Education | Val-de-Marne | 05/11/2020
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Val-de-Marne: quelques demi-groupes testés au lycée, maintien des grèves ailleurs

Val-de-Marne: quelques demi-groupes testés au lycée, maintien des grèves ailleurs

L’organisation en demi-groupes a commencé ce mercredi dans plusieurs lycées en attendant un feu vert officiel. Les tensions perdurent ailleurs. Retour sur la mobilisation enseignante mais aussi des parents et des lycéens, et sur le calendrier du protocole sanitaire renforcé.

Entre 15 et 20 établissements sont toujours en grève ou droit de retrait ce jeudi en Val-de-Marne, à propos de la mise en œuvre effective du protocole sanitaire renforcé, exigeant notamment un accueil par demi-groupe. Alors que la rentrée se tenait ce 2 novembre, les chefs d’établissement ont jusqu’au lundi 9 novembre pour faire valider leurs modalités d’organisation auprès du rectorat. En parallèle du mouvement social en collège et lycée, des dossiers sont donc en cours d’étude par le rectorat, au cas par cas.

Jean Macé et Adolphe Chérioux testent les demi-groupes à Vitry-sur-Seine

A Vitry-sur-Seine, les professeurs des lycées Jean Macé et Chérioux n’ont pas attendu le feu vert du rectorat pour prendre les devants et ont commencé à mettre en place le travail en demi-groupe dès ce mercredi.

“Cela a été compliqué. Il n’est pas facile de repenser toute l’organisation d’un lycée”, confie Bertrand, professeur de mathématiques. Concrètement, pour les classes qui avaient quatre heures de maths par semaine par exemple, chaque groupe aura deux heures. La difficulté concerne en revanche les nombreuses spécialités en première, qui impliquent un important brassage des élèves au-delà de leur classe. “En terminale, il y a en revanche déjà des petits groupes de 20 dans certaines spécialités”, indique l’enseignant. “Nous ouvrons également les fenêtres. De toutes façons, les salles sont toujours surchauffées.” Cette organisation, qui doit désormais être entérinée par le rectorat, s’est accompagnée de la suspension du mouvement de grève entamé le lundi dans ce lycée.

Au lycée Adolphe Chérioux également, les professeurs ont pris les devants pour mettre en place des demi-groupes dès ce mercredi. D’autres lycées pourraient suivre, avec des organisations chacune spécifique, comme Romain Rolland à Ivry-sur-Seine ou encore Guillaume Apollinaire à Thiais.

Au lycée Blum de Créteil, où la grève a été très soutenue jusqu’à ce mercredi, les professeurs attendent désormais une confirmation du rectorat quant à la possibilité de passer aux demi-groupes, et prévoient de reprendre massivement la grève lundi prochain si tel n’était pas le cas. Encore ce jeudi, plusieurs enseignants étaient en grève. “Nous avons été beaucoup soutenus par les parents qui sont aussi très inquiets”, indique Nathalie, professeure dans l’établissement, notant qu’un mouvement est également en train de se constituer du côté des élèves.

Au lycée Arago de Villeneuve-Saint-Georges, encore, les professeurs restent en droit de retrait. “Pour l’instant, la direction de l’établissement nous a proposé d’affecter une classe par salle en imposant aux élèves de faire eux-mêmes le nettoyage de leurs tables et de rester seuls pendant l’interclasse. Nous trouvons cela insuffisant. On constate encore aujourd’hui des élèves massés sur les temps de récréation. Sur ces premiers jours, nous n’avions que deux agents sur huit, ce qui rendait le travail de désinfection impossible à réaliser. La direction nous a dit qu’elle pourrait recruter des intérimaires mais ce serait sur le budget propre de l’établissement. Nous considérons que ce n’est pas à nous de faire l’avance”, témoigne un enseignant mobilisé.

Soutien des parents

Côté parents, la FCPE du lycée Gutenberg de Créteil, où les enseignants sont en droit de retrait, a pris position par communique ce mercredi soir, plébiscitant une organisation en demi-groupes. “C’est une demande faite par de nombreux lycées du Val de Marne. Les élèves seraient en cours une semaine sur deux ce qui permettrait de continuer un enseignement en présentiel tout en maintenant des mesures barrières. Pour les parents FCPE du lycée Gutenberg cette solution proposée par les enseignants est un point positif : permettre de continuer les cours en présentiel une semaine sur deux pendant que les autres travailleraient à la maison (travail donné par les enseignants). En effet pour les parents FCPE, le confinement du printemps a été une souffrance pour nos adolescents, plus ou peu de contacts avec la communauté éducative, un travail pédagogique devenant de plus en plus dur, un décrochage scolaire pour l’ensemble des élèves…”, indiquent les parents d’élèves de l’établissement qui réclament par ailleurs le remplacement de deux professeures absentes depuis le mois de septembre, “une enquête pour comprendre pourquoi les cours en distanciel n’ont pas été à la hauteur pendant le 1er confinement” et encore des réunions et des réponses concernant les interrogations des parents sur la cirse sanitaire et le déroulement du bac.

