Se convertir au click and collect, fermer plutôt que perdre de l’argent chaque jour, se résigner à l’illégalité… En ville, les commerçants essaient tant bien que mal de survivre au reconfinement. Témoignages à Sucy-en-Brie, ce vendredi 13 novembre.
En fin de matinée, quelques personnes se pressent devant l’entrée de L’Oiseau Moqueur, rue du Moutier à Sucy-en-Brie. Comme ses consoeurs, la librairie sucyenne s’est convertie au click and collect, invitant les fidèles à réserver puis venir chercher leur livre sur place. “C’est beaucoup de fatigue car il faut répondre aux mails et multiplier les aller-retours en magasin mais je ne vais pas me plaindre car les clients répondent présent et cela nous permet de tenir financièrement”, témoigne Ludovic, l’un des gérants de l’enseigne. Michel, un retraité d’une soixantaine d’années, fait partie des habitants qui continuent de venir. “Je suis venu chercher un livre. J’essaie de mettre ma petite pierre à l’édifice”, confie-t-il. “Je viens par amour de la lecture mais aussi pour soutenir la librairie”, renchérit Tatiana, guide conférencière.
“Sincèrement, les gens sont hyper solidaires“
Au restaurant On mange où, Dalila aussi ressent le soutien des habitants. “Sincèrement, les gens sont hyper solidaires, ils donnent de leur temps pour venir acheter chez nous”, constate-t-elle. Romain, un sportif de 23 ans y est d’ailleurs venu chercher son déjeuner. “C’est bien quand on rentre chez soi de se dire qu’on aide le commerçant du coin plutôt qu’une grande chaine de restauration”, plaide-t-il. Pour Dalila, la situation reste néanmoins compliquée. Elle a ouvert en mars et le premier confinement lui a déjà coupé l’herbe sous le pied! “On a de la chance de faire de la vente à emporter pour sauver les meubles et ne pas être en perte à 100%. Je sais m’organiser et gérer, c’est une étape à passer, il faut rester fort”, s’encourage-t-elle.
“Physiquement et moralement, c’est très dur”
Mathilde, gérante de la droguerie écoresponsable, Les Produits de Mathilde, a aussi ouvert avant le début de la crise sanitaire. “En ce moment, c’est la dépression. Physiquement et moralement, c’est très dur, on accuse une perte de chiffre d’affaires de plus de 80%”, témoigne-t-elle. “Honnêtement je ne sais pas si je continuerai avec une boutique. Si on peut rouvrir au premier décembre, on tiendra peut-être, mais cela dépendra des dispositions sanitaires.”
“Je n’ai plus aucun intérêt à travailler: je suis en perte tous les jours”
À la Churasqueria Marito’s, un restaurant portugais rue Guy Moquet, les clients se font rares, 5 ou 6 par jour tout au plus. Edmar, le propriétaire, a donc décidé de fermer dès dimanche en attendant la fin du confinement. “Je n’ai plus aucun intérêt à travailler: je suis en perte tous les jours”, motive-t-il. Pour tenir, il va faire une demande de compensation de perte de chiffre d’affaires par le biais du fonds de solidarité pour les entreprises mis en place par l’Etat (voir en détail ci-dessous).
Le “fonds de solidarité pour les entreprises, indépendants et entrepreneurs” s’adresse aux entreprises de moins de 50 salariés ayant fait l’objet d’une interdiction d’accueil du public intervenue entre le 25 septembre 2020 et le 30 novembre 2020 ou ayant subi une perte de chiffre d’affaires d’au moins 50 % entre le 1er octobre 2020 et le 30 novembre 2020. La compensation financière se calcule par rapport au chiffre d’affaires du même mois de l’année précédente ou bien sur le chiffre d’affaires mensuel moyen de l’année 2019. Pour les structures créées après juin 2019, d’autres dispositions s’appliquent. Selon le mois de demande et les catégories d’entreprises, l’aide peut monter jusqu’à 10 000€.
“Si demain la répression des fraudes ou la police vient, j’assumerai.”
Un montant loin de compenser les pertes pour cette commerçante qui préfère rester anonyme. Contrainte de fermer boutique, elle s’est résignée à travailler dans l’illégalité. “On a plusieurs loyers à payer et on ne peut pas faire du report, c’est impossible. Si la préfecture ne nous autorise pas à rouvrir au moins les deux prochaines semaines, on risque la fermeture définitive fin décembre”, se désole la gérante. “Si demain la répression des fraudes ou la police vient, j’assumerai.”
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