Un nouvel atelier du conseil participatif sur le projet Terre d’eaux et de culture s’est tenu jeudi 29 avril à Sevran. Il marque l’avant-dernière étape d’un long processus au cours duquel la réflexion sur l’aménagement des terrains agricoles du quartier Montceleux a évolué, réduisant de plus en plus l’hypothèse de vague artificielle imaginée dans la cadre du projet Inventons la Métropole en 2017.
La terre de la friche agricole Montceleux devait accueillir, sur une partie de ses 32 hectares, une piscine à vagues sensée attirer les amateurs de surf et les touristes, et donner un nouveau dynamisme à ce quartier situé près du stade Jean Guimier. Surf in Sevran, la Vague Grand-Paris… les petits noms ne manquaient pas pour donner corps à ce projet issu du grand remue-méninge Inventons la Métropole du Grand Paris. Au programme : des bassins de surf extérieur et intérieur, un skatepark, un wakepark (téléski nautique), une plage naturelle, un parc paysager, le tout éco-conçu “via un système circulaire de régénération de l’eau qui alimente la vaste zone humide sensible et privilégie la biodiversité lacustre et l’agriculture urbaine”, promettait le communiqué de Linkcity, filiale de Bouygues lauréate du projet, dans un communiqué publié en 2019. Autour du plan d’eau : un programme immobilier d’environ 800 logements.
Depuis, l’enthousiasme est progressivement retombé. Dès l’été 2019, Sevran a dû renoncer à la perspective d’accueillir les compétitions de surf des jeux olympiques 2024, un site naturel lui étant préféré (Tahiti). A suivi l’aboutissement d’un projet concurrent sur la base de loisirs de Vaires-Torcy (Seine-et-Marne) où se tiendront les épreuves d’aviron et de canoë-kayak des jeux olympiques. De quoi refroidir le nouveau maire, Stéphane Blanchet, à qui Stéphane Gatignon a passé le témoin en 2018. Pour sortir douceur de l’ornière, un conseil participatif a été mis sur pied pour plancher sur le sujet, associant les citoyens, les futurs usagers, les associations, le promoteur immobilier Linkcity et l’aménageur Grand Paris Aménagement.
« Comment voulez-vous que les eaux pluviales suffisent à alimenter la vague », questionne Francis Redon, président de l’association Environnement 93 qui participe aux délibérations du conseil participatif, joint au téléphone. « On sait bien qu’avec le réchauffement climatique, ce ne sera pas viable, il faudra aller puiser dans la nappe phréatique. » Concernant les 800 logements prévus, dont 20% doivent être dédiés à du logement social, le militant écologiste n’est pas non plus convaincu. « Seulement un tiers de ces 20% seraient des PLAI », c’est-à-dire des logements financés en prêt locatif aidé d’insertion, un dispositif destiné aux populations les plus défavorisés. « De mon point de vue, il ne bénéficiera pas vraiment aux Sévranais », estime-t-il, pointant aussi un nombre insuffisant de places de parking prévues. « Avec 0,75 place par logement au prétexte de la ville du quart d’heure, on risque de se retrouver avec des bagnoles partout! »
Corridor écologique
« Ce que je souhaite c’est un atterrissage de ce projet en conservant le corridor écologique entre le parc forestier de la Poudrerie et le parc départemental de Sausset », affirme de son côté Stéphane Blanchet, maire de Sevran, qui ne veut pas préjuger des conclusions du conseil participatif.
Lui est convaincu de son utilité sociale et du bénéfice qu’en tireront les habitants de la ville. En plus des logements et du nouveau théâtre de la Poudrerie, le site pourrait accueillir un groupe scolaire, une maison sport-santé et une antenne universitaire. « Nous avons engagé une discussion sur un partenariat avec la filière STAPS [ndlr, sciences et techniques des activités physiques et sportives] de l’université Paris 13 », précise-t-il. Stéphane Blanchet promeut par ailleurs l’utilisation des sols à des fins d’activité de maraichage et met en avant la création d’une étendue boisée et d’eau.
Chez Linkcity, on assure avoir entrepris un grand travail d’écoute et d’échanges dans le cadre du conseil participatif.
Prochaine étape : le dernier atelier de synthèse puis la décision du conseil municipal de Sevran qui se réunira le 27 mai.
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