« Je suis crevée du visage ! » s’exclame Madeleine, 7 ans, quand on lui demande si le masque ne l’a pas trop gênée pour cette rentrée à l’école de l’Hôpital Saint-Louis, dans le dixième arrondissement parisien.
« Maintenant, mes moments de ma journée préférés, c’est le sport et la cantine, parce qu’on n’est plus obligés de le porter », rigole-t-elle. Tout en se plaignant, la jeune CE1 comprend l’utilité de la mesure : « Moi, si j’attrape le virus, c’est rien, mais c’est vrai que je pourrais le transmettre à mes parents ou à mes grands-parents… » Claire, sa mère, est surtout contente de pouvoir continuer à travailler : “On est en train de se diriger vers un confinement générationnel, sans le dire. Je trouve que ce n’est pas si mal. Mais mon compagnon est fleuriste, il vous dirait peut-être autre chose !”
“Mon fils m’a raconté qu’il s’était amusé à essayer les masques de ses copains…”
Parmi les parents, on ne se plaint pas du nouveau protocole sanitaire. Mais on reconnaît que les nouvelles mesures sont difficiles à faire respecter chez les plus petits – notamment le port du masque, désormais obligatoire pour les plus de 6 ans. “Lundi soir, mon fils m’a raconté qu’il s’était amusé à essayer les masques de ses copains…” soupire Anne-Sophie, dont deux enfants sont scolarisés à l’école primaire de la rue de Marseille. “Les masques, c’est une bonne mesure, mais ça demande quand même beaucoup de discipline pour leur âge”, estime aussi Julie, mère d’un petit Lenny de 6 ans. Comme Claire, cette maman de 38 ans tient à pouvoir continuer à travailler, notamment parce qu’elle garde un mauvais souvenir du premier confinement. “Gérer le télétravail, plus les enfants à la maison, c’était pas tous les jours facile… Donc tant que mes enfants restent à l’école, je prends!” Céline, également 38 ans, abonde. Lors du premier confinement, elle avait dû choisir entre son métier d’auxiliaire de vie et la garde de ses enfants.
Attentat : le soulagement que le sujet soit abordé par les enseignants
Pour les élèves, le retour des vacances a aussi été marqué par l’hommage rendu à Samuel Paty, victime d’un attentat terroriste le soir des vacances pour avoir enseigné la liberté d’expression. Dans toutes les classes, la semaine a débuté par une minute de silence et la lecture de la lettre de Jean Jaurès aux instituteurs (1888). Certains professeurs avaient également organisé un temps d’échange avec leurs élèves pour répondre à leurs questions. C’est le cas de la classe de CE2 de Fantine, 8 ans. Même si Fantine affirme que “tout le monde était déjà au courant dans [s]a classe”, elle estime que la démarche était utile, au cas où des élèves n’auraient pas été au courant. “Les gens posaient surtout des questions pour savoir comment ça s’est passé.”
Dans ce quartier encore marqué par les attaques du 13 novembre 2015 (Attentat au Bataclan et dans les cafés alentours), les parents apprécient la démarche. “J’ai attendu que les professeurs en parlent avant d’aborder le sujet avec mes enfants, car je préfère qu’ils viennent à moi avec des questions plutôt que de leur imposer un sujet aussi lourd. C’est très bien qu’ils en aient parlé à l’école, c’est un sujet incontournable : je suis contente que les enfants aient d’autres adultes à qui en parler”, confie Julie
Soulagement palpable aussi chez Anne-Sophie. “À chaque attaque terroriste, mes enfants sont très affectés car ils sont d’origine tunisienne par leur père. Ils ont peur de subir des réactions de rejet, surtout ma fille”, raconte l’aide-soignante . “Ils en ont déjà connu, parce qu’ils portent des prénoms arabes : Zohra et Mohamed. En début d’année, alors que je venais les chercher, une autre parent d’élève m’a dit : “Vous n’avez pas honte d’appeler vos enfants comme ça ?” Donc je suis contente que les professeurs aient abordé le sujet, car c’est parfois difficile pour nous de trouver les mots justes. Ils sont mieux armés que nous niveau pédagogie.”
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