Installés depuis deux ans à l’auberge de l’écluse, cet hôtel-restaurant resté longtemps à l’abandon près du pont du port à l’anglais, l’association Sobarjo craint l’expulsion. Explications.
Lorsqu’ils débarquent en mai 2018 à l’auberge de l’écluse, les artistes de l’association Sobarjo, l’auberge est à l’abandon depuis une quinzaine d’années. Ce collectif qui réunit des musiciens, plasticiens, comédiens, remet les lieux en état, réparant les baies vitrées brisées, réalisant de nouveaux enduits, repeignant les salles pour ouvrir au public lors d’événements artistiques. Ils s’e maillent rapidement dans le tissus associatif local et participent au festival Mur/Murs des cultures urbaines, organisé par la ville. Parallèlement aux expositions organisées dans ce qu’ils ont baptisé, la galerie des barges, ils diversifient leurs activités en proposant des cours d’apprentissage à tous les publics.
Mais les artistes de Sobarjo occupent l’ancienne auberge sans droit ni titre et les ennuis judiciaires commencent avec le propriétaire, l’EPA Orsa, établissement public en charge d’aménager plusieurs grands projets sur le secteur Orly Seine Amont. «Les anciens propriétaires nous ont mis en demeure d’acquérir leur bien en 2015. Nous y avons été contraint parce que nous sommes sur le périmètre de la ZAC Seine Gare. Le tribunal nous a transféré la propriété du site en 2017. Nous avons convenus avec la municipalité de lancer un appel à manifestation d’intérêt pour donner à se site un nouveau départ. Nous souhaitions qu’il conserve sa vocation gastronomique avec la création d’un centre d’accueil d’activités et de formation aux métiers de la formation. Nous n’avons pas pu entamer le travail puisque l’association s’est introduite dans les lieux. Nous leur avons demandé de partir d’autant que nous n’avons jamais pu nous assurer de la sécurité du bâtiment», explique Thierry Febvay, le directeur général de l’établissement public d’aménagement.
Une première ordonnance du juge du tribunal d’instance d’Ivry-sur-Seine, rendue le 15 janvier 2019, demande aux occupants de quitter les lieux tout en leur octroyant un délai de vingt mois. Jugement confirmé en appel le 26 septembre 2019, avec un raccourcissement des délais par les juges à neuf mois. Début novembre 2019, l’association reçoit un commandement à quitter les lieux mais c’est déjà la trêve hivernale, qui se prolongera ensuite avec le confinement.
Nouveau maire, nouvel allié mais même résultat
A peine élu, le nouveau maire de Vitry, Pierre Bell-Lloch (PCF), se rend aux Barges de l’écluse (le nom choisi par Sobarjo) pour leur témoigner son soutien. Le collectif pense alors que ce nouvel allié va faire revenir l’EPA Orsa sur sa position mais ce ne sera pas le cas. «Ce jeudi 8 octobre, alors que nous pensions que des discussions étaient en cours avec la mairie de Vitry quant à notre potentiel maintien au sein des Barges de l’Écluse, nous avons eu la visite d’un policier. Celui-ci était mandaté par le préfet afin de recenser le nombre d’habitants dans le bâtiment. De l’aveu même de ce policier qui en était bien navré, cela n’augure rien de bon : c’est la procédure habituelle avant une expulsion imminente par les forces de l’ordre. Il semblerait que l’EPA ORSA, accompagné par la préfecture, ait choisi de faire fi du soutien des habitants, des associations et de la mairie à notre projet et soit bien décidée à nous expulser de façon imminente», s’émeut l’association Sobarjo.
C’est dans ce contexte qu’une manifestation de soutien a été organisée dimanche matin autour du bâtiment qui arbore désormais des banderoles pour réclamer le soutien de la population et encourage à la signature d’une pétition. Le maire de Vitry-sur-Seine a également tenu, par communiqué, à réitérer son soutien à la structure. «A ce jour, aucun projet pour faire vivre cet espace ne m’a été présenté. Expulser l’association Sobarjo qui œuvre pour notre ville, pour laisser à nouveau vacant cet endroit n’est pas une solution pertinente. Attaché à la vie culturelle et associative de notre ville, je rappelle notre disponibilité pou construire un dialogue permettant à l’association de continuer son projet et à l’Epa-Orsa également. Cela demande de prendre le temps d’imaginer ensemble un projet pour faire revivre ce lieu, partie intégrante de notre patrimoine commun».
De son côté, l’Epa-Orsa indique poursuivre le dialogue avec la municipalité et ne ferme pas la porte à une régularisation de la situation. «Nous travaillons en étroite collaboration avec la mairie pour la poursuite de l’aménagement des Ardoines. Si l’expulsion est réalisée, nous allons pouvoir réaliser un diagnostic de la structure, vérifier se capacité à accueillir des activités et éventuellement les travaux de mise en sécurité à réaliser. Nous pourrons ensuite lancer l’appel à manifestation d’intérêt auquel l’association pourra candidater. Nous n’avons pas vocation à gérer ce site, nous chercherons un groupement capable de le reprendre. Nous avons par ailleurs mené dans tout le département des projets cultures puisque nous sommes attachés à la place de l’art dans la ville», défend le directeur général de l’Epa-Orsa.
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