D’ici un an, la ville de Paris va pouvoir créer sa police municipale. Le Parlement est sur le point de lui accorder ce droit puisque la capitale était jusqu’à présent bloquée par un statut particulier datant de 1800. Bien conscient de l’effet induit par cette annonce sur un secteur très concurrentiel, Nicolas Nordman, maire-adjoint à la sécurité assure que Paris ne fera pas concurrence aux polices municipales des villes alentours.
Paris ne fera bientôt plus exception en matière de sécurité. Le législateur est sur le point de lever le statut particulier qui imposait à la capitale depuis le XIXe siècle le partage de la sécurité entre le préfet de police et la mairie. «La police municipale est un outil qui va nous permettre d’agir concrètement pour sécuriser la ville avec une présence visible 24 heures sur 24, pour prévenir les situations difficiles et enfin, démultiplier notre capacité de sanction au service d’un espace public tranquillisé et respecté», résume Nicolas Nordman, maire-adjoint à la sécurité.
La mairie de Paris ne part pas d’une feuille blanche puisque depuis 2017 et à l’aide d’une première modification par le Parlement de son statut, la capitale avait récupéré des compétences en matière de circulation et de stationnement, récupérant au passage de 3300 agents de surveillance transférés par la préfecture de police. Pour autant, elle ambitionne de compter parmi ses effectifs 5000 agents en 2024 et va donc devoir recruter. Où vont-ils les trouver puisque tant de ville peinent déjà à pourvoir des postes en plus faible quantité ? Dans les communes du Grand Paris où des polices municipales ont été créées, l’initiative parisienne inquiète. «Il y a aujourd’hui une difficulté pour les communes de pouvoir recruter des policiers municipaux. Nous ne souhaitons pas nous positionner en concurrence avec d’autres villes donc nous travaillons à la mise en place de filière de recrutement en travaillant avec les acteurs locaux (missions locales, pôle emploi, associations). Nous souhaitons que nos policiers soient à l’image de notre ville, parité, diversité. De même, une partie de l’attrait de la profession, c’est l’armement létal, et nous avons fait le choix de ne pas nous en doter ce qui confère peut être un avantage aux communes ayant fait le choix inverse», poursuit l’élu.
Une école de formation pour monter en compétence
Pour former ses agents ou les mettre à niveau, la mairie de Paris prévoit la création d’un institut de formation chapeauté par le Centre national de la fonction publique territoriale (CNFPT). Cette école va permettre d’apporter des formations spécialisées en fonction du bagage nécessaire pour devenir policier municipal et être assermenté.
Parmi le personnel déjà employés par la mairie de paris, les agents de surveillance qui ont déjà la qualification d’agent de police judiciaire adjoint n’auront que quelques modules complémentaires à suivre. En revanche, les inspecteurs de sécurité de la ville de Paris auront davantage de formations à suivre. Enfin, pour les débutants, une formation initiale de 120 jours sera nécessaire. Des formations thématiques comme la prévention du harcèlement de rue ou la lutte contre les discriminations seront également dispensées.
Un calendrier difficile à prévoir
La mairie de Paris n’est pas maîtresse du calendrier. Tout d’abord, il faut que la loi dite sécurité globale soit adoptée et il y a de fortes chances qu’elle soit soumise à un contrôle du conseil constitutionnel au vu de certaines dispositions très débattues comme la diffusion d’images de policiers ou gendarmes. Une fois la loi promulguée, la création du corps de police doit faire l’objet d’un décret du conseil d’État. L’hypothèse la plus optimiste est une création pour le courant 2021. «Nous souhaitons lancer un premier concours de recrutement de 150 agents, puis l’an prochaine et ainsi de suite pour monter en puissance jusqu’en 2024», conclut l’élu.
N'envoyez que des photos que vous avez prises vous-même, ou libres de tout droit. Les photos sont publiées sous votre responsabilité.