Précurseur du réemploi des jouets en Île-de-France depuis une dizaine d’années, Rejoué compte sur le coup de pouce de l’État pour faire de son secteur, jusqu’alors assez artisanal, une véritable industrie, mais s’inquiète d’une récup du dispositif par les industriels du jouet neuf. L’association, qui recevait deux ministres ce vendredi, va aussi devoir trouver de nouveaux locaux dans les deux ans. Reportage.
Le Covid-19 a permis de faire un peu de vide dans les ateliers de Rejoué à Vitry-sur-Seine. En 2019, l’association avait récupéré 55 tonnes de jouets, cette année, elle n’en a reçu que 30 tonnes. «Une part importante de nos collectes a lieu dans les entreprises, auprès des salariés. Avec le confinement et le télé-travail, il n’y a pas pu avoir autant d’actions cette année. D’habitude, notre sous-sol est assez encombré, ce n’est plus le cas, nous avons pu nous réorganiser et travailler l’ergonomie. Il nous reste encore 90 palettes stockées dans un local annexe», explique Nathalie Ourry, la directrice de Rejoué. Ce fléchissement des dons n’a donc pas eu véritablement de conséquences sur le fonctionnement de Rejoué qui emploie une cinquantaine de salariés en insertion.
Ce vendredi, l’atelier a reçu la visite Barbara Pompili, ministre de la Transition écologique, et d’Emmanuelle Wargon, ministre du Logement. «Nous sommes venues à l’approche des fêtes de Noël pour inciter les consommateurs à avoir le réflexe du cadeau de seconde main. Grâce à la loi sur l’économie circulaire une éco-contribution sera redevable, à partir du 1er janvier 2022, pour tous les producteurs de jouet et permettra de financer une filière REP spécifique (Responsabilité élargie des producteurs). Dès 2023, il sera possible d’aller déposer ses jouets usagers dans les magasins», a expliqué la ministre de la Transition écologique.
“Si l’État n’intervient pas, ce-sont les acteurs qui mettent les jouets sur le marché qui récupéreront les bénéfices“
Voilà plusieurs années que Claire Tournefier-Droual, fondatrice de Rejoué, milite pour la création de cette filière. Si elle se réjouit des avancées obtenues au cours de la mandature, elle a attiré l’attention des deux membres du gouvernement sur les risques de dévoiement du dispositif. «Nous ne savons pas combien nous pourrons attendre de l’éco-contribution. Elle va correspondre à un pourcentage du prix du jouet. Si l’État n’intervient pas, ce-sont les acteurs qui mettent les jouets sur le marché qui récupéreront les bénéfices. Il faudrait un barème pour que les structures comme les nôtres, qui créent des emplois et s’inscrivent dans une logique vertueuse, soient traitées équitablement.»
En attendant la mise en place de cette filière, Rejoué a un sujet immobilier à régler rapidement. L’association occupe des locaux appartenant à La Poste dans le cadre d’un bail précaire qui arrive à échéance dans deux ans. Ce vaste complexe doit ensuite être transformé en opération mixte de logements et locaux d’activité. En attendant, Rejoué considère que son loyer de 100 000 euros annuels est considérablement élevé. Les dirigeantes ont demandé aux ministres de tenter d’intercéder auprès du groupe. En parallèle, l’association prospecte des locaux sur le territoire de Vitry-sur-Seine et de ses alentours. La mairie de Vitry et les services de l’État ont assuré la structure de leur soutien.
N'envoyez que des photos que vous avez prises vous-même, ou libres de tout droit. Les photos sont publiées sous votre responsabilité.