Un incendie a dévasté les deux derniers étages d’une résidence du quartier des Irlandais à Arcueil, le 4 avril. Hébergées lors des premiers jours dans des hôtels, plusieurs familles ont ou retourner chez elles mais elles estiment que les conditions ne sont pas réunies et ont créé un collectif. La mairie et le bailleur réagissent et soupçonnent une instrumentalisation politique de l’opposition, laquelle dément.
“Aujourd’hui c’est eux, demain ça pourrait être nous”, tel est le cri de ralliement du collectif des 4 cités, fraîchement créé. Ce groupe d’habitants représentant les quatre quartiers de grands ensembles du sud d’Arcueil s’est formé quelques jours après l’incendie. “Ce nouveau sinistre a été la démonstration que les choses n’allaient pas bien dans nos quartiers et nous avons décidé, amicales de locataires, résidents, voisins, de nous réunir au sein d’un collectif”, explique Delphine Delaroche, une habitante mobilisée.
Ce dimanche, dans un jardin public du quartier, environ vingt personnes se sont retrouvées pour faire un point de situation et échanger des informations. “Il y a au moins six des vingt familles qui à ce jour n’ont pas de solution de relogement. Opaly a cessé de prendre en charge l’hébergement d’urgence. Ce sont les assurances qui ont pris le relais mais ça ne durera pas éternellement”, résume Cissé Goundo, une maman à qui le bailleur a finalement attribué un nouveau logement. “Il a fallu forcer. Au départ, ils ont tenté de nous intimider en nous disant que nous devions nous estimer heureux de ne pas être dans des gymnases. C’est quand nous avons commencé à faire des écrits et à parler d’avocats qu’ils ont commencé à nous prendre au sérieux”, poursuit-elle.
Les deux femmes relatent également les demandes de certificats médicaux du bailleur aux familles refusant de regagner leur appartements situé aux rez-de-chaussé, au premier et au second étage, épargnés par l’incendie, mais plus ou moins touchés. “L’incendie a été très traumatisant pour les sinistrés qui sont nombreux à avoir de jeunes enfants. Mais ils ne voulaient pas comprendre et ont fait pression. Certaines familles ont accepté, contraintes, de revenir dans leur appartement. Des agents ont manqué d’humanité à leur égard. A une personne qui se plaignait, l’un d’entre eux à dit qu’elle demandait une vue sur la tour Eiffel!”, ajoute Delphine Delaroche.
Pour Cissé Goundo, le soutien psychologique n’a pas non plus été suffisant. “Lorsque j’ai contacté le psychologue pour mes enfants, il m’a proposé un rendez-vous le 30 avril. A d’autres, des rendez-vous téléphoniques ont été proposés. J’ai fini par trouver un professionnel moi-même dans une autre ville”, explique la locataire.
La ville et l’OPH soupçonnent l’opposition d’instrumentaliser la situation
Dans un communiqué commun publié vendredi, la mairie d’Arcueil et Opaly ont détaillé les actions diverses menées en faveur des sinistrés. “Les premiers retours dans les logements sont engagés. Si plusieurs semaines de travaux seront nécessaires pour les 3e et 4e étages, les appartements des RDC, 1er et 2e niveaux peuvent être réoccupés par les locataires”, indiquent la ville et le bailleur, précisant qu’une décontamination et un nettoyage des parties communes ont été réalisés tandis que l’accès aux 3° et 4′ est sécurisé. De quoi permettre à 11 familles de retrouver leur logement. “Au-delà, dans l’attente des rapports d’expertise, et dans une démarche de transparence, pour cette résidence réhabilitée il y a moins de 5 ans, Opaly a pris la décision de faire contrôler par un professionnel les installations électriques d’un panel de cinquante logements, ainsi que des parties communes et escaliers”, indique l’OPH.
