Le déconfinement et la réouverture progressive des frontières n’auront pas réussi à sauver la saison du tourisme francilien. De nombreuses faillites sont à prévoir, notamment dans l’hôtellerie et la restauration.
Pas de surprise ce jeudi, lors de la conférence de presse du Conseil régional d’Île-de-France à son siège de Saint-Ouen (Seine-Saint-Denis). Comme prévu, la pandémie de COVID-19 frappe le secteur du tourisme de plein fouet.
Les chiffres sont sans appel : au premier semestre 2020, le nombre de séjours touristiques atteint à peine 40% de son niveau de 2019. Le secteur souffre particulièrement de la chute drastique du nombre de visiteurs étrangers (-68%), connus pour dépenser deux à trois fois plus que leurs homologues français en moyenne. Au total, la région estime le manque à gagner à 6,4 milliards d’euros. Parmi les acteurs du monde touristique, c’est l’hôtellerie qui souffre le plus. À Paris, c’est plus d’un hôtel sur deux qui a fermé pour l’été. Dans le reste de l’Île-de-France, pas de quoi sourire : 70% des hôtels étaient certes ouverts, mais ces derniers n’ont fonctionné qu’à un tiers de leur capacité environ. Des chiffres d’autant plus inquiétants que l’évolution de la pandémie ne permet pas d’envisager une reprise dans l’immédiat.
Un coup de pouce de 15 millions d’euros
Face à la gravité de la situation, la Région explique avoir mis en place plusieurs dispositifs pour soutenir les 500 000 emplois du tourisme francilien depuis la fin du confinement. En plus des « prêts rebond » à taux 0 (150 millions d’euros), disponibles à toutes les entreprises depuis mai, et du fonds de solidarité (1,3 milliard d’euros), ouvert aux acteurs du tourisme depuis le 20 juin, 15 millions d’euros sont prévus pour le tourisme au sein du plan de relance annoncé en juillet. Valérie Pécresse, présidente (LR) de la région Île-de-France, se veut rassurante. Disponibles jusqu’en septembre, les aides ne sont pas consommées entièrement, et pourraient être renouvelées si besoin : « S’il faut remettre, on remettra », affirme-t-elle.
Pour stimuler la reprise, la région mise avant tout sur la communication. Jusqu’au 13 septembre, les franciliens sont encouragés à aller à la découverte de leurs restaurants : tous les dimanches, plus de 900 établissements bénéficient d’un emplacement supplémentaire gratuit. Pour rassurer les visiteurs étrangers, une campagne de publicité circule également sur les réseaux sociaux depuis juin. Enfin, le Comité Régional du Tourisme (CRT) démarche les organisateurs de salons et congrès, qui font de l’Île-de-France la première destination en Europe pour les salons professionnels et le tourisme d’affaire.
Appel à un allongement de la durée de remboursement des prêts garantis par l’Etat
La présidente estime cependant que la région ne peut pas faire face seule au déclin du secteur touristique et en appelle à l’État, à qui elle demande notamment de faire passer la durée d’amortissement du Prêt Garanti par l’État (PGE) de 5 à 10 ans. Elle demande aussi aux assureurs de rembourser les restaurateurs les plus touchés par la crise : un « devoir moral » selon elle.
En cette rentrée, les perspectives pour la fin de l’année touristique restent plus qu’incertaines. En témoignent les réservations aériennes de septembre à décembre, qui peinent à attendre le quart de leur niveau de 2019. L’ex-ministre de l’Enseignement Supérieur ne s’en cache pas : selon elle, des « milliers » de faillites sont à prévoir, et la région pourrait passer le cap du million de chômeurs d’ici à décembre.
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