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Mouvement social | Val-de-Marne | 03/11/2020
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Val-de-Marne: grèves et droit de retrait au collège et lycée

Val-de-Marne: grèves et droit de retrait au collège et lycée

Rosa Parks à Gentilly, Dulcie September à Arcueil, Darius Milhaud et Cron au Kremlin-Bicêtre, Blum et Gutenberg à Créteil, Politzer, Vallon à Ivry, Brossolette à Villeneuve-Saint-Georges, Jean Macé à Vitry-sur-Seine, Branly Nogent… les professeurs de collèges et lycées du Val-de-Marne se sont mis en grève ou droit de retrait ce lundi et prévoient de reconduire cette semaine. Dans les écoles, le mouvement est prévu à partir de jeudi. Les raisons de la colère : le protocole sanitaire et la manière dont était organisée l’hommage à Samuel Paty.

“A Rosa Parks, 30 profs sur 40 étaient grévistes et le seront à nouveau aujourd’hui”, détaille Valérie, déléguée CGT Educ’Action. Les professeurs sont à la fois vent debout contre le protocole sanitaire et contre la manière dont s’est finalement organisé l’hommage à Samuel Paty, sans vraiment de temps pour préparer de temps pédagogique autour de la minute de silence, et avec comme figure imposée la lecture de la lettre de Jaurès.

“Une insulte à la mémoire de Samuel Paty

“Cette lettre est très belle mais n’est pas adaptée à des élèves de collège. En plus, des extraits ont été coupés et des mots ont été changés!”, pointe Valérie qui a préféré faire lire un texte de Voltaire sur le fanatisme religieux. “Des passages complets sur la liberté d’enseignement du professeur ont été supprimés”, s’indigne également Benjamin Amar, délégué CGT 94 et prof à Gutenberg.

Sur le “tripatouillage” de la lettre de Jaurès, voir l’article détaillé de Libération.
Suite à la polémique, un lien vers la version intégrale de la lettre a été mis en ligne sur le site de l’Education nationale, à côté des versions raccourcies.

Non seulement l’hommage ministériel organisé à la sauvette était selon nous une insulte à la mémoire de Samuel Paty mais en plus il transformait les enseignants en machines à lire un texte imposé tout en demandant aux élèves de se taire, ce qui est une bien étrange conception de l’éducation et de la liberté d’expression”, déplore la professeure de Rosa Parks.

Le passage en demi-groupe: condition sine qua non pour reprendre

Les conditions sanitaires en vigueur en cette période de reconfinement ne passent pas non plus. “On veut un vrai protocole applicable avec des masques et du gel et pas uniquement des préconisations qui se concluent toujours par “dans la mesure du possible”, reprend Valérie.

“On continue à faire cours à 30-35 élèves dans une même salle de classe, avec des élèves qui portent mal le masque et gardent le même pendant quatre jours”, pointe Fabrice, un enseignant du lycée Gutenberg de Créteil. Ici, les professeurs se sont mis en droit de retrait après l’hommage à Samuel Paty et le sont toujours ce mardi. Afin d’adapter l’enseignement au contexte sanitaire, les professeurs réclament des cours en demi-groupe, une aération correcte des salles, des agents en nombre suffisant pour nettoyer les dalles, des masques, du gel… “Nous demandons aussi un réaménagement des programmes pour que les les épreuves du bac qui se déroulent en mars tiennent compte des circonstances”, plaide l’enseignant cristolien, qui confie la fatigue supplémentaire et les migraines liées au port du masque toute la journée. “Des discussions sont en cours depuis hier pour travailler en demi-groupe et diminuer le nombre d’élèves présents dans le lycée. Nous avons proposé que les élèves viennent une semaine sur deux et le chef d’établissement a transmis notre proposition au rectorat. Si on ne met pas en place les demi-groupes, on va être obligé de se remettre 100% en distanciel étant donné la circulation du virus, ce qui renforcerait encore les inégalités entre les élèves”, détaille David, professeur à Gutenberg. En attendant, les professeurs entendent rester en droit de retrait. “Une élue du CHSCT est venue hier et a constaté des irrégularités motivant notre droit de retrait, comme par exemple le manque d’aération”, indique l’enseignant.

Au lycée Léon Blum de Créteil, les professeurs se sont d’abord réunis en visio-conférence ce dimanche soir puis ont décidé de faire une AG entre 8 heures et 10 heures, pour décider de la grève. “Beaucoup de collègues qui ne travaillent pas le lundi matin sont venus quand même et seulement une dizaine de professeurs ont pris leur classe, sur 120 enseignants”, détaille Nathalie, professeure. Là encore, les conditions sine qua non pour reprendre passent par le strict respect du protocole sanitaire et le dédoublement des classes. “Les conditions d’enseignement à 32 élèves par classe sont en complète contradiction avec l’application du protocole sanitaire relatif à ce reconfinement”, insiste l’enseignante, qui rappelle que le lycée conçu pour 800 élèves en accueille 1200.

Même demande à Rosa Parks où un tract aux parents détaille les exigences : “Le passage à des cours en demi-groupes sans cumuler présentiel/distanciel.Des aménagements de programmes. Un recrutement massif de personnels supplémentaires pour assurer l’entretien, l’encadrement et la surveillance. De la transparence et de la clarté sur la gestion du COVID, qui, contrairement aux annonces, circule quel que soit l’âge ! Un nouveau protocole sanitaire pertinent et applicable. Des subventions spécifiques de l’Etat pour un matériel de protection digne de ce nom (gel hydro alcoolique, masques adaptés, spray désinfectant). Un délai supplémentaire pour la saisie des dossiers de bourse et un abondement
conséquent du fonds social.”

Au lycée Jean Macé de Vitry-sur-Seine, une quarantaine de professeurs étaient en grève dès 8 heures du matin. Il sont toutefois participé à l’hommage à Samuel Paty, tout en regrettant la forme qu’il a pris. “Le proviseur a lu la lettre dans la cour, mais personne n’entendait rien“, indique un enseignant.

Au collège Pierre Brossolette de Villeneuve-Saint-Georges, les professeurs se sont également mis en droit de retrait. “Nous sommes en vigilance alerte attentat, or, il n’y a parfois personne dans la loge faute de personnel, et il y a déjà eu des intrusions dans l’établissement, témoigne Emilie, déléguée CGT Educ ‘Action, notant que le collège conçu pour 600 accueille près de 700 personnes. Quant au protocole sanitaire, on ne voit pas la différence entre septembre et maintenant. Les élèves se mélangent dans la cour, retirent leur masque pour déjeuner à la cantine le midi, et il n’y a pas assez d’agents d’entretien.”

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