Pour la première fois depuis longtemps, la prison de Fresnes a presque atteint un taux d’occupation de 100%, contre plus de 200% il y a quelques années. Le confinement lié au coronavirus, conjuguant aménagements de peine et baisse de la criminalité, explique cette chute historique.
La maison d’arrêt de Fresnes compte à ce jour 1745 détenus contre 2345 au 16 mars, au début du confinement. Certes, le taux d’occupation reste de 108% alors que la maison d’arrêt compte 1603 places, mais les chiffres sont à comparer avec les 150% du début de confinement et surtout les plus de 200% d’il y a quelques années. Une baisse de la pression qui a permis de mettre fin aux triplettes (cellules occupées par 3 détenues) coutumières de la prison val-de-marnaise.
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Fini les triplettes mais encore 120% d’occupation à la maison d’arrêt des hommes
Dans le détail, ces données recèlent néanmoins des disparités entre les sites du centre pénitentiaire, avec par exemple un taux d’occupation qui reste de 120% à la Maison d’arrêt des hommes de Fresnes contre 86% dans les quartiers de semi-liberté de Villejuif selon les données de la direction interrégionale des services pénitentiaires de Paris.
Une diminution de la criminalité corrélée au confinement
Deux facteurs expliquent cette diminution. Il y a eu d’une part une accélération des sorties de prison grâce une augmentation des aménagements de peine. De quoi expliquer une hausse d’environ 10% des sorties hebdomadaires. Surtout, le nombre d’incarcérations a drastiquement diminué en raison de la baisse de la criminalité.
A ce titre, les chiffres du Parquet de Créteil sont éloquents, qui font état de 153 incarcérations la semaine du 2 mars, 126 celle du 9, juste avant le confinement, puis 45 la semaine d’après, 23 la suivante… Les chiffres sont ensuite restés en deçà des 40 incarcérations… jusqu’à la semaine du 11 mai, qui a vu remonter légèrement le nombre à 55 alors que le déconfinement commençait à peine. La comparaison avec l’année 2019 donne aussi un éclairage sans équivoque avec 1001 personnes incarcérées dont 156 mineurs entre 16 mars et le 11 mai 2019, contre 530 dont 80 mineurs sur la même période en 2020.
La fermeture de l’aéroport d’Orly contribue aussi à la diminution des écrous
Moins de criminalité sur les routes désertées, moins de violence (hors violences conjugales), moins de trafic de drogue… la criminalité s’est tassée pendant le confinement, sans pour autant disparaître. La fermeture de l’aéroport d’Orly a aussi pris sa part, alors qu’en moyenne une dizaine de mules (personnes qui transportent de la drogue) s’y font par exemple arrêter puis écrouer à Fresnes chaque semaine. “Il y a aussi les contrôles d’identité avant l’embarquement qui permettent régulièrement d’arrêter des personnes recherchées, faisant l’objet de peines à exécuter”, indique-t-on au Parquet de Créteil.
Comment éviter une nouvelle asphyxie des prisons avec le déconfinement ?
Reste désormais à maîtriser les effectifs pénitentiaires alors que la criminalité va logiquement retrouver sa courbe d’avant. En dehors des actions de prévention de long terme, des mesures ont été mises en place pour réduire les peines d’incarcération pendant la crise du Covid (voir la circulaire) mais elles s’appliquent jusqu’à l’expiration d’un délai d’un mois à compter de la date de cessation de l’état d’urgence sanitaire. D’autres outils ont été pensés dans le cadre de la loi du 23 mars 2019 de programmation 2018-2022 et de réforme pour la justice et resteront donc en vigueur, comme par exemple la détention à domicile sous surveillance électronique (DDSE). Un outil utile mais qui a ses limites, car encore faut-il que les condamnés disposent d’un domicile, dans le département, ce qui n’est pas le cas par exemple pour les mules qui arrivent de Cayenne.
L’autre solution, pour éviter un rebond de la surpopulation carcérale, est de construire de nouvelles prisons, mais aucune ville du territoire n’est prête à en accueillir. En Val-de-Marne, les deux projets de prison de 700 places à Noiseau et de 150 places (pour les fins de peine) dans une autre commune (Limeil-Brévannes, Choisy-le-Roi et Valenton ont tour à tour été évoquées) ont suscité des fins de non recevoir de la part des populations et de leurs élus.
La France condamnée par la Cour européenne des droits de l’Homme à mettre fin à sa surpopulation carcérale
Dans un arrêté rendu le 30 janvier, qualifié de “historique” par l’Observatoire international des prisons (OIP), la Cour européenne des droits de l’Homme (CDEH), saisie par 32 détenus issus de 6 prisons dont celle de Fresnes, a condamné la France à mettre fin à sa surpopulation dans les cellules. Une décision que les associations de défense des détenus entendent bien rappeler aux autorités si les chiffres s’emballent à nouveau.
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