Depuis l’ouverture ce jeudi 7 janvier du centre de vaccination contre la Covid-19 à l’Hôpital d’Avicennes (AP-HP – Bobigny), les soignants se pressent à un rythme soutenu. Reportage.
“C’est la seule façon de nous sortir de cette histoire”, motive Marc. Le vaccin, ce médecin de 79 ans avoue l’avoir attendu avec impatience : il a pris rendez-vous pour recevoir la première dose samedi, soit deux jours à peine après le lancement des vaccinations à l’hôpital Avicenne. Encore au contact de ses patients, il ajoute avoir fait un infarctus il y a une vingtaine d’années, “raison de plus pour ne pas attendre!”
Même conviction pour Franck, 62 ans, infirmier libéral à Aubervilliers. “Pendant la première vague, j’ai travaillé seul sur le terrain pendant deux mois. Dieu merci, je suis passé à travers les mailles du filet. Mais maintenant que le vaccin est disponible, autant en profiter”, enjoint l’infirmier. Il espère que le vaccin lui permettra de protéger ses proches. “Je me rends en Guadeloupe à peu près tous les trois mois pour aller voir ma mère de 96 ans. Je m’en voudrais si elle était contaminée par ma faute. “
A lire : Passe sanitaire : où se faire vacciner ou dépister dans le département
À Avicenne, on accueille des soignants venus de toute la Seine-Saint-Denis. Les consultations n’ont beau avoir débuté que depuis trois heures à peine, ce sont déjà 15 soignants qui ont reçu leur première dose. 15 autres sont attendus au cours de la journée. Des chiffres qui témoignent de la forte attente des professionnels de santé, d’autant plus que la mise en place du centre s’est faite à vitesse grand V. “Vers fin novembre – début décembre, nous avons eu une réunion avec le chef de service. Il évoquait une ouverture du centre pour mars. Finalement, nous sommes opérationnels dès janvier. Les commandes de matériel, comme les seringues et les chariots d’urgence, se sont faites en à peine une journée”, nous confie une infirmière.
“Les bénéficiaires du vaccin prennent d’abord rendez-vous par mail ou par téléphone”, explique une secrétaire médicale. “Le jour de leur rendez-vous, ils s’enregistrent auprès de nous. Ils passent ensuite une brève visite médicale pour vérifier leurs antécédents, avant de recevoir leur injection, et prendre rendez-vous dans six semaines pour recevoir la seconde dose.”
Par précaution, les patients doivent rester dans le centre 15 minutes après leur injection, au cas où ils ressentiraient des effets secondaires. 15 minutes pendant lesquelles Marc en profite pour nous faire part de son énervement face à la réticence des Français face au vaccin. Selon lui, elle s’explique par un problème de communication. “La dernière fois au journal de France 2, les journalistes ont fait un sujet sur les inconvénients du virus. Ils devraient plutôt se concentrer sur ses avantages ! Quand on répète à longueur de journée que 60% des Français ne veulent pas se faire vacciner, les 40% restants se posent forcément des questions…Pourtant, les vaccins sont efficaces. Avant le vaccin contre la grippe, je voyais défiler presque 70 cas par jour. Ce n’est plus le cas maintenant ! J’incite tous mes patients à se faire vacciner. Maintenant que je suis moi-même vacciné, j’espère pouvoir les convaincre encore davantage.”
Franck est quant à lui moins inquiet. “Les gens vont adhérer petit à petit, j’en suis sûr. C’est un peu la même situation que pour les masques : les gens en veulent quand il n’y en a pas, et ils n’en veulent plus une fois qu’il y en a!” rigole-t-il. “Moi, je préfère faire confiance aux scientifiques.”
Le centre est réservé aux soignants de plus de 50 ans ou présentant des facteurs de comorbidité.
N'envoyez que des photos que vous avez prises vous-même, ou libres de tout droit. Les photos sont publiées sous votre responsabilité.