Site emblématique de Montreuil, la cité industrielle verticale Mozinor pourra de nouveau être visitée le 16 octobre à l’occasion des journées nationales de l’architecture. Conçue par l’architecte Claude Le Goas dans les années 1970, elle a obtenu le label “Architecture Contemporaine Remarquable” en juin. Coup d’oeil.
Juste devant le chantier du prolongement du T1, le tramway censé aller d’Asnières (Hauts-de-Seine) jusqu’à Val-de-Fontenay (Val-de-Marne), Mozinor apparait comme une forteresse de béton massive culminant sur le plateau du Haut-Montreuil. Près de 45 ans après son inauguration, la cité industrielle verticale devient une attraction culturelle.
Patrimoine architectural
La consécration est venue en juin dernier avec l’obtention du label “Architecture contemporaine remarquable” par la direction régionale des affaires culturelles (DRAC) d’Île-de-France qui lui reconnait le caractère d'”édifice urbain, témoin matériel de l’évolution technique, économique, sociale, politique et culturelle des réalisations architecturales du XXe siècle“.
Déjà, le 9 juillet une ouverture exceptionnelle avait été organisée pour célébrer l’événement. Lors des journées du patrimoine, les 18 et 19 septembre, une centaine de personnes ont également eu l’opportunité d’arpenter l’autoroute intérieure qui en forme la colonne vertébrale et de déambuler sur son vaste toit-terrasse conçu dès le départ pour que les employés puissent s’y détendre, avec un jardin et un restaurant qui n’est plus en activité aujourd’hui. Auparavant, c’est surtout un public adepte de rave party qui fréquente les lieux dans les années 1990, puis épisodiquement.
“C’est très important que l’on puisse ouvrir ce site au public. C’est un patrimoine architectural exceptionnel que nous a laissé Claude Le Goas. C’est aussi un lieu de vie qui compte près 50 entreprises. Il faut montrer tout ce savoir-faire“, souligne Gaylor Le Chequer, 1er adjoint chargé de l’urbanisme et président de la société d’économie mixte de Montreuil (Semimo) qui gère Mozinor. Des idées sont étudiées comme celles de se rapprocher des lycéens ou de réaménager le toit-terrasse.
500 employés
Pour autant, cette ouverture reste pour l’instant strictement encadrée. En effet, “le site est régi par le code du travail, ce n’est pas un établissement recevant du public“, précise Patrick Bouscarel, régisseur de la zone d’activités Mozinor depuis plus de dix ans.
Environ 500 employés y travaillent aujourd’hui. Depuis l’installation de la première entreprise montreuilloise en 1975, année de l’achèvement du chantier, la nature des activités qu’elle abrite a bien changé: “Il ne reste plus qu’un seul imprimeur et il y a beaucoup moins d’entreprises du secteur secondaire“, commente Patrick Bouscarel. Le site compte aujourd’hui des artisans d’art prestigieux comme le collectif Verre aux éclats ou le designer Erwan Boulloud.
“Ce qui est extraordinaire ici, s’émerveille encore le régisseur de Mozinor, c’est que ça n’a presque pas bougé. Il n’y a pas de fuites par exemple. Les architectes ont fait preuve d’un réel sens de l’anticipation, même en terme de bruit parce que Mozinor garde tout à l’intérieur. Je pense qu’on ne pourrait plus réaliser de telles constructions aujourd’hui.”
Renaissance
La cité industrielle n’a pas toujours été florissante. Dans les années qui suivent son inauguration, elle est frappée de plein fouet par la crise pétrolière, si bien qu’en 1981, elle ne compte que 380 emplois, soit 50% de l’objectif.
Le projet est pourtant né de la volonté de la ville de Montreuil de se doter d’une zone industrielle, à contre-courant du processus de désindustrialisation qui prédomine alors. Mais il aura fallu plus de dix ans entre la décision du projet en 1963 et sa mise en chantier. Entre temps le projet initial est revu à la baisse: au lieu de 30 hectares de surface de plancher ce seront seulement quatre.
L’idée novatrice des architectes Claude Le Goas et G.-P. Bertrand est d’apporter une solution pour permettre de maintenir l’activité économique dans la ville: le concept d’une zone industrielle tout en hauteur est proposé, sur le modèle des hôtels industriels de Stockholm. A l’intérieur, une double rampe permet à des 33 tonnes de circuler de la base au sommet sans jamais se croiser.
Le renouveau n’interviendra qu’au début des années 2000. Mais il y aura eu aussi la crise économique de 2010, puis celle du covid en 2020. “C’était une bataille de tous les instants, la Semimo a fait des étalements de loyers“, se souvient Patrick Bouscarel. Tout le monde à mis la main à la pâte. C’est l’esprit de Mozinor.”
Journées de l’architecture
A l’occasion des Journées de l’architecture, une visite de Mozinor est organisée le 16 octobre de 13h00 à 15h30 et de 16h00 à 18h30. Elle est couplée avec celle de la cité scolaire Jean-Jaurès réalisée par l’architecte Jacques Carlu qui a également obtenu le label “Architecture contemporaine remarquable”. Inscription obligatoire sur www.exploreparis.com/fr/
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