Ce lundi 13 janvier, les robes d’avocats ont investi l’Etablissement français du sang de l’hôpital Henri Mondor de Créteil.
Au terme d’une AG de mobilisation contre la réforme des retraites qui a mobilisé une cinquantaine d’avocats, une bonne moitié d’entre eux ont été joindre le geste à leur slogan, « Quitte à se faire saigner, autant que cela serve à ceux qui en besoin! » Depuis le 6 janvier dernier, le Conseil National du Barreau (CNB) a appelé à la grève alors que le régime autonome des retraites des avocats doit être fondu dans le régime universel.
L’inquiétude sur la disparition des petits cabinets
“On veut un retrait pur et simple de la réforme. On a un régime autonome où l’on cotise pour nous et où l’on reverse pour le régime général, avec quatre cotisants pour un retraité. Le gouvernement veut que l’on passe de 14% de cotisation à 28%, avec une pension qui passera elle de 1400 euros à 1000 euros”, déplore une avocate après avoir tendu son bras à l’infirmière. “Ce n’est pas un mouvement de grève corporatiste, insiste une spécialiste du droit des familles qui exerce depuis 33 ans. Cette réforme va éliminer les petits cabinets qui gagnent 40 000 euros annuels.”
“Il ne sera pas possible d’encaisser 100% des charges sans conséquences économiques. Il y aura un impact sur l’emploi avec des cabinets qui ne pourront plus payer de collaborateurs par exemple. Puis un impact sur le justiciable qui n’aura pas les moyens de payer les frais d’avocats”, relève le nouveau bâtonnier du département, Olivier Tournillon, qui rappelle que “dans le Val-de-Marne, il y a beaucoup de gens modestes et de nombreux dossiers reposent sur de l’aide juridictionnelle”.
Grève ou pas grève ?
A l’unisson contre la réforme, les avocats ne sont en revanche pas tous d’accord sur les modalités du mouvement. Et c’était tout l’enjeu de l’AG du matin que de s’accorder. Réunis à une cinquantaine dans leur bibliothèque, chacun déploie ses arguments. “Je suis viscéralement contre la grève, c’est contre productif ! On passe pour des nantis qui prennent en otage les justiciables et les cabinets Il faut bloquer le système”, estime une avocate.“La grève est une manière de bloquer!” estime une consoeur.
“Les magistrats ne sont pas solidaires et ne le seront jamais, ça les arrange qu’on ne soit pas présent aux audiences, notamment les JLD (Juge des Libertés et de la Détention), ça ne nuit à personne sauf pour les gardés à vue. Je ne vois pas l’intérêt pour notre profession, ni pour la contestation contre la réforme. Il faut aller là où ça fait mal, en empêchant les audiences de se dérouler”, estime un jeune avocat. “N’opposons pas grève et actions, enjoint un confrère. Pour les justiciables, on peut leur faire passer des entretiens (avant d’aller à l’audience), leur rappeler leur droit de garder le silence…”
A une courte majorité, les avocats décident de reconduire la grève dans les mêmes modalités cette semaine, avec notamment le blocage des audiences, et, pendant une matinée, du tribunal. Une assignation à l’encontre de la ministre de la Justice, Nicole Belloubet, est également votée.
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