Les adolescents confiés à l’Aide sociale à l’enfance (ASE) ne devraient pas être hébergés à l’hôtel plus de quelques jours car les conditions d’hébergement y sont “médiocres” et leur suivi “défaillant”, affirme l’Inspection générale des affaires sociales (Igas) dans un rapport sur la situation des Hauts-de-Seine publié lundi.
Saisie après le meurtre d’un jeune par un autre, fin 2019 à Suresnes, l’Igas estime que “le risque le plus lourd résulte de l’accueil de 600 jeunes confiés à l’ASE dans des hôtels prestataires du département” des Hauts-de-Seine.
“Les conditions d’hébergement y apparaissent médiocres et le suivi par l’ASE de ces jeunes, à 70% mineurs, est défaillant”, notent les auteurs du rapport, qui recommandent de “privilégier des solutions alternatives” à l’hôtel.
Ce rapport, qui doit être suivi d’un autre à portée nationale dans les jours à venir, avait été demandé par le secrétaire d’État à la Protection de l’enfance, Adrien Taquet, après le meurtre, en décembre 2019, d’un adolescent de 17 ans confié à l’ASE, par un jeune de 15 ans, tous deux placés dans un hôtel de Suresnes.
“Soyons honnêtes, ces enfants qui se retrouvent à l’hôtel, c’est aussi l’aveu de notre échec, l’incapacité que nous avons eue à les prendre en charge”, avait déploré à l’époque M. Taquet.
Le rapport publié lundi porte sur “l’organisation et le fonctionnement de l’ASE des Hauts-de-Seine”, mais pas spécifiquement sur ce meurtre: celui-ci fera l’objet d’un rapport spécifique, “dont la diffusion sera plus restreinte afin de préserver l’anonymat” des personnes impliquées, a expliqué l’Igas.
Un quart des enfants placés auprès de l’ASE dans les Hauts-de-Seine le sont à l’hôtel, mais ce taux monte à 51,5% pour les mineurs isolés étrangers, contre 5,5% pour les autres jeunes.
En outre, sur les 624 adolescents placés à l’hôtel à la date du 27 février 2020, les deux tiers y étaient depuis plus de quatre mois et 27% depuis plus d’un an.
Or les conditions d’accueil dans ces hôtels “sont globalement mauvaises et parfois inacceptables”, estime l’Igas: les jeunes “peuvent généralement entrer et sortir des établissements sans aucun contrôle”, y consomment alcool et cannabis, voire prennent part à des trafics. Du fait d’un “encadrement éducatif moindre”, vivre durablement à l’hôtel “est probablement moins propice à la réussite du parcours” des jeunes concernés, relève encore l’Igas, pour qui “le séjour hôtelier ne devrait pas dépasser quelques jours”.
L’Inspection observe par ailleurs que l’accompagnement des enfants a été “fortement déstabilisé” par une réorganisation des services sociaux du département, laquelle s’est traduite par le départ de près de 30% des professionnels de l’ASE en 18 mois.
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