Est Ensemble, territoire de l’est de la Seine-Saint-Denis sera la première intercommunalité d’Ile-de-France à expérimenter le dispositif “quartiers productifs”, une boite à outils qui vise à stimuler la création d’entreprises dans les quartiers prioritaires. Nadia Hai, ministre déléguée chargée de la ville, a signé la convention de labellisation avec Patrick Bessac, maire PCF de Montreuil et président de l’établissement public territorial, ce 29 juin à Bondy, dans l’une des serres de l’Institut de recherche et développement (IRD).
Il s’agit de l’une des mesures du comité interministériel des villes (CIV) mis en place fin janvier pour accélérer la relance économique dans les quartiers prioritaires. En Seine-Saint-Denis, 40% des habitants vivent dans ces quartiers et au sein d’Est-ensemble, qui regroupe neuf communes*, 12 des 19 quartiers prioritaires de la politique de la ville (QPV) ont été retenus dans le cadre du nouveau programme national pour la rénovation urbaine (NPNRU).
* Bagnolet, Bobigny, Bondy, Le Pré-Saint-Gervais, Les Lilas, Montreuil, Noisy-le-Sec, Pantin et Romainville.
Une boite à outils pour coordonner les partenaires
Concrètement, “l’enjeu est de créer une véritable alliance entre tous les programmes que nous mettons en place“, détaille la ministre. Le dispositif associe ainsi quatre acteurs des politiques de la ville : la banque publique d’investissement (Bpi France), l’Agence nationale de la cohésion des territoires (ANCT), l’Agence nationale du renouvellement urbain (ANRU) et la Banque des territoires.
“La coopération entre l’Etat et les collectivités locales existe déjà, mais l’idée est de renforcer cette gouvernance localement, de concentrer les actions sur un territoire en particulier, comme peut l’être le quartier prioritaire de Bondy-Nord“, précise Anne-Claire Mialot, préfète déléguée à l’égalité des chances en Seine-Saint-Denis. “Est-ensemble est assez à la pointe sur le développement économique. Nous voulons amplifier la dynamique et donc en faire une sorte de vitrine.”
L’établissement public territorial a de son côté déjà lancé en 2019 un fonds pour l’économie des quartiers. “C’est une reconnaissance de ce que nous avons déjà mis en place”, observe Julie Lefebvre, vice-présidente d’Est Ensemble chargée du développement économique. “Mais cette mesure permettra aussi de mettre tout le monde autour de la table pour faciliter l’identification des projets.”
Ferme urbaine et transformation alimentaire
Le choix de l’IRD comme lieu pour signer la convention “ne doit rien au hasard “, indique Nadia Hai. Accompagner la transition écologique est l’une des priorités du nouveau dispositif avec la transformation numérique et Est-ensemble a instauré un partenariat avec l’IRD pour faire émerger un tiers-lieu : le LAB3S sol, savoir et saveurs qui aménage une ferme urbaine de 1 360 m2. Il est aussi la cheville ouvrière d’une pépinière d’entreprises dédiées à la transformation alimentaire qui doit émerger à l’horizon 2022.
Le Lab3S coopère déjà avec des acteurs de l’économie sociale et solidaire comme l’Epi de Bri, une épicerie mobile de produits bio créée par Brigitte Nuchelmans. Partie du constat “qu’il n’existait aucune offre” de ce type à Bondy, elle s’est lancée dans “l’idée d’aller vers les gens et de rendre accessible une alimentation de meilleure qualité.” Pour son épicerie, le Lab3S réalise une “recherche/action” visant à étudier la demande des habitants et ce que peut leur apporter son offre de consommation. Il conduit ce type d’enquête de terrain pour deux autres structures : la Butinerie à Pantin et le Comptoir de l’Est à Noisy-le-Sec. Avec Baluchon association, il a également créé en 2019 un incubateur de projets culinaires.
Le défi: garder du foncier pour les entreprises
Reste que l’un des principaux enjeux du développement économique des quartiers demeure la disponibilité de locaux commerciaux. “30 hectares de foncier économique disparaissent chaque année, signale Julie Lefebvre. Il y a une forte concurrence avec la production de logement.” Après une phase temporaire dans des lieux comme la pépinière de l’Atrium à Montreuil, ” notre soucis est de savoir comment on garde ces entrepreneurs sur le territoire car ils n’y trouvent pas forcément de perspectives d’installation pour la suite.” Pour elle toutefois, “il y a de plus en plus une prise de conscience sur cet enjeu, un peu comme pour les espaces verts.”
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