300 jours en maternelle, 516 en élémentaire, l’équivalent de plusieurs années au collège comme au lycée… Tel est le bilan du nombre de journées d’absence de professeurs non remplacées par l’Education nationale en Val-de-Marne depuis le début de l’année scolaire selon un comptage réalisé par des parents d’élèves. FCPE et intersyndicale enseignante appellent à un rassemblement de protestation ce mercredi.
Le remplacement des enseignants connaît toujours des périodes de tension mais cette rentrée en Val-de-Marne est particulièrement paroxystique selon les parents comme les enseignants. Entre les personnels atteints de la Covid-19, les cas contacts ou les enseignants souffrant d’autres pathologies, la réserve de remplaçants n’arrive pas à faire face, et ce depuis la rentrée. Dans certaines écoles, comme l’élémentaire Paul Bert B de Chevilly-larue, ce-sont plusieurs enseignants qui ne sont pas remplacés depuis le début de l’année.
“En primaire, il y a par exemple des emplois du temps partagés entre deux enseignants dont l’un est non remplacé depuis plusieurs semaines, ce qui fait que les enfants n’ont pas d’école les jeudi et vendredi”, explique Nageate Belhacen, présidente de la FCPE 94. Dans le deuxième degré, certaines matières comme les mathématiques ou le français sont particulièrement en tension, mais “on constate également d’énormes tensions sur l’histoire-géographie”, rapporte la représentante de parents d’élèves. “Globalement, les absences non remplacées durent plus longtemps que d’habitude, plutôt trois semaines. Et lorsque la situation devient vraiment trop tendue, on retire un remplaçant d’un autre établissement pour le faire venir”, pointe la présidente FCPE 94.
Au total, la fédération a pointé 300 jours d’absences non remplacées en maternelle à date du 25 novembre, 516 en élémentaire, 328 au collège et l’équivalent de 22 postes au lycée. Des années entières chiffrent les parents.
Face à ce que les parents dénoncent comme un “rafistolage”, des recrutements ont été annoncés. “Au plan national, un plan de recrutement de 6000 enseignants contractuels dans le premier degré et de 8000 assistants d’éducation pour le secondaire est en cours”, rappelait-on au cabinet de la direction académique la semaine dernière .
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Concrètement, une centaine d’enseignants sont annoncés pour faire face. “Ce ne sera pas suffisant Il va falloir prioriser entre les établissements. Aujourd’hui, nous demandons à ce qu’on anticipe dès maintenant la troisième vague”, réclame Nageate Belhacem.
Du côté des syndicats d’enseignants, on ne satisfait pas du mode de recrutement de ces remplaçants. “Il s’agirait de 120 personnels non-formés sur des contrats ultra- précaires se terminant aux vacances de février. Ces annonces ne permettront pas d’améliorer durablement la situation. Que se passera-t-il après février ?” questionnent les syndicats SNUipp FSU 94, Sud Education 94, CGT Educ’Action et SnudiFO94 dans un communiqué commun, regrettant que n’ait pas été mis en place un plan d’urgence pour l’école comme ils l’avaient appelé de leurs vœux à la rentrée.
Les syndicats appellent à puiser dans la réserve complémentaire du concours 2020
Dans l’immédiat, l’intersyndicale invite à faire appel “aux 104 collègues de la liste complémentaire du concours 2020”, voire d’organiser un concours exceptionnel, et demande la garantie que “les contractuels recrutés le soient au moins jusqu’à la fin de l’année scolaire, et soient pris en charge et formés par l’Institution en vue de leur titularisation.” Les enseignants demandent par ailleurs le rétablissement des ZIL (zone d’intervention localisée) et “la gestion du remplacement par les circonscriptions qui faisaient preuve de plus de souplesse et de réactivité.” Au-delà, les enseignants réclament une dotation qui intègre un pan d’urgence, pour l’année prochaine.
Pour Myriam Menez, présidente de la Peep 94, le problème est qu’il n’y a pas assez de candidatures pour répondre aux besoins. “On ne veut pas d’enseignants au rabais. Il est visiblement difficile d’attirer les candidats. Nous en sommes au point où certains parents font de la publicité autour d’eux. Il faut des vraies compétences pour être enseignant et on ne peut pas obliger les gens à devenir enseignant”, insiste la représentante de parents d’élève, indiquant que la Peep n’a pas été invitée à joindre le mouvement de protestation de ce mercredi mais que des parents y auraient peut-être participé si cela avait été le cas, en raison de la situation particulière. “La singularité de cette rentrée est que les situations de non remplacement durent dans le temps. Cette année, nous avons des enseignants qui ne sont pas remplacés depuis septembre”, observe-t-elle, regrettant par ailleurs que le distanciel ne se soit pas mis en place pour éviter de laisser les élèves sans enseignant complètement seuls.
Du côté de la direction académique, on rappelle qu’un plan de recrutement a été organisé au niveau national pour affronter la situation, et l’on précise qu’une audience a déjà été accordée sur ce sujet il y a quelques jours.
L’intersyndicale enseignante et la FCPE organisent un rassemblement pour manifester leur colère ce mercredi 2 décembre à 10h30 devant la direction académique départementale de Créteil.
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