Battue, jetée dans la Seine et retrouvée morte noyée: une adolescente de 14 ans a été tuée lundi soir lors d’un différend avec deux autres jeunes qui fréquentaient le même lycée Cognacq Jay à Argenteuil (Val-d’Oise), où, selon plusieurs sources, elle était victime de harcèlement.
Les deux mineurs, un adolescent et sa petite amie, tous deux âgés de 15 ans, ont été interpellés vers 2H00 du matin au domicile d’un ami et placés en garde à vue.
En début de soirée, la mère du jeune homme s’est rendue au commissariat d’Argenteuil pour livrer le récit glaçant des faits présumés. Entre 16H00 et 17H00, son fils “lui a annoncé qu’ils venaient de frapper une jeune fille et que celle-ci est tombée dans la Seine”, a retracé le parquet de Pontoise.
Après lui avoir fait cet aveu et retiré ses vêtements couverts de sang, son fils s’est enfui du domicile pour rejoindre une connaissance, a précisé une source proche de l’enquête.
La mère de famille “s’est immédiatement rendue sur place et a retrouvé un gant avec une mèche de cheveux”, a indiqué cette source.
Ses indications ont permis de retrouver le corps de l’adolescente, récupéré par la police fluviale au niveau du quai Saint-Denis, qui passe sous le pont de l’A15.
D’après les premières constatations sur place, la jeune victime portait des “traces de coups à la tête et au visage”, a précisé le parquet, indiquant qu’une autopsie serait réalisée pour déterminer les causes du décès.
L’enquête, confiée à la police judiciaire de Cergy-Pontoise, devra également déterminer les circonstances des faits. Les trois adolescents n’avaient aucun antécédent pénal.
Photos sur Snapchat
“Je connais le petit (auteur présumé, ndlr) depuis qu’il a 4 ans, c’est un geek, il adore les jeux vidéos, c’est un peureux, c’est pas un gamin qui traine”, a confié, choquée, la voisine de la mère du mis en cause à l’AFP.
Mais selon une source proche du dossier, la mère de la victime a indiqué que sa fille faisait l’objet de harcèlement. Ses parents avaient signalé le soir-même la disparition de leur enfant, craignant une fugue.
“Elle m’a dit ‘maman j’ai des gros problèmes, j’ai été menacée de mort par ce garçon et cette fille aussi’, elle s’est bagarrée avec elle une semaine avant”, a raconté la mère de la victime sur BFM TV.
Les protagonistes sont tous scolarisés dans le même établissement, le lycée Cognacq Jay d’Argenteuil (lycée professionnel privé sous contrat, affilié à la Fédération Nationale des Ecoles Privées Laïques sous Contrat avec l’Etat), situé dans un quartier calme du centre-ville de la plus grande commune du Val-d’Oise (environ 110.000 habitants), bordant la Seine. L’établissement compte aussi une troisième “prépa pro”, à laquelle appartenaient les trois adolescents.
L’incompréhension et la tristesse régnaient mardi matin devant le lycée, où plusieurs élèves faisaient état de leur sidération. “C’était une fille avec le sourire. On ne peut pas mourir comme ça à 14 ans, c’est grave”, a déclaré Ali, élève en seconde. “On nous a prévenus en classe ce matin”, glisse à l’AFP Clara, 17 ans, entre deux sanglots. “Elle était sympa. On la connaissait pas personnellement mais on lui parlait”, ajoute cette élève de Terminale, qui affirme que les deux mis en cause devaient passer en conseil de discipline.
Le conflit semble avoir commencé avant les dernières vacances scolaires, quand des photos de la victime “en sous-vêtements” ont circulé sur Snapachat, réseau social prisé des jeunes, selon plusieurs témoignages d’élèves. “L’autre fille (interpellée, ndlr) a tourné dans les réseaux sociaux que c’était une pute. Cela n’a pas plu à la victime et ça a dégénéré. C’est parti en bagarre”, raconte une élève de Terminale, qui requiert l’anonymat. “La victime m’a parlé, elle m’a dit qu’elle se faisait harceler. Je l’ai vu se battre avec celle qui la harcelait devant les toilettes” la semaine dernière. “C’est choquant, elle avait toute sa vie devant elle”, glisse-t-elle, en pleurs.
De son côté, le rectorat de Versailles indique que “des personnels écoutants de l’académie se sont immédiatement rendus sur place ce matin afin de proposer la mise en place d’une cellule d’écoute pour les élèves ainsi qu’un accompagnement auprès des personnels. Une représentante de la direction académique du Val-d’Oise est également présente sur place.”
“Face à un tel drame Charline Avenel, rectrice de l’académie de Versailles, exprime sa plus vive émotion et apporte son plein soutien à la famille de la victime, à ses camarades ainsi qu’aux personnels de l’établissement”, ajoute le rectorat.
par Wafaa ESSALHI / Fanny LATTACH
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