“Le Covid ne s’arrête pas aux portes du lycée !”, “Pas assez de lits, pourquoi rester ici ?”, “Balance ton protocole sanitaire” peut-on lire devant les porte du lycée Turgot (Paris III). Juchés sur des poubelles, les lycéens ont protesté ce mardi contre les conditions de mise en application du protocole sanitaire.
Une vingtaine de bloqueurs s’étaient réunis dès 7h30, dans une ambiance plutôt bon enfant. La dizaine de poubelles installées devant l’entrée du lycée n’empêche pas ceux qui le souhaitaient d’aller en cours. Quelques tentatives de bloquer l’entrée ont bien lieu, mais elles sont vite repoussées par le personnel surveillant, ainsi que par la police, qui surveille l’agitation depuis le trottoir d’en face.
Un blocus avant tout symbolique, mais tout de même porteur de revendications concrètes : “On fait grève pour que le protocole sanitaire soit réellement respecté !” affirme Tess, en 2nde. Debout sur une poubelle, elle énumère les situations à risque constatées dans le lycée : ” Nous sommes 1300 élèves, et il y a déjà eu une dizaine de cas de Covid depuis le début de l’année. L’entrée se fait par une petite porte, ce qui rend la distanciation sociale impossible. Le brassage entre classes continue à se faire lors des cours de langue où nous sommes tous mélangés, et on manque très souvent de gel hydroalcoolique. Mais le pire, c’est la cantine : on est tous en même temps dans un espace clos, sans masques. La seule mesure qui a été prise, c’est que les cantinières nous donnent nos couverts, alors que nous les prenions nous-mêmes dans un bac auparavant. Mais sinon, rien.”
Son camarade Aaron-Jah, en 2nde lui aussi, la complète: “Sans oublier que la cantine du lycée accueille aussi un lycée professionnel et un collège ! (le lycée professionnel Abbé Grégoire et le collège Montgolfier, un peu moins de 300 élèves supplémentaires en tout, ndlr) “
Conscients qu’ils ne font pas partie des publics à risque, les lycéens affirment vouloir avant tout protéger leurs proches : “Bien sûr que nous, on ne craint pas grand-chose. Mais on habite tous avec nos parents, voire nos grands parents pour certains ! Et quand on sait qu’énormément de clusters proviennent du milieu scolaire, ce n’est pas rassurant…”, développe Hang, 16 ans. Selon le rapport hebdomadaire de Santé Publique France du 29 octobre, plus 17 000 cas de Covid seraient reliés au milieu scolaire et universitaire, en faisant le deuxième plus gros foyer de contamination après les Ehpad. Soutenus notamment par la Fédération des Conseils de Parents d’Élèves (FCPE) et plusieurs syndicats, les lycéens demandent entre autres la mise en place de demi-groupes par niveau ou par classe pour assurer une distanciation effective. Et d’exiger au passage une meilleure formation des professeurs aux outils numériques : “Notre prof de Sciences Numériques et Technologie (SNT) n’arrive même pas à allumer son ordinateur ! Vous y croyez ?”, assure Aaron-Jah.
Plusieurs blocus parisiens
Selon le rectorat de Paris, plus d’une dizaine d’établissements parisiens étaient bloqués mardi 3 novembre : Sophie Germain, Charlemagne (IVe arrondissement), Jacques Decour (IXe arrondissement), Colbert (Xe arrondissement), Balzac (XVIIe arrondissement), Hélène Boucher, Maurice Ravel (XXe arrondissement). C’est devant le lycée Colbert que la situation était la plus tendue, avec intervention de la police, gaz lacrymos.. donnant lieu à plusieurs dizaines de verbalisations.
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