Dimanche 19 avril en fin d’après-midi, à l’occasion de sa conférence de presse commune avec le Premier ministre Edouard Philippe, le ministre de la Santé, Olivier Véran, a annoncé la possibilité pour les familles de revenir voir leurs parents âgés en Ehpad sous conditions, dès le lendemain lundi. Une décision attendue des professionnels mais annoncée sur le pouce, et qui a occasionné immédiatement des appels de familles dans des résidences un peu prises au dépourvu.
“Cette décision très encourageante, compte tenu du nécessaire prolongement du confinement sur les semaines à venir, devra également permettre d’en adapter les modalités afin que les kinésithérapeutes et bénévoles puissent également ré-intervenir pour préserver et accompagner autonomie à la marche et de temps de vie sociale”, a immédiatement salué Pascal Champvert, président de l’Association des directeurs au service des personnes âgées (AD-PA) et directeur du groupe ABCD qui compte 4 résidence et accueille quelques 500 résidents en Val-de-Marne, invitant par ailleurs l’Etat à “engager un renfort significatif des équipes, notamment en temps de psychologues pour soutenir personnes âgées, familles et professionnels.” Dans ses résidences, des premières familles ont été accueillies dès hier, indique le directeur, avec des précautions. “Nous n’accueillons que les adultes, sur rendez-vous et à deux maximum. Les visiteurs doivent se laver les mains à l’entrée, prendre leur température et respecter les distances”, précise Pascal Champvert qui espère désormais le retour des bénévoles. Le siège et la table mis à disposition de la famille en visite sont également désinfectés après utilisation.
Coronavirus en Ehpad en Val-de-Marne: beaucoup de morts mais aussi de plus en plus de guérisons
A date du 14 avril, c’est à dire il y a déjà une semaine, 407 résidents d’Ehpad étaient décédés du coronavirus Covid 19 en Val-de-Marne, selon les données de Santé Publique France, en forte progression par rapport à la semaine précédente où ce chiffre était inférieur de moitié.
Une nouvelle plus réjouissante, dans cette crise qui frappe sévèrement les personnes les plus âgées, est que des personnes, même âgées, peuvent guérir, et sont même de plus en plus nombreuses à en sortir victorieuses. “Il y a 10 jours, nous avions 60 décès pour 5 guérisons, aujourd’hui nous avons 100 décès mais 64 guérisons. Une résidence de 101 ans a par exemple été testée positive alors qu’elle va très bien, et elle nous a dû reste signifié qu’elle comptait bien continuer sa vie comme avant!” témoigne Dominique Perriot pour le Groupement des Ehpads publics du Val-de-Marne qui compte environ 1140 résidents.
“Il faut maintenant gérer les demandes des familles. Les accueils reçoivent des appels depuis l’annonce du premier ministre, certains viennent directement sur place pour demander quand est-ce que ce sera possible de venir voir les résidents. Or, pour l’instant, les protocoles d’accueil n’ont pas été définis, nous ne pouvons pas répondre aux demandes”, tempère Barbara Filhol, secrétaire générale de la CGT Santé et Action sociale du Val-de-Marne qui s’inquiète des moyens pour organiser les visites en toute sécurité. “Il va falloir équiper les familles de protection alors que nous avons nous-même des problèmes d’approvisionnement. Quelles sont les garanties de sécurité que nous allons pouvoir apporter ? C’est facile d’annoncer l’ouverture mais maintenant, le gouvernement fait peser la responsabilité d’une éventuelle propagation du virus sur les directions d’Ehpad. J’ai l’impression qu’on se moque de nous. Ce n’est pas quelque chose qui se décrète. Nous n’organisons pas des parloirs. Les familles ont des rituels. Je pense par exemple à ces enfants qui viennent manger avec leur mère ou leur père. Nos équipes pluridisciplinaires vont devoir une nouvelle fois faire preuve de créativité et d’adaptation pour permettre lorsque c’est possible d’offrir un accueil satisfaisant”, réagit la déléguée syndicale.
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“Sur le fond, nous étions bien-sûr demandeurs car nous observons un syndrome de glissement et de dépression chez certains résidents. Sur la forme, l’apprendre le dimanche à 18 heures pour le lundi matin nous laisse peu de temps pour nous organiser. Et cette forme d’annonce pose un problème de respect des professionnels”, réagit pour sa part Dominique Perriot, qui était directeur du Groupement des Ehpads publics du Val-de-Marne jusqu’au 31 mars et en assure encore l’intérim. “Il y a des sites où c’est plus facile à organiser que d’autres, lorsqu’il y a des salles suffisamment grandes et pas trop longues d’accès voire des espaces en plein air s’il fait beau La difficulté concerne les résidents atteints du Covid 19 qui sont confinés ou les personnes très dépendantes qui vont nécessiter l’octroi de moyens humains ad-hoc. Or, nous avons encore 25% de notre personnel qui est absent”, analyse le directeur qui envisage d’ores et déjà des visites sur rendez-vous. “Nous allons nous organiser mais il nous faut 48 heures.”
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