Sécurité | Paris | 26/11/2020
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Ultra-violence policière à Paris: Darmanin ordonne la suspension des agents

Ultra-violence policière à Paris: Darmanin ordonne la suspension des agents

C’est une scène d’une rare violence que la caméra de vidéosurveillance interne d’un producteur de musique a capté alors qu’il se faisait tabasser à l’intérieur de son entreprise par trois policiers.

Ce document vidéo, diffusé par Loopsider assorti d’une interview du producteur qui commente la scène, est glaçant.

Le producteur y explique avoir regagné son studio de musique sans masque samedi 21 novembre au soir. Avisant une voiture de police, il raconte s’être dépêché de regagner son studio, mais les agents l’ont suivi dans les locaux. S’en suit une scène particulièrement violente, visible sur la vidéo, lors de laquelle le producteur indique s’être fait traiter à plusieurs reprises de “sale nègre”. Appelant à l’aide les musiciens qui répétaient en sous-sol, ces derniers sont remontés. Les policiers sont alors sortis puis ont tenté de rentrer à nouveau en lançant des grenades lacrymogènes à l’intérieur.

Après avoir été tabassé, le producteur, qui a eu un incapacité totale de travail (ITT) de 6 jours, a été interpellé et placé en garde à vue dans le cadre d’une enquête ouverte par le parquet de Paris pour “violences sur personne dépositaire de l’autorité publique” et “rébellion”.

 Selon leur procès verbal consulté par l’AFP, les trois policiers sont intervenus samedi dernier pour tenter d’interpeller “Michel” pour défaut de port du masque. “Alors que nous tentons de l’intercepter, il nous entraîne de force dans le bâtiment”, écrivent-ils. Les images de vidéosurveillance montrent une toute autre scène où ce-sont les policiers qui entrent dans le studio en attrapant le producteur pour le frapper.

Dans leur rapport, les policiers ont écrit que l’homme les avait frappés. SLes images vidéo montrent au contraire l’entrepreneur en train de résister en refusant de se laisser embarquer, puis tenter de se protéger le visage et le corps. Il ne semble pas porter de coups. La scène dure cinq minutes.

De son côté, le ministère de l’Intérieur, Gérald Darmanin, a réclamé la suspension immédiate des agents.

Le parquet de Paris a classé l’enquête contre le producteur et ouvert mardi une procédure pour “violences par personnes dépositaires de l’autorité publique” et “faux en écriture publique”, confiée à l’Inspection générale de la police nationale (IGPN), la police des polices. Dans une rare déclaration publique, le procureur de Paris Rémy Heitz a souhaité que l’IGPN, saisie du dossier, enquête “le plus rapidement possible”. “C’est une affaire extrêmement importante à mes yeux et que je suis personnellement depuis samedi”, a-t-il dit à l’AFP.

Le préfet de police de Paris a pour sa part indiqué avoir demandé au directeur général de la police nationale “de suspendre à titre conservatoire les policiers impliqués”.

“Mon client a fait 48 heures de garde à vue de manière injustifiée sur des propos mensongers des services de police qui l’ont outrageusement violenté”, a dénoncé de son côté l’avocate de Michel, Me Hafida El Ali. “Si nous n’avions pas les vidéos, mon client serait peut-être actuellement en prison”, a-t-elle ajouté à l’AFP.

Sollicitée par l’AFP, la Défenseure des droits a indiqué avoir elle aussi ouvert une enquête sur les violences subies par le producteur.

Cette bavure intervient dans un climat déjà très tendu par le vote ce mardi de la loi Sécurité globale dont l’article 24, parmi les plus controversés, punit de 45 000 euros d’amende et un an de prison les personnes qui diffusent une vidéo ou photo identifiable de policier dans “l’intention manifeste” de lui nuire.

Mardi, le parquet de Paris avait déjà ouvert deux enquêtes relatives à des faits de “violences” dont sont soupçonnés des policiers sur un migrant et un journaliste lors de l’évacuation d’un campement de migrants lundi soir place de la République à Paris.

Mise à jour 17h : les policiers ont été suspendus de leurs fonctions à titre conservatoire ce jeudi après-midi.

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