Reportage | | 01/10/2021
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A Aubervilliers, les intermittents ont occupé la DRIETTS Ile-de-France

A Aubervilliers, les intermittents ont occupé la DRIETTS Ile-de-France © Charles Henry

A deux jours de l’entrée en vigueur de la réforme de l’assurance chômage, une trentaine d’intermittents du spectacle, de l’événementiel et du tourisme ont occupé mercredi 29 septembre le hall d’entrée de la direction régionale et interdépartementale de l’économie, de l’emploi, du travail et des solidarités (DRIETTS) de l’Ile-de-France à Aubervilliers. Leur objectif: instaurer un dialogue avec le ministère du travail et suspendre l’entrée en vigueur du nouveau mode de calcul des indemnités journalières.

Avec cette réforme, ils vont mettre des millions de personnes à la rue“, grogne Guillaume, maître d’hôtel dans l’événementiel depuis 25 ans, qui a fait le déplacement depuis La Courneuve. Avec une trentaine d’autres intermittents, il a participé mercredi à une action surprise d’occupation du hall d’entrée de la direction régionale et interdépartementale de l’économie, de l’emploi, du travail et des solidarités (DRIETTS, ancienne DIRECCTE) de l’Ile-de-France à Aubervilliers. Dehors, une grande banderole où se lit “Guerre au chômage pas aux chômeurs” est déployée sur la façade, au 5ème étage. “C’est la même équipe qui a occupé le théâtre de l’Odéon et le 104“, indique Flô.

Le problème, explique Louise, comédienne et musicienne, c’est que le gouvernement veut faire passer en force sa réforme de l’assurance-chômage alors que le conseil d’Etat l’a suspendue en juin.” Celui-ci avait alors été saisi en référé par les syndicats et avait motivé son avis par les “incertitudes de la situation économique“. Alors qu’il doit encore rendre son jugement sur le fond, le gouvernement a argué de la reprise de l’économie française pour mettre en vigueur la réforme à partir du 1er octobre.

Le hall d’entrée de la DRIEETS Ile de France à Aubervilliers occupé

“Escalade de la précarité”

Selon l’UNEDIC, jusque 1,15 million de personnes pourraient être impactées, avec une baisse des allocations chômage pouvant aller de 17 à 40%. Pour les intermittents, qui alternent périodes de chômage et de travail, certains pourraient perdre jusqu’à 300 euros.

C’est une escalade de la précarité qu’on organise“, s’indigne Christelle. “Pourtant nous sommes tous ici des ambassadeurs de la culture française.”

Sur une pancarte violette, leurs revendications sont clairement annoncées. “Au menu en entrée : retour de l’annexe 4 [ndlr: qui était le régime spécifique des intermittents avant sa suppression en 2014], en plat : retrait total de la réforme de l’assurance chômage, et en dessert : année blanche pour toutes et tous.” Sur ce point le gouvernement a prolongé jusqu’au 31 décembre le maintien des droits au chômage; quatre mois qui s’ajoute à une année blanche pour soutenir une reprise encore incertaine.

© Charles Henry
La DRIEETS Ile-de-France à Aubervilliers.

Une heure de dialogue

Dans le monde du spectacle, les théâtres sont encore à moitié vides“, confirme Isabelle qui peste contre le manque de connaissance à l’égard de leur mode de travail: “On ne peut pas travailler en CDI, on fait des métiers hyperflexibles.” Et, selon les manifestants, qu’adviendra-il de ceux qui n’auront pas assez travaillé? Pour renouveler son statut, chaque intermittent doit en effet avoir travaillé 507 heures minimum dans les douze mois précédents.

Décidés à se faire entendre, les “oubliés du quoi qu’il en coûte” comme ils se désignent, sont venus demander la création d’une commission d’experts indépendants pour examiner l’impact réel de la réforme. Après deux heures dans les locaux, une délégation de cinq intermittents a été reçue vers 15h00 pendant une heure par le directeur de la DRIEETS Ile-de-France, Gaëtan Rudant.

On a beaucoup échangé, résume Marc de la CGT Spectacle, on a proposé de travailler ensemble sur la lutte contre le travail illégal et de créer une commission d’experts indépendants. On a aussi pu décrire la réalité de situations méconnues.”

On ne s’attendait pas à ce la réforme soit suspendue mais on s’est fait entendre“, lâche Louise en souriant. Tous ont déjà en tête la manifestation prévue mardi 5 octobre à 14h00 place de la République à Paris.

La DRIEETS n’a pas souhaité s’exprimer par devoir de réserve.

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