“L’attention est la monnaie de notre société”, motive Nina Pigott, étudiante ingénieure à l’université Paris Est Créteil (Upec), arrivée en tête des présélections au concours d’éloquence organisé par l’IAE Gustave Eiffel (école de management universitaire) ce vendredi 12 novembre, après une semaine de coaching par Bill François, vainqueur du Grand Oral 2019 de France Télévision. Reportage.
En fin d’après-midi, à l’heure ou le campus de l’université de Créteil (Upec) se vide, un amphithéâtre reste plein. Une trentaine d’étudiants s’activent. Dans leurs pulls blancs, la petite dizaine de membres de l’association Eiffel x Eloquence branchent les micros tandis que les treize participants au concours, issus de différentes entités de l’université, relisent une dernière fois leurs notes. Dans le haut de la salle, Bill François, professeur d’éloquence, donne les dernières instructions : “N’oubliez pas de rappeler votre nom et le thème choisi avant de commencer votre allocution !”
Théâtre et “codes d’éloquence”
Le principe de l’épreuve : trois minutes pour tenter de répondre à une question choisie, pouvant aller du plus philosophique (“Toute question mérite-t-elle réponse ?”), au plus léger (“Prendre un râteau signifie-t-il qu’on doit arrêter de cultiver ?”). Les présélectionnés seront ainsi désignés par Bill François et Omran Erradi, président de l’association et vainqueur de l’édition 2019, ainsi que par les votes du public. La finale aura ensuite lieu vendredi, “avec des questions sur le thème de l’amour” glisse Jean-Baptiste Beugnet, membre de Eiffel x Eloquence, l’association étudiante qui organise se concours depuis 2019. Une initiative des élèves destinée à faire rayonner l’Institut d’administration des entreprises (IAE) créé en 2011 par les deux universités de l’est parisien, l’Université Paris Est Créteil (Upec) et l’université Paris Est Marne-la-Vallée (Upem), et donner assurance et aisance aux étudiants à l’oral. Ouvert à tous les étudiants de l’université, le concours a survécu à la crise sanitaire, organisé malgré les aléas en 2020 et à nouveau en scène en 2021.
Voir le reportage sur la première édition : Concours d’éloquence à l’IAE Gustave Eiffel de Créteil: le suspense demeure
Comment sortir son épingle du jeu ? Mélanger la performance théâtrale (gestuelle, humour, jeu avec le public…) avec les “codes d’éloquence”, comme la prestance, l’intonation… et la qualité des arguments. “Ce sont tous ces éléments qui vont permettre de provoquer un feeling chez le public et le jury”, explique Bill François.
Tour à tour, les étudiants font preuve d’humour, de charisme et de réflexion. À l’aise dans son costume, Jonathan Zahar prend l’exemple des mouvements antivax pour répondre à la question “Est-ce parce qu’ils sont nombreux à avoir tort, qu’ils ont raison ?” Derrière ses lunettes et son col roulé, Noméie joue sur sa “gueule de sainte- nitouche” pour affirmer que “se faire sucer, ce n’est pas tromper”. Luc Lagrange encore, demande si on donnerait ” un oscar à Xavier Dupont de Ligonnès s’il avait réalisé une excellent comédie familiale ?”
“On n’apprend jamais à parler en public”
Outre l’aspect ludique, les orateurs comptent bien mettre en pratique leurs capacités orales dans la vie de tous les jours. En L3 de management international, Omran Erradi voit déjà les effets de ses deux ans de pratique : “Je me dirige vers un métier commercial, donc forcément, l’assurance, ça compte ! Rien que pendant nos études, on nous demande beaucoup de travaux de groupes et de présentations orales et je sens que ça fait la différence.” Une aubaine pour cet étudiant de 20 ans qui avait rencontré l’éloquence par hasard en 2019. “Un jour, ma prof d’arabe était absente. J’en ai profité pour accompagner un ami à un cours et je suis tombé amoureux. J’ai suivi toutes les sessions, j’ai participé au concours et j’ai gagné !”, raconte-t-il, naturellement.
Le parcours d’Omran Erradi fait d’ailleurs penser à celui d’un autre gagnant, Bill François, qui avoue lui aussi avoir découvert la discipline sans le vouloir. “J’étais dans un bar à karaoké et il y avait une soirée d’éloquence à côté. Je ne chante pas très bien donc je me suis lancé,. Depuis, je n’ai pas lâché.” Improvisé professeur d’éloquence en parallèle de sa thèse en hydrodynamique, le normalien voit l’éloquence comme un solution aux carences de l’école française. “Au cours de notre scolarité, on ne nous apprend jamais à parler à l’oral. Pourtant, ça sert dans tous les métiers, ne serait-ce que pour l’entretien d’embauche !”
“On a besoin de se débarrasser de notre image de geeks asociaux !”
Nina Pigott, étudiante à l’École Publique d’ingénieurs de la Santé et du Numérique (Episen) voisine, abonde. “L’attention, c’est la monnaie de notre société. Et c’est avec l’éloquence qu’on peut apprendre à capter et diriger l’attention. C’est une compétence nécessaire à tous les corps de métiers, mais plus particulièrement aux scientifiques comme moi. On a besoin de se débarrasser de notre image de geeks asociaux !”, explique-t-elle avec conviction. Après une performance passionnée sur “Faut-il réussir sa vie pour être heureux ?” c’est elle qui arrive en tête des présélections ce vendredi.
La finale du concours d’éloquence de l’IAE de Créteil aura lieu le vendredi 12 novembre 2021, de 17h30 à 20h15.
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