Alisson, Joseph, Ryan, Facridine et Nassim font partie des quelques centaines de jeunes sans affectation scolaire ou d’enseignement supérieur pour cette rentrée. Ce mercredi, des familles ont manifesté leur désarroi. Témoignages.
Parmi les 400 jeunes qui ont sollicité le service départemental SOS Rentrée cette année, les situations varient mais tous se sont retrouvés face à une porte close. Trois semaines après la reprise des cours, seulement une centaine d’entre eux ont reçu des propositions d’affectations. Les autres commencent à désespérer. A ce jour, 370 jeunes dont 170 collégiens et lycéens, et 200 post-bac, attendent encore. Au total, un peu moins de 113 000 collégiens et lycéens ont fait leur rentrée dans le département.
C’est le cas d’Alisson, qui souhaite passer son bac arts plastique mais n’a pas pu obtenir de place dans les six établissements du Val-de-Marne qui proposent cette spécialité. «Nous avons déménagé cet été de Seine-et-Marne à L’Haÿ-les-Roses. Est-ce le dossier administratif qui a été mal transmis ? questionne sa mère. Je souhaitais regarder dans l’académie de Paris mais on me l’a déconseillée alors qu’il restait des places. Désormais, tout ce que l’on me dit s’est qu’il faut attendre qu’un jeune abandonne, soit expulsé, ou meurt. Vous vous rendez compte ?» La famille envisage des cours particuliers et une inscription en candidat libre.
Des blocages au moment des choix d’orientation des collégiens
Cette année, les élèves de troisième ont étrenné Affelnet, une application nationale informatisée permettant la gestion des opérations d’affectation dans les lycées et les sans bahut estiment avoir été lésés. «Nous avons été très mal renseignés. Mon fils qui était scolarisé au collège Daniel Ferry de Limeil-Brévannes n’a choisi que le lycée Budé pour sa seconde générale. Comme c’est l’établissement le plus proche de notre domicile, nous pensions que ce serait automatique. Mais non, nous avons reçu un appel pour nous dire qu’ils ne pouvaient pas le prendre. Nous essayons de le faire travailler mais c’est difficile de remobiliser un adolescent dans ces circonstances», explique la maman de Ryan. Comme lui, Lukas, ancien élève du collège Jean Perrin au Kremlin-Bicêtre, n’a obtenu que des réponses négatives des deux établissements qu’il avait choisis pour son bac pro commerce. «Comme il n’a que 15 ans, je me dis qu’ils sont obligés de le scolariser. C’est comme ça que je me rassure», positive sa mère.
Les recalés de l’enseignement supérieur se désespèrent
Plusieurs bacheliers n’ayant eu aucun vœu accepté sur la plateforme Parcoursup ont également sollicité SOS Rentré et étaient de la manif ce mercredi. L’un d’eux indique avoir été recalé pour la deuxième année consécutive, alors qu’il recherche une formation dans le domaine de l’économie. Nassim, étudiant en BTS BTP au lycée Chérioux de Vitry-sur-Seine s’est lui retrouvé le bec dans l’eau pour sa 2ème année. «J’ai obtenu ma première année mais je n’ai pas de lycée pour ma deuxième année parce que l’établissement n’avait pas ouvert suffisamment de places et devait conserver ses redoublants. Aujourd’hui, à cause de ce système, nous n’avons pas le pouvoir de décider de notre avenir. C’est scandaleux».
Dans la famille de Facridine, un bachelier d’Ivry-sur-Seine, on préfère voir le verre à moitié plein. «Il avait placé en vœu numéro 1 un BTS banque à Paris. Il n’a pas été reçu mais ça l’a lésé sur les vœux suivants qui étaient en Val-de-Marne. Tout cela lui a très mal été expliqué pendant son année de terminale. Depuis, nous avons eu le temps de nous pencher sur l’offre de formation et avons trouvé un BTS qui pourrait lui ouvrir davantage de débouchés. Il faut encore obtenir une place dans un établissement mais bon, cette histoire aura été un mal pour un bien», estime son père.
Plusieurs élus du département et des communes partenaires de SOS Rentrée ont aussi participé au rassemblement , ainsi qu’une représentante de la FCPE du Val-de-Marne. «Aujourd’hui, plus de 300 personnes nous ont sollicités mais combien y ont renoncé ? C’est une situation inadmissible que nous ne pouvons plus cautionner, notamment pour les élèves en post-bac. Il faut un plan à la hauteur des enjeux dans l’enseignement supérieur. On demande au Val-de-Marne d’accueillir une nouvelle prison, c’est d’une nouvelle université qu’il nous faut», lâche Fatiha Aggoune, vice-présidente du Conseil départemental.
Après un premier rassemblement devant la préfecture de Créteil, une seconde manifestation était organisée à Paris devant le ministère de l’Enseignement supérieur pour y déposer leur dossier.
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