Le service civique fête ses dix ans d’existence en 2020. Mais pour Unis-Cité, pionnière et initiatrice du concept en France, l’aventure a commencé il y a 25 ans. Dans le Val-de-Marne, l’association a lancé ce mercredi sa nouvelle promo de 54 jeunes avec plein de projets en perspective.
Les jeunes peuvent-ils changer le monde ? C’est le postulat d’Unis-Cité, créée en 1995 par trois jeunes diplômées pour développer le concept de service civique en France, inspirées par le déploiement du service civil AmeriCorps, un programme lancé dans les années Clinton dans le prolongement de l’initiative citoyenne City Year. Dès le départ, l’enjeu est de mélanger des jeunes d’horizons mixtes et de les impliquer au moins six mois dans des missions citoyennes et sociales, avec une indemnité de subsistance. La première année, 24 volontaires s’engageront pour 9 mois. Dix ans plus tard, après l’embrasement des banlieues de novembre 2005, le concept est en partie institutionnalisé par un premier service civil volontaire avant de prendre consistance en 2010 autour du service civique tel qu’on le connaît actuellement, qui permet aux jeunes de 16 à 25 ans (30 ans pour les personnes porteuses de handicap) de s’investir dans des missions d’intérêt général durant 6 à 12 mois avec une indemnité de l’Etat. Depuis son lancement en 2010, 400 000 jeunes ont effectué un service civique en France.
L’association Unis-Cité, elle, a continué à porter le concept en recrutant elle-même plusieurs milliers de volontaires chaque année en France, à partir de ses différentes antennes. Dans le Val-de-Marne, l’association, soutenue localement par le Conseil départemental et la Macif, a recruté cette année 54 jeunes qui se sont mélangés avec la promo 2019, tous en gilets oranges, pour la passation de témoin ce mercredi après-midi en préfecture.
Amélie, 17 ans, et Jessica, 22 ans, racontent l’aide aux devoirs, l’organisation d’une soirée pour le Téléthon, l’étude pour créer un marché bio… Toutes deux faisaient partie du programme Diffuseurs de Solidarité, mis en place par l’association pour renforcer la solidarité locale en organisant des défis solidaires avec les associations. “Les associations qu’on a rencontrées continuent de nous appeler pour faire des missions“, s’enthousiasme Amélie. “Nous étions en immersion pendant deux jours dan une association par équipe de quatre, et le reste du temps, nous nous impliquions dans des projets très différents, poursuit Jessica, en mission à l’association Sport Loisirs Intégration Et Culture (SLIC) à Alfortville. J’ai découvert beaucoup de choses qui m’ont donné envie de travailler dans le social plus tard, notamment dans la coordination”. Depuis, elle a entrepris un master en alternance à la mairie de Paris.
Également dans le programme Diffuseur de Solidarité, Joanna 22 ans, fait elle partie de la nouvelle promo 2020. “On a commencé par organiser la course contre les violences faites aux femmes, La Mirabal, avec l’association Tremplin 94, raconte-t-elle, contente de joindre l’utile à l’agréable, l’engagement citoyen et une ligne sur le CV. Les entreprises sont à la recherche de personnes avec des profils différents et qui sont engagés”, estime-t-elle. Position partagée par Cécile Geneste, sous préfète politique de la ville. “Le service civique est un marqueur dans votre parcours, c’est un premier pas vers l’intégration dans le monde professionnel, enjoint-elle en félicitant cette “jeunesse engagée“.
“Les deux mots d’ordres de l’association sont le collectif et la diversité. On prend 1 candidat sur 2 en moyenne. On décide sur la motivation et selon la composition de l’équipe dans lequel il sera intégré : on se demande ce que le candidat peut apporter en plus dans le groupe, motive Sophie Barbarit,responsable des antennes 91,92 et 94 d’UnisCité. On se voit comme un sas, un tremplin pour le futur des jeunes, on prépare avec eux l’après service civique dès le début.” Cela se traduit par une première formation citoyenne, une seconde en lien avec leurs missions, et deux accompagnement personnalisés sur leur projet d’avenir.
“Un sas” pour les jeunes en décrochage
Pour l’association, le principe de mélanger dans chaque équipe des jeunes d’horions variés, aux parcours brillants comme chaotiques, demeure. Amélie, qui avait arrêté ses études en classe de troisième, fait parie de ces “élèves décrocheurs” pour qui ce type de mission constitue un nouveau départ. “On m’a orientée vers ce service civique, je ne savais pas trop à quoi m’attendre, je me suis dit on y va puis on verra ce que ça donne !“, témoigne-t-elle. Depuis, l’adolescente a intégré un autre programme, garantie jeunes, porté par les missions locales, et compte passer le Brevet professionnel de la jeunesse, de l’éducation populaire et du sport (BPJEPS). Parmi les mineurs à UnisCité, 11% sont en situation de décrochage scolaire. Ces derniers peuvent bénéficier du Module de représentation à l’examen par alternance (MOREA) qui permet aux jeunes doublants ou triplants au bac d’alterner quelques jours entre le lycée et en service civique.
Cap vers la centaine
54 jeunes effectuent actuellement un service civique avec l’association dans le département, soit une dizaine en plus que l’année précédente. A terme, Unis-Cité espère accompagner une centaine de jeunes à chaque promo.
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