Chefs d’entreprise, associatifs, élus locaux, universitaires, représentants de services de l’Etat… 80 personnes ont participé ce mardi 24 novembre (en visio) à la convention annuelle du Conseil de développement du Val-de-Marne. Celui-ci lance un travail de prospective pour penser le département à l’horizon 2040. Etat des lieux et feuille de route.
Travailler ensemble, au-delà des couleurs politiques et des secteurs d’activité mais avec un objectif commun: accompagner le développement et rayonnement économique, social, culturel du Val-de-Marne dans une perspective de long terme, voilà à quoi s’attelle le Conseil de développement du Val-de-Marne (Codev 94) depuis 1994.
A l’aube de a nouvelle décennie, l’association a décidé de prendre le temps de sortir le nez du guidon pour envisager la route dans son paysage, en tenant compte des bouleversements qui n’épargnent pas le département comme les crises climatiques et sanitaires, et de l’évolution des équilibres au sein de l’agglomération parisienne et de la région.
Construction du métro Grand Paris Express – dont le tracé val-de-marnais (portions des lignes 15 Sud et 15 Est) a été pensé et défendu par les acteurs et élus locaux de longue date avec l’association Orbival, lignes de tramway, installation de quelques grandes entreprises, grandes opérations d’aménagement mixtes, renouvellement urbain… Beaucoup de mues ont été ou vont être engagées. Répondent-elles aux défis d’aujourd’hui et de demain? C’est un peu l’enjeu de la réflexion.
Un manifeste au printemps 2021
“Nous avions prévu de lancer ces travaux avant même la crise sanitaire, pour faire le point sur l’évolution de notre département depuis 25 ans et nous projeter dans 20 ans en tenant compte des grands changements qui nous impactent. L’objectif est de proposer un manifeste sur ce que devrait être le développement du Val-de-Marne sur 20 ans, d’ici le printemps 2021”, pose Dominique Giry, président du Codev Val-de-Marne.
Les travaux ont déjà commencé. “Un groupe de travail d’une quarantaine de personnes s’est déjà réuni une première fois le 9 novembre, explique François Loscheider, délégué général du Codev. Plusieurs réunions et ateliers sont programmés, en partenariat avec l’Institut Paris Région, avant une nouvelle plénière en mars pour présenter les travaux.”
Ce mardi 24 novembre, le Codev a présenté cette feuille de route à l’occasion de sa convention annuelle réunissant 80 personnalités locales dont le préfet, les présidents du Conseil départemental, de la Chambre des métiers, de la Chambre de commerce, d’entreprises, d’associations, des élus locaux…, et dressé un premier état des lieux des enjeux, avec une première note de cadrage suite à la première réunion de travail de novembre.
“Malgré les volontés de rééquilibrage, force est de constater la persistance des déséquilibres et l’aggravation des inégalités. A l’échelle de l’Ile-de-France : c’est dans les territoires les plus riches de l’Ile-de-France que les niveaux de revenus ont augmenté de manière la plus forte (+10% à Paris, +9% dans les Hauts-de-Seine, +4,8% dans le Val-de-Marne et seulement +2,1% en Seine-Saint-Denis). Les inégalités se creusent aussi au sein du Val-de-Marne : entre 2012 et 2016, les inégalités de revenus entre les communes du Val-de-Marne ont augmenté de 22%”, souligne ainsi le rapport d’étape du Codev, comme premier enjeu.
Autre questionnement, celui du modèle économique des opérations d’aménagement qui génère une augmentation du coût du foncier difficilement maîtrisable, conduisant parfois à l’éviction des populations les plus pauvres ou des activités productives.
Le réchauffement climatique et la pollution, longtemps dans l’angle mort des aménageurs, s’imposent également dans le champ de vision. “Comment concilier intensité urbaine et présence de la nature dans un département où 83% des sols sont artificialisés, presque la totalité pour les communes limitrophes à Paris ?”, questionne le Codev.
Dans son état des lieux, le Codev interroge aussi la gouvernance, pas toujours au rendez-vous pour porter un projet sur le long terme, sans changer de cap au gré du vent. “Malgré l’effet d’entraînement des grands projets engagés, l’urgence et le court terme semblent de plus en plus contrarier les visées sur le long terme, entraînant ci et là des remises en cause, des « pertes de mémoire » sur les objectifs initiaux, comme par exemple les évolutions régulières des propositions de l’Etat sur l’aménagement du Grand Paris”, pointe le rapport du Codev qui observe également la difficulté de sortir de la vision communale, pointant “la « re municipalisation » des débats sur les grands enjeux d’aménagement et de développement du territoire, avec une perte substantielle des acquis de la culture métropolitaine progressivement forgée au cours des 20 dernières années.”
Autre élément à prendre en considération dans le paysage, les initiatives locales. “A-t-on réellement et complètement pris en compte ce rôle du local – voire du micro-local – dans les dynamiques d’aménagement et de développement ? Comment en tenir compte ? Comment l’accompagner au mieux ? Comment, aussi, le réguler si nécessaire ? Quelles nouvelles organisations démocratiques pour intégrer ces nouvelles réalités locales ? Il y a certainement, là, matière à de nouvelles expérimentations et innovations pour le Val-de-Marne au sein de l’agglomération parisienne.”
Feuille de route : état des lieux et nouveaux chemins
Dans sa feuille de route, le Codev s’est fixé deux objectifs : partager un état des lieux et proposer de nouveaux chemins. “Comment intégrer le monde demain et construire le récit de la transition ? Quelles nouvelles perspectives communes et positives de développement pour le Val-de-Marne ?”
Trois ateliers de réflexion se tiendront avec l’Institut Paris Région pour nourrir le débat, portant sur les enjeux environnementaux et de développement urbain (Densification, oui – à quelles conditions ? Anticipation des crises /résilience, quels sujets ? quelles révisions ? quels plans d’action ?), la réalité des entreprises et aménagement du territoire (Nouvelles organisations économiques et du travail (réseaux…) et nouvelles réponses des territoires (parcours…) et la globalisation et le vivre-ensemble (Ville-monde oui mais comment renforcer les solidarités locales ?).
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