Tentatives de blocus lycéens

Dans blocus lycéens ont été tentés dans plusieurs lycées. A Villeneuve-Saint-Georges ce matin, des élèves se sont rassemblés dès 6 heures devant le lycée François Arago, avant d’être dispersés par la police avec des grenades lacrymogènes (photo de une et ci-dessous). 23 professeurs étaient pour leur part en droit de retrait. Au Kremlin-Bicêtre à Darius Milhaud, des élèves se sont également rassemblés et ont été délogés par la police.

Des décisions attendues ce jeudi pour les lycées

“En principe, le recteur devrait valider les modalités d’organisation présentées par les lycées ce jeudi, indique Catherine Quiniou, déléguée départementale Snes-FSU 94. Mais nous voudrions une décision nationale, pas du cas par cas.” Du côté du rectorat, on fait savoir que les modalités sont étudiées au fil de l’eau et qu’il n’y a pas spécifiquement de deadline ce jeudi, l’important étant que le protocole sanitaire renforcé soit opérationnel le 9 novembre.

Les professeurs de collèges également mobilisés

Si, dans les lycées, la brèche d’une organisation en demi-groupes a été ouverte et quasi-validée dans plusieurs lycées, il en est autrement des collèges. Fin de non recevoir par exemple au collège Chérioux, où selon Gabriel Holard-Sauvy, délégué syndical Snes Education, 85% des enseignants sont toujours en grève. “Des classes entières, cela signifie que les élèves sont à deux par table, assis côte à côte. On est loin des belles images de distanciation publiées par le ministère de l’Education nationale! Ensuite, ce-sont des couloirs pleins, des cantines pleines… Ni le bâtimentaire ni le personnel ne suit pour veiller au respect des gestes barrières dans ces conditions. Comment parler sérieusement de reconfinement alors qu’il y a en France 12 millions d’élèves qui sont mélangés? Cela représente tout de même un cinquième de la population française”, chiffre le professeur de mathématiques.

Au collège Pierre Brossolette de Villeneuve-Saint-Georges, une large majorité des professeurs sont toujours en droit de retrait depuis ce lundi. “Nous sommes en sureffectif avec 770 élèves et personnels dans un établissement conçu pour 600. Nous avons 3 assistants d’éducation en moins. Nous avons proposé un protocole hybride associant présentiel et distanciel de façon à ne pas changer les emplois du temps des élèves, sauf à la marge. Les élèves viendraient au moins une demi-journée chaque jour. Les professeurs resteraient au collège avec les moyens du département pour travailler en distanciel. Le projet a été validé par le CHSCT du collège et nous attendons désormais une décision du rectorat que nous espérons rapide car nous souhaitons reprendre les cours dès que possible”, explique Emilie Olivier, déléguée CGT Educ’Acion, qui rappelle par ailleurs le problème structurel de la loge d’accueil qui n’est pas occupée que partiellement depuis que son agent en titre est en congé longue maladie. Une situation qui perdure depuis 2016. C’est du coup un agent d’entretien qui vient à la loge mais à des horaires qui ne sont pas aussi étendus. “En outre, cela occupe un agent d’entretien alors qu’il y a déjà un agent d’entretien parti en retraite et non remplacé”, note la déléguée syndicale, qui réclame également une formation des personnel sur les questions de sécurité : alarme incendie, PPMS (Plan de préparation de mise en sûreté).

Ailleurs en Val-de-Marne, des grèves et droits de retrait se poursuivent dans les collèges, à Pasteur Villejuif , Brossolette Villeneuve-Saint-Georges, Dulcie September Arcueil, Rosa Parks Gentilly, Cron et Perrin au Kremlin-Bicêtre, Vallès Vitry-sur-Seine, Vallès Choisy-le-Roi, Daniel Féry Limeil-Brévannes…

Manifestation régionale en préparation

Ce vendredi, un CHSCT (Comité d’hygiène et de sécurité des conditions de travail) doit se tenir, en visioconférence, pour faire le point sur la situation entre représentants du personnel et rectorat. D’ores et déjà, des actions sont prévues la semaine dernière, qui pourraient prendre la forme d’un rassemblement devant le ministère de l’Education nationale mardi 10 novembre, à l’appel de plusieurs syndicats et à l’échelle de l’Ile-de-France. Au-delà du Val-de-Marne en effet, grèves, droits de retraits et blocus lycéens émaillent la rentrée dans tous les départements de la région.

Du côté politique, le président du Conseil départemental du Val-de-Marne, Christian Favier (PCF) a publié ce mercredi un communiqué pour apporter son soutien aux enseignants, personnels et parents d’élèves mobilisés. “Il apparaît nécessaire qu’à l’échelle nationale comme à l’échelle locale, le Ministère réponde aux demandes des enseignant.e.s sur l’organisation de concertations pour établir, avec les associations de parents d’élèves, des protocoles sanitaires adaptés et dument préparés”, invite l’élu. De son côté, la présidente du Conseil régional, Valérie Pécresse

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