C’est ce vendredi 3 juillet que se tenait le comité technique de finalisation de la carte scolaire entre la direction académique et les représentants du personnel. Ce mercredi, parents et enseignants ont manifesté contre les fermetures de classe. Hier, la nouvelle directrice académique, Anne-Marie Bazzo, a défendu la nouvelle carte lors d’un point presse. A deux mois de la rentrée, des inconnues continuent toutefois de peser sur les effectifs réels d’élèves. La nouvelle Dasen a aussi évoqué les mesures proposées pour suivre les conséquences scolaires de la crise sanitaire.
Chaque année, la préparation de la carte scolaire relève de la haute couture et de la diplomatie. Sur la grande masse des quelque 140 000 élèves de maternelle et élémentaire du Val-de-Marne, il semble simple de calculer un nombre de classes en fonction du nombre de postes disponibles. Mais dans le détail de la carte, chaque variation du nombre d’élèves dans un niveau est susceptible de faire perdre une classe ou d’en ouvrir une sous condition. Et dans les écoles qui accueillent des élèves en difficulté, de milieu social fragile, la perte d’une classe faisant augmenter le nombre des autres de quelques élèves supplémentaires est ressentie comme une claque, d’autant qu’il est impossible de connaître le nombre exact d’élèves qui seront inscrits le jour de la rentrée. La jauge est donc le plus souvent perçue comme arbitrairement couperet.
C’est dans ce contexte que les discussions au cas par cas se déroulent chaque année entre parents, enseignants et direction académique, parfois en parallèle d’actions comme des occupations d’école ou manifestation. Ce printemps-ci, le processus a été perturbé en raison du confinement, reportant la finalisation de la carte scolaire à la veille des vacances, après une première vague fin avril. Le CDEN (Conseil départemental de l’Education nationale), instance paritaire présidée par le préfet et le président du département et chargée d’officialiser la carte, n’aura du reste exceptionnellement pas lieu avant la rentrée, repoussé à l’automne. Un premier CDEN s’était tenu le 24 avril pour acter le CTSD du 20 avril.
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La finalisation de la carte scolaire n’en a pas moins été sujette à débat et ce mercredi 1er juillet, parents et enseignants ont manifesté devant la direction académique pour défendre la réalité de chaque situation. 26 délégations d’école étaient ainsi présentes, prêtes à détailler la spécificité de leur contexte. Plusieurs élus étaient également sur place. Mais aucune n’a été reçue, au grand dam de l’intersyndicale Snudi Fo, SNuipp-DSU, Sud, CGT qui a dénoncé un mépris des élèves et des enseignants. Une réception à bras fermés qui a occasionné des tensions dans le rassemblement, finalement dispersé par la police. “Nous recevons plusieurs audiences chaque jour mais il faut programme. Le fait d’arriver de façon physique ne donne pas priorité? Il faut prendre rendez-vous”, réagit Anne-Marie Bazzo, nouvelle directrice académique des services de l’Education nationale (Dasen) sur ce sujet. Pour les syndicats, ce refus de rencontrer les délégations à deux jours du CTSD constitue au contraire “une fuite en avant qui va créer une situation explosive”.
Au total, les syndicats dénoncent une centaine de fermetures de classe tandis que la direction académique évoque également les ouvertures et indique que la différence entre les ouvertures et les fermetures présente un solde positif de 26 classes. “Les prévisions d’effectif pour cette rentrée sont de 138 765 élèves contre 138 635 l’an dernier, soit seulement 130 élèves supplémentaires, et nous avons 44 postes en plus. L’an dernier déjà, il y avait eu 180 postes supplémentaires pour 400 élèves de plus. Ensuite, nous devons allouer les moyens de manière équitable”, insiste la directrice académique. Une mise à disposition de postes destinée à mettre en place les dédoublements de classe en réseau d’éducation prioritaire, qui ont commencé par les CP et CE1 ces dernières années et doivent se prolonger par le dédoublement des grandes sections. La première phase de ce dédoublement des GS concernera les écoles en réseau très prioritaire (REP +) dès la rentrée avant de s’étendre à toutes les écoles en REP l’année prochaine.
