Pour “jouer au foot”, “faire du judo” ou “aller manger entre copines”… Le lycée de Villeneuve-la-Garenne (Hauts-de-Seine) a ouvert dans ses murs un centre de vaccination éphémère afin de convaincre ses élèves les plus réticents, avec un succès… mitigé.
Ce vendredi matin, seule une dizaine des 600 adolescents inscrits au lycée Michel-Ange y est venue se faire piquer le bras.
“Je n’ai pas eu le temps de me vacciner pendant les vacances, alors j’en profite aujourd’hui, après je ne pourrais plus sortir manger avec mes copines, ni faire les magasins”, explique Nour, 16 ans, fraîchement rentrée en 1ère.
Nowlan, 16 ans, confie lui être “obligé” d’être vacciné pour “s’inscrire à son club de judo”. “Quitte à avoir des choses bizarres dans le corps, je préfère ça que ne plus pouvoir rien faire”, sourit le lycéen, qui dit avoir été persuadé par ses parents vaccinés.
Le consentement d’un parent est exigé pour la vaccination des moins de 16 ans.
“C’est pratique de le faire au lycée en plus, car les autres centres sont trop loin, c’est trop galère”, ajoute Nowlan.
A Villeneuve-la-Garenne, les deux centres de vaccination les plus proches sont localisés à Saint-Denis et à Nanterre, à plus de trente minutes de transport.
Dans cette ville de banlieue parisienne, le taux de vaccination est de 50% pour les adultes et inférieur à 30% pour la tranche 12-17 ans pour la première dose, “loin des données régionales et nationales”, souligne son maire LREM, Pascal Pelain. Le chiffre national des primo-vaccinés atteint environ 60% pour les adolescents.
“Bientôt le pass sanitaire sera obligatoire pour les plus de 12 ans, alors pour ne pas amplifier la fracture culturelle et scolaire, il faut sensibiliser les jeunes à se faire vacciner”, soutient l’élu, qui espère un “effet d’entraînement” des jeunes vaccinés.
Ousmane, 16 ans, s’est décidé vendredi à recevoir sa première dose pour aller “jouer au foot en club” et éviter de “lâcher les cours de nouveau”: “l’année dernière, je n’ai pas tenu avec les cours à distance alors je ne veux pas que cela recommence”, assure-t-il.
L’académie de Versailles, qui recense une vingtaine de communes où le taux de vaccination des adolescents est faible, a mis en place des centres éphémères d’une journée dans plusieurs établissements.
Pour la rectrice Charline Avenel, “la pédagogie est indispensable” et “il faut faire de la dentelle et du cas par cas pour chaque établissement”.
Depuis la rentrée, collèges et lycées contribuent à la campagne de vaccination, ouverte seulement aux plus de 12 ans. Pour cela, le gouvernement a prévu d’envoyer des “équipes mobiles” dans certains établissements et d’acheminer des groupes d’élèves volontaires vers les centres de vaccination.
Au lycée Michel-Ange, l’équipe de la Croix-Rouge a prévu de revenir dans trois semaines pour la deuxième dose.
“Et puis si d’autres élèves sont intéressés à ce moment, on reviendra, il faut être présent le plus possible et aller au plus près pour les convaincre”, assure Eloïse Landrot, coordinatrice des centres de vaccination annexes dans les Hauts-de-Seine.
“L’idée est d’avoir des élèves ambassadeurs de la vaccination dans les collèges et lycées”, espère le rectorat.
A Michel-Ange, des petits groupes se forment. Inès, Yasmin et Schérazade, toutes âgées de 16 ans, ne sont pas vaccinées: “Dans ma famille, personne n’est vacciné alors ce n’est pas au lycée que je vais le faire et je ne changerai pas d’avis”, lancent-elles.
par Alice LEFEBVRE
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