La mairie de La Courneuve organise son premier référendum. Les Courneuviens âgés de plus de 16 ans sont appelés du 26 au 30 octobre à se prononcer sur la place de la voiture de la ville et sur le déploiement de la 5G. Inédite, l’expérience vise à redynamiser le débat public.
“L’idée c’est que les gens puissent se réapproprier la politique“, assure Gilles Poux, le maire (PCF) de La Courneuve, venu marquer sa présence au centre culturel Jean-Hourdremont où s’est tenue mardi 12 octobre la deuxième réunion publique avant le référendum.
Un pari difficile au vu de la faible participation des habitants aux débats ce jour-là. “Le problème c’est que les gens ne croient plus en la politique“, considère Reda. “Mais on ne peut pas critiquer si on ne participe pas“, juge quant à lui Jean-Noël. Tous deux ont presqu’à eux seuls animé deux heures de débat sur les thèmes de la 5G et sur la place de la voiture dans la ville.
“Pouvoir d’agir”
Du 26 au 30 octobre, la mairie de La Courneuve invite ses habitants à répondre à quatre questions: “Êtes-vous favorable à une réglementation plus stricte du stationnement ?” ; “Êtes-vous favorable à de nouvelles réglementations du stationnement et de la circulation automobile aux abords immédiats des écoles ?” ; “Êtes-vous favorable à la création d’une zone 30 dans toute la ville à l’exception des grandes avenues ?” ; ” La municipalité doit-elle favoriser l’installation de la 5G ?”
Ce référendum est ouvert à tous les Courneuviens âgés de plus de 16 ans quelle que soit leur nationalité “parce que nous sommes convaincus que vous êtes les experts du quotidien, parce que, aussi, sans votre intervention citoyenne on ne bougera pas“, explique Gilles Poux dans une brève intervention préenregistrée.
Dans la pratique, cette consultation n’a pas de valeur juridique contraignante mais la mairie s’est engagée à prendre des décisions en fonction des résultats du vote à condition de réunir 4 000 participants, “ou même un peu moins“, assure l’édile qui envisage de renouveler l’opération chaque année “pour instituer un pouvoir d’agir“.
De réelles attentes sur le stationnement
“Même s’il n’y a pas beaucoup d’habitants, cette consultation est une très bonne initiative“, souligne Georges Oliveira, responsable du service exploitation de la voierie de l’intercommunalité Plaine commune, qui participait au débat en tant qu’expert. “La vraie question est celle d’une réglementation plus stricte. Quoi qu’il arrive il y aura des mécontents, mais je pense qu’en associant les habitants, les résultats seront plus bénéfiques.”
A l’inverse de la 5G, le stationnement gratuit sur la voie publique constitue une vive préoccupation. Un habitant sur deux de La Courneuve possèderait une voiture. “Dans ma rue, râle un homme d’une soixantaine d’années, il y des voitures garées sur les bateaux ou sur le trottoir. D’autres ne bougent pas et ce sont toujours les mêmes. La police municipale passe mais elle ne fait rien.” Face à lui Rachid Maiza, adjoint au maire chargé du cadre de vie, lui rétorque que les véhicules en infraction sont verbalisés et que des enlèvements sont organisés. Ce qui ne règle pas pour autant le problème. “C’est pour cela qu’on a besoin de votre avis, pour voir quartier par quartier ce qu’il faut faire parce qu’on y arrive pas.”
Une autre femme s’interroge sur la mauvaise volonté de certains bailleurs: “Si vous mettez en place une tarification pour le stationnement sur la voie publique, vous allez rendre encore plus difficile la vie des gens qui vivent déjà dans la précarité. Là où je vis on est d’accord pour payer le parking en sous-sol. Il y a des places. Mais ça fait trois ans que j’attends une réponse du bailleur.” Là encore Rachid Maiza assure que la mairie travaille avec les bailleurs sociaux pour trouver une solution. “La mairie est même prête à mettre les moyens pour aider les gens.” Pour Jean-Noël, “c’est la législation qu’il faut changer. Quelqu’un qui accède à un logement doit d’office se voir proposer un parking. C’est la seule solution.”
Deux autres réunions publiques
“L’intérêt de ce referendum c’est aussi de se poser la question de la place de la voiture dans la ville“, rappelle Pascal Le Bris, adjoint au développement durable, qui s’interroge sur les possibilités de favoriser les mobilités douces. “Mais il ne faut pas mettre la charrue avant les bœuf, il faut mettre les moyens“, intervient Jean-Noël. Reda, quant à lui, fustige les pistes cyclables: “c’est une catastrophe, mais ça c’est politique. M. Troussel a voulu faire la même chose qu’Hidalgo à Paris.”
En attendant le vote, deux autres réunions publiques se tiendront à 18h30 le mardi 19 octobre à la Maison Cesaria-Evora et le mardi 26 octobre à la Maison de la citoyenneté.
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