Des centaines d’élèves ne sont toujours pas inscrits
Reste qu’il est à cette date impossible de connaître exactement le nombre d’élèves à la rentrée. Est-ce l’effet du confinement ? Beaucoup d’élèves n’ont pas encore été inscrits. Un problème qui concerne surtout l’entrée en maternelle où il est plus difficile d’identifier les familles qui ne sont pas encore entrées dans le circuit scolaire. Dans certains groupes scolaires, le déficit d’inscription se chiffre en dizaines d’élèves. “A l’échelle du département, cela représente plusieurs centaines d’élèves”, alerte la directrice académique. Si les inscriptions attendues ne s’effectuent pas, le nombre d’élèves à la rentrée sera inférieur aux projections annoncées indique la Dasen. A contrario, un rattrapage des emménagements retardés par la crise sanitaire pourrait aussi augmenter les effectifs.
Handicap : 4 ULIS supplémentaires et un 3ème poste de conseiller ASH
Concernant l’accueil des enfants porteurs de handicap, la directrice a annoncé la création de 4 nouvelles classes d’ULIS (Unité localisée pour l’inclusion scolaire). Il s’agit de mini classes tous niveaux avec un enseignant dédié mais dont les élèves sont aussi rattachés à une classe banale. 3 nouvelles ULIS concerneront des écoles élémentaires à Chennevières-sur-Marne, Alfortville et Maisons-Alfort. La quatrième se situera en maternelle à Saint-Mandé. Un troisième poste de conseiller pédagogique ASH (Adaptation scolaire et Scolarisation des élèves Handicapés) est également créé.
Comment l’école compte-t-elle accompagner les élèves après la crise sanitaire?
Concernant la crise sanitaire qui a entraîné le maintien à la maison de la majorité des élèves durant plus de deux mois, avec une reprise de seulement quelques semaines avant l’été, la Dasen a présenté les premières réponses proposées.
Vacances apprenantes
Ecole ouverte La première réponse par les vacances avec le renforcement de l’école ouverte cet été. Le principe de l’école ouverte est d’accueillir les élèves volontaires pour leur proposer des activités ludiques et pédagogiques, sans qu’il s’agisse forcément d’apprentissage pur et dur. Plusieurs écoles restent ainsi ouvertes une semaine sur deux lors des petites vacances, ainsi que la première et la dernière semaine des vacances d’été. Cette année, l’école ouverte verra sa durée doublée avec 2 semaines en juillet et 2 semaines fin août. Le nombre d’établissements qui pratiquent l’école ouverte passe aussi de 20 à 39.
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Ecole ouverte buissonnière Au-delà de l’école ouverte, il est également prévu de proposer de l’école ouverte buissonnière avec des séjours de 3 à 5 nuitées.
Stages de réussite Destinés aux élèves de CM2 pour les remettre à niveau, les stages de réussite qui peuvent accueillir 10 à 15 élèves, seront cette année au nombre de 350 dans le département.
Colos apprenantes Ce dispositif (voir ci-dessous nos articles détaillés à ce sujet) vise à faire partir 5000 jeunes cet été en Val-de-Marne. Ce jeudi, la Dasen a indiqué que 3100 jeunes étaient d’ores et déjà inscrits.
Lire à ce sujet :
« Colos apprenantes » en Val-de-Marne : objectif 5000 jeunes
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Evaluation de rentrée
Les évaluations de rentrée, systématiquement menées en CP et CE1, devraient être modifiées cette année pour mesurer l’impact de la crise sanitaire a laissé entendre la Dasen.
Etats généraux du numérique
Les usages du numérique se sont déployés de manière massive sans forcément de préparation préalable à l’occasion du confinement. Leur rôle dans les apprentissages fera l’objet d’un grand remue-méninge national à l’occasion des Etats généraux du numérique qui doivent se tenir en novembre. “Les enseignants utilisent le numérique pour préparer leurs cours et nous allons développer la réflexion pour intégrer le numérique dans la classe afin notamment de préparer les élèves à usage raisonné du numérique pour apprendre et pas seulement échanger sur les réseaux sociaux”, enjoint la directrice académique. A noter que ces Etats généraux prévus les 4 et 5 novembre démarrent cet été par une phase de consultation.
En savoir plus sur les Etats généraux du numérique
Les syndicats réclament un plan d’urgence
Les syndicats enseignants, eux, réclament un plan d’urgence. Ils organisent leur point presse suite au CTSD ce vendredi après-midi.
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