Chaque jeudi matin, la grande salle polyvalente du centre social des Portes du Midi, à Vitry-sur-Seine, se transforme en garderie. Pendant trois heures, deux éducatrices prennent le relais des parents pour qu’ils suivent des cours, des formations ou qu’ils cherchent un emploi.
A quelques mois de sa rentrée en école maternelle, Samba, se prépare au contact d’autres. Il dessine, sculpte de la pâte à sel, fait des parcours du combattant sur de grands coussins. “A la maison, il joue avec son frère mais j’ai remarqué que quand nous étions à l’extérieur, il ne calculait pas les autres enfants autour de lui. Depuis qu’il vient à la garderie éphémère, il a fait des progrès”, se réjouit sa mère qui profite de ce temps pour aller voir l’assistante sociale et régler ses autres démarches administratives. Une autre apprend le français au centre social. “Mais je ne peux plus y aller pour le moment parce que je dois m’occuper de mon bébé”, confie-t-elle. La garderie accueille en effet les petits en âge de marcher.
Une garderie mobile, organisée par une entreprise de l’économie sociale et solidaire
Une fois la session terminée, les éducateurs remballent les jouets et les modules dans des véhicules utilitaires pour rendre la salle à ses autres activités et se déplacent sur un autre site. Il peut s’agir d’un centre social, d’une maison de l’emploi, d’une collectivité locale ou d’une entreprise. “En région parisienne, le coût du foncier peut être un frein à la création de tels lieux d’accueils ponctuels pour jeunes enfants. Le coût global annuel d’une garderie hebdomadaire est d’environ 30 000 euros. Le dispositif est financé par la Caisse d’allocations familiales, les collectivités et les partenaires prescripteurs qui nous orientent les familles”, explique Laetitia Asse, directrice de pôle chez E2S Scop Petite Enfance. A l’heure actuelle, cette société de l’économie sociale et solidaire (ESS) gère 24 garderies éphémères dans les départements de la petite couronne et le Val-d’Oise. En Val-de-Marne, les équipes interviennent dans les deux centres sociaux de Vitry-sur-Seine (Portes du Midi et Raspail), à la maison des parents de Villejuif, à la maison des quartiers d’Ivry Port d’Ivry-sur-Seine, et plus récemment à Bonneuil-sur-Marne.
Sortir les tout petits de leur smartphone…
Cette prise en charge s’applique sur une période de cinq à six mois, reconductible si nécessaire. Les parents aux situations sociales compliquées peuvent ainsi se libérer un peu de temps pour travailler à leur insertion et expérimenter une première séparation. De leur côté, les enfants comment à socialiser. “Ils découvrent la vie en collectivité, ils sont stimulés grâce aux activités ludiques et d’éveil. Aujourd’hui nous n’avons pas de file d’attente mais à la sortie du confinement, nous avons eu un nombre important de demandes pour des enfants en retard de développement. Certains sont restés chez eux avec pour seul divertissement un smartphone”, témoigne Laetitia Asse.
“Les grands contingents de la pauvreté, ce sont les familles monoparentales avec des activités professionnelles à temps partiel. La priorités pour les parents dans ces situations, c’est de faire vivre la famille. Pour les femmes, il y a souvent journée double. Ces structures permettent d’aménager cette double contrainte en se dégageant du temps et de la tranquillité d’esprit”, insiste a sous-préfète Martine Laquièze venue sur place avec le vice-président du conseil départemental, Paul Bazin, et la maire adjointe à l’action sociale, Sonia Guenine, à l’occasion des journées départementales de l’égalité des chances qui visent à faire le bilan des initiatives de l’Etat en la matière.
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