Politique locale | | 16/12/2021
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Alfortville: débat autour du buffet de Hanouka organisé en mairie

Alfortville: débat autour du buffet de Hanouka organisé en mairie © Facebook - Luc Carvounas

Depuis une quinzaine d’années, la municipalité d’Alfortville s’associe aux représentants de la communauté juive locale pour organiser sur le parvis de l’hôtel de ville l’allumage d’un chandelier géant à l’occasion de la fête d’Hanouka, suivi d’un buffet en mairie. Cette initiative s’est retrouvée au cœur d’un débat sur la laïcité lors du dernier conseil municipal, mardi dernier.

Le 30 juin dernier, le conseil municipal d’Alfortville a voté l’instauration d’une charte de la laïcité réciproque entre la ville et les associations. Le groupe d’opposition Alfortville par nous-mêmes, s’y était opposé, considérant qu’il était illégal d’imposer aux associations de taire leurs convictions, philosophiques, ou religieuses, tant qu’elle ne les imposent à aucun de leurs adhérents et qu’elles sont compatibles avec la loi de la République.

Lara Bakech, élue de ce groupe, a profité des questions orales en fin de séance du conseil municipal qui se déroulait ce mardi à Alfortville, pour dénoncer une vision de la laïcité variable. “En cette période de fêtes de fin d’année, nous avons pu constater la tenue d’événements surfant sur la ligne de crête, nous pensons notamment à l’allumage des bougies de Hanouka sur le parvis de l’hôtel de ville, par monsieur le maire lui-même, suivi d’un buffet dans la salle de la mairie. Si nous sommes tout à fait favorables à ce que chaque culte soit autorisé à célébrer ses festivités dans l’espace public, il nous semble plus ambigu d’organiser des buffets dans la mairie, et que les représentants de la municipalité participent activement au culte en leur qualité d’élu. Nous demandons donc qui a financé ce buffet, et est-il prévu d’autoriser chaque culte à organiser des buffets dans la salle de la mairie”.

“La cérémonie de Hanouka est un événement organisé et financé par l’association ACIA (Association culturelle israélite d’Alfortville), qui est une association culturelle et non cultuelle, depuis 16 ans à Alfortville”, a réagi le maire PS Luc Carvounas, rappelant que la ville avait été précurseur en matière de laïcité et proposait régulièrement des formations à destination du personnel. M

“La laïcité fonde la séparation de l’église et de l’Etat, c’est à dire la neutralité de l’Etat en matière religieuse. Elle reconnaît à chacun le droit de croire ou de ne pas croire. Lorsque la communauté israélite célèbre Hanouka, elle s’inscrit dans cette conception républicaine de la laïcité. Hanouka n’est pas une fête religieuse, elle commémore une victoire et un retour d’exil. Pour la communauté israélite, c’est un signe d’espérance dans l’avenir et, pour faire simple, c’est aussi la fête des lumières que l’on peut rapprocher du solstice d’hiver. Cette manifestation festive et joyeuse sur le parvis de l’hôtel de ville a un caractère purement laïque, a insisté Michel Ouazana, adjoint au maire et par ailleurs, président de l’association ACIA. Elle ne retrouve son caractère religieux que, et exclusivement, dans l’enceinte d’une synagogue. Une fois sortie de ce cadre spécifique, elle n’offre au reste du monde que son expression folklorique, sans prosélytisme ni visée politique ou religieuse (…) Par ailleurs, gardons à l’esprit que le calendrier civil est largement fondé sur le calendrier chrétien, manière de reconnaître une histoire millénaire, la notre, celle de la France, et personne n’y verrait à redire. Personne ne veut remettre en question Noël et ses illuminations.”

“Quand vous dites que ce n’est pas religieux, c’est faux. Sont arrivés pleins de camions avec des orthodoxes qui ont crié des prêches dehors. Les gens étaient choqués. Ils sont arrivés avec leur tenue et ça a prêché sur le côté de la mairie. Ça ne parlait pas français. Deuxièmement, Noël n’est pas religieux, c’est une fête laïque qui n’a rien a avoir avec la religion. Faites cela devant vos lieux de culte! Quand tout le monde s’est révolté parce que des musulmans n’avaient pas de place pour faire leurs prières, sortaient les tapis dans des coins de rues, ça a révolté des Français. Si vous aviez vu la tête des gens quand ces camions sont arrivés!”, a réagi la conseillère municipale déléguée Dominique Lauret, qui n’a pas pu aller au bout de son propos, coupée par le maire qui a jugé ses propos scandaleux. “C’est limite. Vous parlez de ce que fait la municipalité mais quand nous ouvrons le palais des sports pour l’Aïd avec des personnels municipaux, nous accompagnons, lorsque nous mettons des plots en béton devant les églises avec des agents de sécurité, nous assumons. On peut avoir des œillères et ne pas comprendre les choses par inculture, mais ça suffit maintenant!”, s’est agacé Luc Carvounas.

“C’est aberrant, on est pas là pour monter une fête contre une autre, une manifestation contre une autre. Je pense qu’on a complètement perdu le fil du débat qui concernait au départ le respect par les associations des règles de la laïcité”, a abondé le conseiller d’opposition Jonathan Rosenblum.

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