Associations | | 24/12/2021
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A Vitry-sur-Seine, la Maison de Karim prend soin des destins brisés

A Vitry-sur-Seine, la Maison de Karim prend soin des destins brisés

Accueil inconditionnel de jour et Centre d’hébergement d’urgence (CHU) la nuit, La Maison de Karim, une antenne de la Croix Rouge située dans le quartier Jean-Jaurès de Vitry-sur-Seine, accueille et accompagne les sans domicile et cabossés de la vie pour les aider à prendre un nouveau départ.

Ce soir, le menu de la Maison de Karim n’aura rien à envier aux restaurants. Toasts au saumon, canapés, croissants au fromage, tiramisu… le tout confectionné par le public et aidé par les bénévoles de la Croix Rouge. Certes, les traditions sont un peu chamboulées par la Covid mais on ne se laisse pas abattre. La traditionnelle grande fête de Noël est annulée mais remplacée par un échange de cadeaux entre les différents centres du département. “Avec la période estivale, les fêtes sont une des périodes les plus difficiles pour le public, car le sentiment d’isolement est plus fort”, explique une bénévole à la ministre valdemarnaise déléguée au Logement Emmanuelle Wargon, en visite avec le maire PCF de la ville Pierre Bell-Lloch.

Un accueil inconditionnel de jour

Ici, on accueille tous types de public en difficulté, qu’ils soient sans domicile ou non. De 9h à 17h, c’est un centre d’accueil de jour, qui fournit douches, repas, accompagnement et même ateliers ludiques à tous ceux qui le souhaitent. “L’accueil de jour est inconditionnel”, résume Forga Chiboub, directrice du centre.

Un havre de réconfort pour rebondir

Le soir venu, les visiteurs de jour laissent la place aux pensionnaires : 20 femmes et 21 hommes, qui bénéficient tous d’une chambre individuelle. C’est le cas de Fathi El Aït, 20 ans. Ce jeune marocain dort chaque soir dans le centre depuis son arrivée en France il y a trois ans. “Quand je suis arrivé, je ne parlais pas la langue. Juste bonjour, merci, au revoir…” raconte-t-il dans un français parfait juste teinté d’un léger accent. “Ce centre m’aide à avoir une vie stable”. Après huit mois en tant que pizzaïolo, Fathi aimerait désormais trouver une alternance dans une boulangerie. Même soulagement pour Jemima, 22 ans, et Vanessa, plus âgée. Venues du Congo et du Cameroun, les deux femmes se sont rencontrées ici il y a un an et demi, après avoir été redirigées dans le centre par une assistante sociale. Elles ne se sont plus lâchées depuis. “Nous sommes mère et fille de cœur”, explique Jemima, sans lâcher son téléphone. “Je ne peux pas dire qu’on est vraiment à l’aise ici, mais au moins, on a chacune nos chambres” rajoute Vanessa.

Gérer la sortie d’hébergement

En moyenne, les pensionnaires restent environ huit mois. Après leur passage, les parcours diffèrent : certains trouvent une place en résidence d’insertion ou en résidence sociale, d’autres en Solibail, un logement dont le loyer est assuré par une association. D’autres reviennent également à la rue, en “sortie sèche”. Une situation qui concerne environ 10% d’entre eux, selon Forga Chiboub. Malgré tout, pour eux, l’accompagnement ne s’arrête pas toujours. Si le centre héberge 41 bénéficiaires, ce sont plus de 800 personnes qui continuent à être domiciliées ici administrativement : l’occasion de demander un repas chaud ou un accompagnement, au détour de sa boîte aux lettres.

Santé mentale : un enjeu crucial

Ces accompagnements peuvent aller de l’atelier CV à l’aide aux démarches administratives (logement, titre de séjour, allocations…) en passant par le suivi psychologique. Marqués par l’exil ou par divers accidents de la vie, les pensionnaires présentent en effet souvent des séquelles. “Ils ont des années d’errance derrière eux, quel que soit leur âge. On est souvent face à des troubles dépressifs ou anxieux, ainsi que des problèmes d’addiction : la santé mentale devient extrêmement centrale dans notre accompagnement. Cela nous permet d’établir une relation de confiance” explique Afaf Rosso, psychologue clinicienne en poste à la Maison de Karim.

Plus de places mais plus de besoins

Depuis la crise sanitaire, 8700 places d’hébergement ont été ouvertes par l’Etat dans le Val-de-Marne mais cela ne suffit toujours pas à satisfaire la demande pour Françoise Bousquet, directrice territoriale de la Croix Rouge du Val-de-Marne. “Le vrai problème, c’est le manque de logement sociaux. Pour y accéder, on demande aux gens des garanties importantes, que souvent ils n’ont pas.” Pour pallier le manque de places, les missions du centre s’étendent à l’extérieur et, depuis un an, un camion aménagé avec une douche, une salle de consultation et d’entretien tourne dans la ville pour se rapprocher des publics en difficulté. Prochaine étape : la mise en place l’année prochaine d’un food-truck pour pouvoir échanger avec les publics n’ayant pas forcément besoin d’un accueil de jour et faire passer des messages de prévention.

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