement lynchée à l’occasion d’une récente manifestation. A la violence et au gazage globalement désormais systématiques sur tous les piquets de grève. Nous sommes tous concernés, tous menacés dès lors que l’on combat cette politique mortifère», s’est exprimé le secrétaire départemental de la CGT, Cédric Quintin.
«Jusqu’à maintenant, ça s’est toujours relativement bien passé au centre de bus de Vitry lorsque nous bloquons. A travers cette procédure à l’encontre de nos camarades, ils tentent d’envenimer la situation. Le gouvernement, relayé par la direction locale jouent la stratégie du pourrissement», considère un employé du dépôt portant un T-shirt floqué pour l’occasion et portant la mention Touche pas à mon gréviste.
De Jean-Luc Mélenchon à Philippe Martinez
Des personnalités telles que le secrétaire fédéral de la CGT, Philippe Martinez, les députés Fabien Roussel (PCF), Jean-Luc Mélenchon (LFI), la sénatrice Sophie Taillé-Polian (Génération.s), Nathalie Arthaud (LO) ou le maire de Vitry-sur-Seine, Jean-Claude Kennedy, ont également pris la parole pour dénoncer le traitement infligé aux agents grévistes et défendre la mobilisation contre le projet.
Une base déterminée
A l’heure de la convocation des trois agents, les manifestants les plus déterminés ont décidé d’accompagner leurs camarades en cortège jusque dans les étages. «Du bruit mais pas de dégradation», tempère un syndicaliste au mégaphone. Le directeur du centre a accepté de venir à la rencontre de la foule. «Libérez nos camarades», entonnent alors certains participants. Ils demandent l’annulation de la convocation. «C’est un affront que vous nous faites là. C’est nous qui maîtrisons le rapport de force au sein de ce dépôt. Nous n’allons pas reculer après 40 jours de grève. Nous ne manifestons pas seulement pour de meilleures conditions de travail ou de meilleurs salaires, mais contre un projet sociétal», défend un syndicaliste. Le directeur, qui a d’abord refusé de prendre le mégaphone pour s’adresser à la foule, déclare qu’il va entendre les trois agents convoqués, suscitant une bronca que seul l’un des personnels impliqués réussit à calmer. «Ils vont conduire les entretiens avec ou sans nous alors autant y aller pour voir ce qu’ils retiennent contre nous et pouvoir nous expliquer. De toutes façons, le verdict ne devrait être rendu que d’ici un mois».
Selon les syndicalistes, la RATP aurait convoqué une centaine d’agents grévistes pour des entretiens disciplinaires. Il s’agit d’une procédure préalable à un conseil de discipline qui peut décider de la révocation, autrement dit le licenciement ou la sanction d’un personnel.
L'espace commentaire de cet article est clos.