Ouvert pendant le confinement comme dans trois autres centres commerciaux du Val-de-Marne, le point d’écoute de Quai d’Ivry est le seul a poursuivre son activité. Retour sur le succès fragile de cet outil de lutte contre les violences conjugales.
A l’écart du fourmillement des boutiques et magasins, une conseillère conjugale et une juriste reçoivent depuis sept mois des femmes à la recherche de soutien face à des conjoints violents, à raison d’une permanence par semaine, le mardi de 13h30 à 17h00. Hall d’attente convivial, grande salle de réunion, coin ludique pour faire patienter les enfants, le lieu est conçu pour permettre un accueil serein.
En amont de cet espace, situé dans les locaux administratif de Quai d’Ivry, Halima Messili, professeure de fitness et militante associative pour la pratique du sport par les femmes, tient un pré-accueil dans le centre commercial.
Depuis son ouverture à la fin avril, ce point d’écoute mis en place par des associations en partenariat avec le centre commercial hôte, les collectivités et le financement de l’Etat, a reçu en moyenne une soixantaine de femmes depuis son lancement. Des consultations qui constituaient parfois un premier contact avec une aide extérieure, qui ont aussi permis de révéler des situations d’urgence, nécessitant des mises à l’abri ou des demandes de téléphone grave danger à la justice.
Un réseau d’aide décloisonné et réactif
«D’habitude, dans nos permanences, nous apportons une aide dans notre domaine de compétence et lorsque nous nous apercevons qu’il y a d’autres besoins, nous donnons les coordonnées de professionnels de notre réseau. Ici, ce lieu nous permet de travailler en complémentarité et d’avoir une plus grande réactivité et fluidité dans les réponses que nous pouvons apporter», explique Pénélope Belle, directrice de l’association ACPE 94 (Association pour le couple et l’enfant), partenaire du projet aux côtés du CIDFF 94 (Centre d’information des femmes et des familles), Tremplin 94 et de l’APCARS (Association de la politique criminelle appliquée et de réinsertion sociale).
De l’éphémère à l’évidente utilité publique
Initialement prévu de manière éphémère, ce lieu d’écoute multi-disciplinaire et accessible s’est imposé au fil des jours comme une pièce du puzzle indispensable et évidente, cité en exemple par la secrétaire d’État Marlène Schiappa, en visite au printemps, ou plus récemment le préfet délégué à l’égalité des chances du Val-de-Marne, Abdel Kader Guerza.
«Nous ne voulions pas que cela reste un point éphémère et souhaitions que le dispositif perdure. Je ne pense pas que le modèle soit duplicable partout mais il y a un contexte urbain qui peut expliquer l’intérêt de ce point d’écoute. Au départ nous avions affiché des messages pour annoncer ce point d’écoute mais nous les avons retirées car c’est le bouche-à-oreille de la mairie, des habitants et des associations qui fait venir du public. La force de ce dispositif vient aussi de tous les acteurs qui y travaillent en réseau», motive Vincent di Vozzo, le directeur du centre commercial, pour qui il n’est pas question d’arrêter.
Besoin de soutiens financiers pour pérenniser et déployer plus largement
«Arrêter maintenant serait une terrible désillusion. C’est le système D pour permettre cet accueil mais nous ferraillons. Il faudrait que nous soyons davantage soutenus et appuyés financièrement par l’État pour que l’on puisse décupler cette action», enjoint le directeur du centre.
Du côté de la préfecture du Val-de-Marne, on explique que l’État assure déjà le financement à 100% de ce point d’écoute et que l’on souhaiterait pour pouvoir le pérenniser dans la durée la participation d’autres partenaires, notamment les collectivités territoriales.
Soutien des parlementaires
Ce mardi, ce-sont les députées Albane Gaillot (EDS) et Mathilde Panot (LFI) qui ont rencontré l’équipe à l’origine du projet pour leur demander comment les aider dans le contexte de hausse des violences liées à la crise sanitaire et sociale et ses confinements. Les deux parlementaires ont appelé de leurs vœux à des financements plus importants en matière de lutte contre les violences faites aux femmes et proposé de faire remonter directement aux instances préfectorales les dossiers administratifs de certaines victimes qui parfois se retrouvent doublement pénalisées par la lente prise en charge de leur droit au séjour.
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