“Dès les premiers instants, les services de la ville et de l’Office se sont mobilisés pour accompagner et organiser le relogement en urgence des 18 familles. Le choix a été fait par Opaly et la ville d’Arcueil de ne pas recourir à un hébergement collectif de type gymnase ou centre d’hébergement. Ainsi, chaque famille a pu bénéficier d’une prise en charge avec petit-déjeuner à l’hôtel. A ce jour, cela représente près de 227 nuits d’hôtels”, chiffre la collectivité qui précise avoir proposé des relogements pour les 9 familles qui ne peuvent réintégrer les leurs tout de suite. “Nous tenons à attirer l’attention sur la rapidité avec laquelle des solutions ont été déployées seulement 72h après l’incendie en période de crise sanitaire”, poursuit le communiqué.
Sur ces 9 familles, 3 se sont vues proposer un relogement définitif “compte-tenu de l’inadéquation du logement jusqu’alors occupé et la composition familiale”. Les 6 autres ont eu plusieurs propositions de relogement temporaire.
Concernant le soutien psychologique, le communiqué indique qu’un accompagnement psychologique est toujours en place au centre municipal de santé d’Arcueil et que des aides d’urgence ont été accordées “aux familles les nécessitant.”
“A ce jour, toutes les familles om été reçues, individuellement ou collectivement, par Opaly et par la ville. L’opposition municipale est également allée à la rencontre des familles le week-end dernier. Nous observons depuis des refus de propositions de relogement qui avaient été acceptées par plusieurs familles. Il serait irresponsable et dangereux de faire passer des intérêts politiciens au détriment des Arcueillais-es”, s’agacent la ville et l’OPH.
« Les sinistrés m’ont sollicité parce qu’ils n’avaient aucune réponse à leurs questions. Je n’ai fait que leur apporter une aide pour leurs démarches administratives et un soutien psychologique. J’ai rencontré les habitants en collectif, j’ai voulu voir l’état des logements. La ville et le bailleur ont demandé aux habitants de rentrer chez eux alors que tous les assureurs n’avaient pas encore envoyé leurs experts», réagit de son côté Benoît Joseph-Onambélé, conseiller municipal d’opposition.
Manifestation en mairie lundi soir
Lundi soir des membres du collectif des quatre cités sont rentrés à la mairie pour demander l’attribution de logements aux dernières familles sans solution pérenne. La mairie et Opaly dénoncent “des menaces et des intimidations”, mais assurent continuer de traiter la situation de ces sinistrés.
Article mis à jour ce mardi (dernier paragraphe)
Quand j’habitais dans le XIVè arrondissement, il y a eu un incendie criminel dans le parking souterrain sous l’immeuble (privé) que j’habitais, ainsi que mes parents. Les pompiers sont intervenus dans la nuit, ont évacué l’immeuble, dont les habitants se sont réfugiés dans un café voisin, ouvert par solidarité. Mes parents qui habitaient au-dessus du sinistre ont été hébergés en hôtel pendant quelques jours, car la structure de l’immeuble était impactée. J’ai réintégré mon logement pendant la nuit, dans une odeur de pneus brûlés difficile à supporter. Mes parents sont rentrés chez eux quand on a été sûr que cela ne risquait rien. Et c’est tout. Pas de relogement ni de soutien psychologique. Je crois que ces locataires d’Arcueil ne se rendent pas compte que l’on a déjà beaucoup fait pour eux (j’habite Arcueil moi-même actuellement), il faudrait qu’ils se renseignent et ne demandent pas la lune. Ca s’appelle un sinistre, le mot dit bien ce qu’il veut dire. C’est triste pour les personnes impactées, mais c’est déjà une chance d’avoir un logement HLM, et qu’on s’occupe d’eux comme on l’a fait. Tout le monde n’a pas cette chance… bon courage, l’odeur va passer, et les locaux seront rénovés, c’est juste un mauvais moment à traverser!
94Citoyens, on notera que sur les 20 familles concernées, une seule (celle qui est interviewée) a refusé le relogement. Idem pour l’habitante “mobilisée” qui est une groupie de Onambele… Ce serait bien d’avoir aussi l’avis d’autres personnes…
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