“J’ai vraiment ressenti le besoin d’aller voir un psy. J’ai besoin de parler , d’être écoutée, sans être jugée.” Pour Ny, 18 ans, originaire de Madagascar et en première année d’informatique et management à l’Université Paris-Saclay, il y avait urgence.
A Thiais, le Club d’animation de la jeunesse (CAJT) amis en place des consultations psy les jeudis avec la psychologue clinicienne Lucile Montoya, pour faire face à la détresse des étudiants trop confinés cette année.
“J’ai vu l’affiche dans la rue, d’habitude je ne lis pas les affiches, mais celle-ci a retenu mon attention. J’ai pris rendez-vous tout de suite. J’habite chez ma tante, ma famille est à Madagascar, je ne sais pas quand je vais les revoir. Je me sens très seule, très oppressée“, poursuit Ny. Les larmes coulent sous le masque, elle attend son rendez-vous avec impatience. “J’attends qu’on me donne des conseils, que l’on m’aide un peu. Je n’ai pas l’habitude de faire cela, chez moi à Madagascar, voir un psy c’est pour les fous, mais en fait c’est juste parce qu’on a besoin d’être écouté.”
C’est la mission que s’est donné Lucile Montoya. “Ces jeunes qui viennent ont besoin d’être écoutés, encouragés. Je leur propose un accompagnement ponctuel, j’essaie de leur redonner de la motivation. Ils sont en difficulté, ils ont beaucoup de pression scolaire et plus de motivation. La situation entache leur projet d’avenir, le futur est très assombri.” Et la psychologue de décrire “un fort sentiment d’anxiété qui s’installe” et une dépression qui devient courante. “L’aspect social est très menacé aussi, s’épanouir, rigoler, c’est ce qui manque le plus.”
Les cas les plus sévères sont redirigés vers des services spécialisés. “Je propose aussi parfois un suivi plus long, ils peuvent revenir d’une semaine à l’autre. Mais j’essaie surtout d’être une béquille pour eux, quand ils en ont besoin. Ces jeunes sont pleins de ressources, je leur fait comprendre qu’ils sont capables de réussir tout seul“, explique la psy.
Alix, 20 ans, en L2 d’Histoire de l’Art et Archéologie à Paris 1, est déjà venue trois fois voir la psychologue. “Je me sens bien, je me sens soulagée après cette consultation. Je sais bien que les problèmes de la vie vont revenir très vite. C’est pour ça qu’on a commencé une thérapie plus longue. J’ai repris rendez-vous la semaine prochaine”. raconte-t-elle.
Une vaste campagne a été lancé dans la ville, sur les réseaux sociaux, dans les établissements scolaires. Un numéro et un calendrier sur Internet permettent de prendre RDV. “La détresse psychologique des étudiants s’accompagne souvent d’une détresse financière“, explique Hamid Hamani, directeur adjoint du CAJT.
Lire aussi :
N'envoyez que des photos que vous avez prises vous-même, ou libres de tout droit. Les photos sont publiées sous votre responsabilité.