C’est une scène d’une rare violence que la caméra de vidéosurveillance interne d’un producteur de musique a capté alors qu’il se faisait tabasser à l’intérieur de son entreprise par trois policiers.
Ce document vidéo, diffusé par Loopsider assorti d’une interview du producteur qui commente la scène, est glaçant.
DOCUMENT: la séquence intégrale des 13 minutes de l’agression policière contre un producteur de musique parisien. Attention: images difficiles de violences et d’insultes racistes. pic.twitter.com/37EbfgID2T
— Loopsider (@Loopsidernews) November 26, 2020
Le producteur y explique avoir regagné son studio de musique sans masque samedi 21 novembre au soir. Avisant une voiture de police, il raconte s’être dépêché de regagner son studio, mais les agents l’ont suivi dans les locaux. S’en suit une scène particulièrement violente, visible sur la vidéo, lors de laquelle le producteur indique s’être fait traiter à plusieurs reprises de “sale nègre”. Appelant à l’aide les musiciens qui répétaient en sous-sol, ces derniers sont remontés. Les policiers sont alors sortis puis ont tenté de rentrer à nouveau en lançant des grenades lacrymogènes à l’intérieur.
Après avoir été tabassé, le producteur, qui a eu un incapacité totale de travail (ITT) de 6 jours, a été interpellé et placé en garde à vue dans le cadre d’une enquête ouverte par le parquet de Paris pour “violences sur personne dépositaire de l’autorité publique” et “rébellion”.
Selon leur procès verbal consulté par l’AFP, les trois policiers sont intervenus samedi dernier pour tenter d’interpeller “Michel” pour défaut de port du masque. “Alors que nous tentons de l’intercepter, il nous entraîne de force dans le bâtiment”, écrivent-ils. Les images de vidéosurveillance montrent une toute autre scène où ce-sont les policiers qui entrent dans le studio en attrapant le producteur pour le frapper.
Dans leur rapport, les policiers ont écrit que l’homme les avait frappés. SLes images vidéo montrent au contraire l’entrepreneur en train de résister en refusant de se laisser embarquer, puis tenter de se protéger le visage et le corps. Il ne semble pas porter de coups. La scène dure cinq minutes.
De son côté, le ministère de l’Intérieur, Gérald Darmanin, a réclamé la suspension immédiate des agents.
Le parquet de Paris a classé l’enquête contre le producteur et ouvert mardi une procédure pour “violences par personnes dépositaires de l’autorité publique” et “faux en écriture publique”, confiée à l’Inspection générale de la police nationale (IGPN), la police des polices. Dans une rare déclaration publique, le procureur de Paris Rémy Heitz a souhaité que l’IGPN, saisie du dossier, enquête “le plus rapidement possible”. “C’est une affaire extrêmement importante à mes yeux et que je suis personnellement depuis samedi”, a-t-il dit à l’AFP.
[Intervention à Paris 17ème]
— Gérald DARMANIN (@GDarmanin) November 26, 2020
Je me félicite que l’IGPN ait été saisie par la justice dès mardi.
Je demande au préfet de police de suspendre à titre conservatoire les policiers concernés. Je souhaite que la procédure disciplinaire puisse être conduite dans les plus brefs délais.
Le préfet de police de Paris a pour sa part indiqué avoir demandé au directeur général de la police nationale “de suspendre à titre conservatoire les policiers impliqués”.
“Mon client a fait 48 heures de garde à vue de manière injustifiée sur des propos mensongers des services de police qui l’ont outrageusement violenté”, a dénoncé de son côté l’avocate de Michel, Me Hafida El Ali. “Si nous n’avions pas les vidéos, mon client serait peut-être actuellement en prison”, a-t-elle ajouté à l’AFP.
Sollicitée par l’AFP, la Défenseure des droits a indiqué avoir elle aussi ouvert une enquête sur les violences subies par le producteur.
Cette bavure intervient dans un climat déjà très tendu par le vote ce mardi de la loi Sécurité globale dont l’article 24, parmi les plus controversés, punit de 45 000 euros d’amende et un an de prison les personnes qui diffusent une vidéo ou photo identifiable de policier dans “l’intention manifeste” de lui nuire.
Mardi, le parquet de Paris avait déjà ouvert deux enquêtes relatives à des faits de “violences” dont sont soupçonnés des policiers sur un migrant et un journaliste lors de l’évacuation d’un campement de migrants lundi soir place de la République à Paris.
Mise à jour 17h : les policiers ont été suspendus de leurs fonctions à titre conservatoire ce jeudi après-midi.
Ce n’est plus au lecteur de juger mais à la justice de faire son travail
Clôture du sujet pour ma part
Moi je vois surtout qu’il s’agit d’un acharnement innommable …
Si darmanin a demandé la suspension immédiate de ces individus (la police) ce n’est sûrement pas sans raison… Affaire à suivre
Et puis je remarque que les policiers entrent dans cet immeuble non masqués au risque de contaminer tout le monde (les musiciens eux, n’ont pas l’obligation d’être masqués puisque dans un lieu privé
Sans connaître le motif d’intervention des policiers, je vois principalement un individu qui résiste violemment à son interpellation dans un lieu pour le moins confiné.
Notre cher ministre a-t-il une technique à communiquer aux forces de l’ordre face à une telle situation ?
S’il n’y avait pas eu résistance, il n’y aurait pas eu une telle escalade de violence !
L’action policière était-elle légale ?
Etait-elle proportionnée ?
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