Suspendu de toutes ses activités le 20 novembre, dans le contexte du décès, en cours d’instruction de justice, d’un jeune adolescent venu pour une appendicite non opérée, le docteur Jamil Amhis a repris ses fonctions ce lundi 2 mars, a alerté un collectif d’usagers de l’hôpital hier.
Cette réintégration, partielle puisqu’il n’a pas repris ses fonctions de chef de service, intervient dans un contexte très tendu au sein de l’équipe hospitalière. “La pression des médecins est très forte, plusieurs sont en grève administrative depuis deux mois pour protester contre sa suspension”, relate Claude Cottet, qui porte la voix des usagers. Le contexte est aussi administratif, puisque la suspension ne peut aller au-delà de quatre mois et qu’il fallait donc statuer avant le 20 mars. En décembre, le médecin avait fait appel de sa suspension mais avait été débouté par le Tribunal administratif.
“Nous avons en effet décidé la réintégration du Dr Amhis au Centre hospitalier intercommunal (CHI) de Créteil, dans le cadre d’une mission transversale d’établissement. La décision de suspension avait été prise à titre conservatoire, pour retrouver la sérénité indispensable à la conduite de la revue de morbidité et de mortalité (RMM) en interne et pour assurer les meilleures conditions de prise en charge de nos patients pendant cette période. Une RMM est une revue interne des causes médicales et organisationnelles qui expliquent la survenue d’un événement grave. A l’aune des résultats de la RMM, selon la réglementation en vigueur, la décision administrative de suspension ne se justifiait plus. Cette suspension est donc levée dans le cadre d’une réintégration spécifique, liée notamment à la conduite de missions transversales.
L’enquête relève désormais des instances judiciaires, pour la dimension pénale, et du Conseil de l’ordre des médecins, pour la dimension médicale. Nous travaillons en totale collaboration avec ces deux instances pour aider dans les plus brefs délais à la manifestation de la vérité. Sur le plan administratif, le Dr. Amhis n’est pas réintégré en tant que chef de service. Ce poste est assuré pour le moment par un chef de service par intérim jusqu’à l’arrivée d’un nouveau chef de service en mai 2020. S’agissant de son retour à l’activité clinique, cette décision revient à la communauté médicale qui dispose institutionnellement des clés pour organiser et répartir concrètement la pratique en fonction des effectifs et des besoins.
Dans le contexte d’aujourd’hui, la direction d’établissement réaffirme son engagement en faveur de l’impératif de continuité, de disponibilité et de sécurité des soins, que nous devons à tous nos patients”, justifie la direction de l’établissement dans un mail.
Les parents du jeune Farès, décédé après une longue agonie dans sa chambre d’hôpital et les vains appels au secours de sa mère, ont été reçus par la direction avant la décision de réintégrer le chef de service et avaient fait part de leur désaccord. Ces derniers avaient organisé une marche blanche en novembre dernier pour médiatiser l’affaire qui leur semblait insuffisamment prise au sérieux par l’hôpital, ce qui avait précipité la suspension du chef de service. De nouvelles actions sont désormais envisagées.
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