Société | Val-de-Marne | 23/01/2020
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Val-de-Marne: timide mobilisation autour du premier mois sans alcool

Val-de-Marne: timide mobilisation autour du premier mois sans alcool © Stocklib Dotshock

Un mois sans alcool, juste après les fêtes de fin d’année ? Tel est le défi du premier janvier sec, première déclinaison française du Dry January britannique instauré depuis 2013. Pour l’heure toutefois, la mobilisation dans le Val-de-Marne est plus que ténue.

Ce jeudi 23 janvier, le CHIC (Centre hospitalier intercommunal de Créteil) organise une journée de prévention pour faire le point sur sa consommation. Des équipes seront sur place de 10 heures à 15 heures dans le hall A. Voir les détails Un rendez-vous à ne pas manquer car c’est l’un des seuls sinon le seul proposé dans le département.

Si octobre rose fait le plein de la mobilisation dans les villes et que le mois anti-tabac commence timidement à se faire une place, le mois sans alcool ne fait pas encore partie des causes relayées par les communes. L’enjeu n’est pourtant pas neutre en termes de santé publique. “Selon les données du BEH publié le 19 févier 2019, l’alcool reste aujourd’hui la deuxième cause de mortalité évitable avec 41 000 décès attribuables par an dont 30 000 chez les hommes et 11 000 chez les femmes. La consommation d’alcool est à l’origine de nombreuses pathologies comme les cancers et les maladies cardiovasculaires. Ainsi en 2015, 16 000 décès par cancer et 9 900 décès par maladie cardiovasculaire étaient attribuables à la consommation d’alcool”, rappelait Santé publique France (agence sous la tutelle du ministère de la Santé) en février 2019, à l’occasion du lancement d’une campagne de sensibilisation destiné aux professionnels de santé. Malgré des discussions avec les associations de prévention, l’agence n’a en revanche pas suivi le lancement d’un Dry January à la Française, contrairement à la Belgique qui en est déjà à la quatrième édition de sa Tournée minérale.

Dans une question écrite déposée début décembre et à ce jour restée sans réponse, la sénatrice PCF du Val-de-Marne, Laurence Cohen, a interpellé la ministre de la Santé sur l’annulation de ce soutien. “De nombreuses études scientifiques attestent des dangers sur l’organisme de l’alcool, qui est responsable de jusqu’à 40 000 décès chaque année en France. De façon plus récente, l’alcool est également rendu responsable d’une partie des violences faites aux femmes, des violences familiales. Alors que le Gouvernement met en avant ses actions de prévention notamment en matière de santé publique, l’annulation de cette campagne de sensibilisation constituerait un mauvais message pour commencer l’année, et serait le signe que la prévention des dommages causés par l’alcool n’est pas aussi importante que le poids de certains lobbies économiques”, défendait l’élue, demandant le maintien de la campagne.

Un premier Dry January 100% associatif

A défaut d’un soutien du ministère de la Santé, comme pour le mois sans tabac, la première édition du Dry January en France a été lancée par plus d’une trentaine d’associations de prévention, d’aide aux malades, de syndicats étudiants, de mutuelles, de prévention de l’addiction, de lutte contre le cancer… Voir la liste Au niveau national, un peu plus de 8600 personnes se sont enregistrées sur le site pour relever le défi.

Voir le site du Dry January

Les répliques habituelles à ceux qui veulent réduire leur consommation, recensées par le collectif du Dry January

Peu d’enthousiasme sur le terrain

Sur le terrain, l’idée n’excite pas non plus les foules. “Tu sais combien de verre je vois par mois ? Seulement 4 !”, se défend Léa un verre de kir pêche à la main dans un bar de Saint-Maur-des-Fossés. “Ce n’est pas possible ! Tu ne vas jamais au café? Et quand tu es avec ta famille, tu vas me faire croire que tu ne bois rien?”, tacle son amie qui sirote un verre de vin rouge. Pour les deux étudiantes, la question du Dry January ne se pose pas. “Je pars du principe que je ne bois pas beaucoup alors je n’en ai pas besoin”, confie l’une d’elles.

Bimol, le patron du bar, ne va pas les contredire. “Arrêter l’alcool pendant un mois ? Vous-voulez qu’on mette la clef sous la porte? Je veux bien qu’on lance un défi national d’un mois sans alcool si l’Etat paie mon loyer, mon salaire et celui de mon équipe! De toutes façons, les gens boivent de moins en moins, question de génération”, développe le gérant.

Pas plus de succès devant l’université Paris Est Créteil (Upec). “Je n’aime pas l’idée d’avoir des restrictions”, s’en agace Mhedi. “Je ne bois que le vendredi et le samedi soir”, motive Clémentine, étudiante de 19 ans, pour ne pas s’arrêter. D’autres personnes décident d’adapter le défi à leur manière, à l’instar de Camille, 26 ans, qui continue elle de boire les weekends mais seulement un soir sur les deux, et ne boit plus du tout en semaine.

Impact de l’alcool sur les urgences

De toutes les régions de France, l’Ile-de-France n’est pas celle qui boit le plus. la consommation quotidienne y concerne 7,1 % des 18-75 ans, la plus faible du pays. Pour autant, le taux de passage aux urgences en lien direct avec l’alcool est de 1,71% chez les hommes et 0,55% chez les femmes, atteignant le pic de 4,09% chez les hommes de 46-60 ans. Voir les taux par département publiés par Santé publique France.

Nouvel arrêté interdisant la vente d’alcool après minuit en Val-de-Marne

A défaut de promotion du mois sans alcool, le préfet du Val-de-Marne, Raymond Le Deun, a signé ce mois-ci un arrêté durcissant la réglementation de la vente d’alcool. “Depuis le 15 janvier, l’heure de fermeture de l’ensemble des débits de boissons à consommer sur place et à emporter est fixée à 02 heures et l’heure limite d’ouverture est fixée à 04 heures, à l’exception des discothèques et autres établissements bénéficiant de dérogations. En outre, la vente d’alcool à emporter est interdite à partir de minuit”, indique la préfecture.

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