Culture | | 19/12/2020
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Théâtre des Amandiers de Nanterre: Christophe Rauck prêt pour 2021

Théâtre des Amandiers de Nanterre: Christophe Rauck prêt pour 2021 © WCC Edward Lindao Marazita

Quand on lui demande dans quel état d’esprit il s’apprête à prendre le 1er janvier les rênes du prestigieux théâtre des Amandiers à Nanterre, Christophe Rauck répond quasiment du tac au tac: “Je suis serein”.

On croit d’abord avoir mal entendu. Comment un metteur en scène et patron de théâtre pourrait-il être “serein” à l’heure où l’incertitude plane sur la date de réouverture des salles et où le secteur du spectacle vivant redoute de ne pas survivre à la crise sanitaire mondiale ?

“Passer cette tempête en étant le plus calme possible pour éviter de sombrer”

“Je ne l’appréhende pas mal, je m’attends à tout”, dit d’une voix posée celui qui est encore le directeur du Théâtre du Nord, en jouant avec sa tasse de café. “On voit bien qu’on peut difficilement prévoir, donc ça ne sert à rien de faire des plans sur la comète. Il faut continuer et essayer de passer cette tempête en étant le plus calme possible pour éviter de sombrer”.

A 57 ans, Christophe Rauck affiche le pragmatisme et le recul de ceux qui ont déjà traversé des épreuves et à qui les défis ne font pas peur, voire attirent.

Son arrivée à Nanterre ne dérogera pas à la règle. Au-delà de l’épidémie de coronavirus, sa nomination coïncide avec le coup d’envoi de deux ans de travaux prévus de longue date dans le théâtre francilien.

Une gageure qui n’est pas pour lui déplaire. “Quand j’ai appris qu’il y aurait des travaux, je me suis dit que ce serait intéressant de rentrer par la petite porte, par les coulisses, dans ce lieu aussi énorme”, se souvient-il.

Les Amandiers, dirigés entre autres par Patrice Chéreau ou Jean-Pierre Vincent, “c’est un théâtre de géants”, poursuit l’ancien étudiant des Beaux-Arts. “La première fois que je suis venu à Nanterre, j’étais tout jeune, c’est là que j’ai fait mes armes de spectateur, là que j’ai appris à aimer le théâtre, là que j’ai vu les choses les plus puissantes”.

Sa nomination intervient aussi après une période de crispation entre le maire de Nanterre Patrick Jarry et son prédécesseur à la tête du théâtre Philippe Quesne. Ce dernier a choisi de ne pas renouveler son mandat, dénonçant le “mépris artistique absolu” du maire à l’égard de sa programmation, quand l’édile déplorait lui un lien affaibli entre l’établissement et la population.

“Le débat sur ce qui est essentiel ou pas essentiel est un faux débat”

Même pragmatique et philosophe, Christophe Rauck a tout de même été ébranlé cette année par l’épidémie de coronavirus, qui l’a contraint d’annuler sa mise en scène de “La Faculté des rêves”, de l’auteure suédoise Sara Stridsberg. S’il s’était “muré dans le silence” lors du premier, la fermeture des salles à l’occasion du deuxième confinement décrété en novembre par le gouvernement ne l’a pas laissé insensible et l’a même conduit à cosigner une tribune appelant à la réouverture des théâtres.

“Le débat sur ce qui est essentiel ou pas essentiel est un faux débat”, estime Christophe Rauck. “Si le président de la République dit que ce n’est pas essentiel, tant pis pour lui, pour moi ça l’est”, ajoute-t-il. “Ça m’a révolutionné, ça a fait de moi ce que je suis aujourd’hui, ça m’a permis d’être plus calme et plus construit. Si ça m’a permis cela, ça peut le permettre à d’autres”.

2021 sera “constructif, passionné, engagé”

Sur la politique, il n’en dira pas plus. Sur son parcours, en revanche, il accepte de revenir rapidement. Il voulait initialement devenir sculpteur, étudie aux Beaux Arts, s’arrête, fait sur les conseils d’un ami un peu de théâtre avant d’abandonner, rebuté par l’ambiance. La révélation et “le choc émotionnel” viendront plus tard en assistant à la répétition de “L’illusion comique”, mise en scène par Giorgio Strehler.

L’ancien comédien d’Ariane Mnouchkine devient alors metteur en scène avec “le Cercle de craie caucasien” de Brecht en 1996. Il dirige ensuite le théâtre du Peuple à Bussang (Vosges), met en scène le Mariage de Figaro à la Comédie française, prend la tête du théâtre Gérard-Philipe à Saint-Denis avant de rejoindre Lille.

A Nanterre, il entend mettre en place des “saisons partagées” avec quatre metteurs en scène – Anne-Cécile Vandalem, Joël Pommerat, Julien Gosselin et Tiphaine Raffier. 2021 sera “constructif, passionné, engagé”, promet-il.

Par Marine PENNETIER

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