Seul centre de dépistage Covid-19 de la ville, le laboratoire ZTP ne désemplit pas, d’autant qu’il analyse les prélèvements sur place. Des journées de plus en plus longues pour accueillir tout le monde. Reportage.
Rue Floréal, à la limite entre Romainville et Bagnolet. Une vingtaine de personnes patientent devant le portail du laboratoire ZTP. Sur le secteur Montreuil -Bagnolet – Romainville – Les Lilas, ce centre de dépistage est un des rares à faire passer des tests Covid après 13h sans rendez-vous. Sur les quatre villes, seuls le Centres Municipal de Santé (CMS) de Romainville, et le laboratoire Biogroup de Montreuil font de même. Accueillant les patients de 7h30 à 12h et de 14h à 18h, le centre ouvre également plus longtemps que la plupart de ses homologues.
C’est ce qui a poussé Affida, 43 ans, à venir se faire tester ici. Après avoir appelé plusieurs centres d’analyses à Romainville, tous saturés, elle est à Bagnolet sur les conseils… d’autres laboratoires. “J’ai besoin d’un test rapidement car j’ai récemment été en contact avec ma mère, qui est âgée et je présente des symptômes : je suis très fatiguée, je perds l’appétit et j’ai des nausées. Les autres centres m’ont recommandé d’y aller demain, mais je m’y suis rendue aujourd’hui car je n’habite pas loin”, explique-t-elle. Plus qu’une vingtaine de patients, et ce sera son tour.
Fettouma, 68 ans, est venue se faire tester sur les conseils de son médecin traitant. Pour elle qui ne dispose pas d’Internet chez elle, difficile de prendre rendez-vous. Après avoir tenté sa chance à Romainville et à Montreuil la semaine dernière, elle se fait tester à Bagnolet ce lundi. Asymptomatique, l’énergique retraitée aborde son test sereinement : “Je ne crois vraiment pas être positive. Je fais le test juste pour être tranquille”, nous sourit-elle.
Au total, plus de 200 personnes affluent chaque jour vers le laboratoire bagnoletais. Structure de taille moyenne, initialement spécialisée dans l’aide à la fertilité, le centre d’analyses a dû rapidement s’adapter aux exigences de la pandémie : les tests COVID représentent entre 30 et 40% de son activité selon Jean-Paul Taar, médecin biologiste.
Quatre secrétaires et un technicien de laboratoire supplémentaires ont ainsi été recrutés en août. Surtout, le laboratoire s’est doté de sa propre machine à analyses de tests, afin de pouvoir garder une certaine autonomie. La plupart des centres de tests effectuent en effet les prélèvements sans pouvoir analyser les résultats eux-mêmes, les rendant dépendants d’autres plateaux d’analyses. Prélevés rue Floréal, les échantillons sont analysés rue Raymond Lefebvre, à moins d’1 km. Une organisation qui permet de maintenir des délais rapides. “Si, en théorie, les patients sont assurés d’avoir leurs résultats dans les 48 à 72h, ils les reçoivent bien souvent en moins de 24h”, nous assure Jérôme Pfeffer, médecin biologiste lui aussi. Chargé de vérifier et communiquer les résultats aux patients positifs par téléphone, il est justement en train d’appeler un patient venu se faire dépister 7h plus tôt.
Pour l’instant, les médecins restent sereins. Mais ils mesurent nettement la deuxième vague. “En août, nous avions environ 3% de cas positifs. Il y a deux semaines, nous étions à 10-12%. Maintenant, ça tourne autour de 15%”, nous confie M. Taar. Un contexte inquiétant, alors que les deux médecins s’accordent à décrire un épuisement du personnel : “On travaille tous non-stop”, explique M. Taar. “Il est 17h et ma collègue vient de lancer une nouvelle analyse de tests. Ce qui veut dire qu’en attendant la fin du processus, je serai encore au labo au moins jusqu’à 21h”, confirme M. Pfeffer.
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