“Ces deux-là étaient déjà en embrouille depuis longtemps. Ils se sont bagarrés hier après-midi pendant un barbecue. Puis le soir, l’un d’eux est revenu en voiture pour tirer sur l’autre.” C’est en ces termes que E, 19 ans, explique comment le jeune rappeur Crim’s a été blessé de plusieurs balles dans le dos ce mercredi soir. (Article mis à jour à 12h30)
Au lendemain de cette “embrouille”, le calme était de retour dans le petit parc à quelques mètres de la fusillade qui a gravement blessé le jeune Bonneuillois de 20 ans. Une tranquillité qui a duré jusqu’à la nuit.
Pour rappel des faits, lire notre article d’hier : Bonneuil-sur-Marne : le jeune rappeur Crim’s se fait tirer dessus
“Bien sûr, c’est triste, mais je n’ai pas peur”, reprend E en regardant cuire sa merguez. Sa quinzaine de copains, moins loquaces, ont l’air de partager son sentiment, posés, tranquilles, à écouter du rap autour du barbecue et des sodas.
Place des Libertés, des parents regardent leurs enfants jouer, sereins. A l’instar de cette mère venue avec sa fille de quatre ans. La veille au soir, elle a assisté à la scène depuis sa fenêtre. Sa voisine de banc, elle, apprend tout juste la nouvelle. “S’il y a des représailles, on arrêtera peut être de venir, mais pour l’instant je ne compte pas changer mes habitudes”, raisonne-t-elle.
“Ici c’est pas Chicago !”
“Ici c’est pas Chicago !”, insiste un des “anciens” des Libertés. Assis sur un banc avec plusieurs de ses copains d’enfance, ce barbu jovial estime plutôt que la situation s’est améliorée au fil des années. “À notre époque, on se bagarrait pas mal avec les bandes des villes d’à côté, Créteil, Boissy-Saint-Léger, Sucy-en-Brie… Tout cela, c’est fini depuis longtemps ! Cette histoire, c’est une banale guerre d’egos, rien de plus”, estime le quadra. Le même observe en revanche que la nouvelle génération en vient plus facilement aux armes, se souvenant d’une autre fusillade il y a un an et demi, à la Cité Fabien, qui avait fait deux blessés.
Nouvelle rixe à minuit ce jeudi soir
Un calme qui s’est prolongé jusqu’à la fin de la journée, mais n’a pas tenu jusqu’à ce vendredi. Vers minuit ce jeudi soir, une nouvelle rixe s’est en effet déclenchée dans le quartier des Libertés, entre une cinquantaine de personnes, donnant lieu ) plusieurs interpellations.
“Tout ne peut pas se régler localement”
“J’ai passé ma soirée là-bas mercredi soir, pour rassurer la population, et tout était calme pendant la journée, la rixe a commencé à minuit et demi”, témoigne le maire de la ville, Denis Öztorun (PCF). “Conflits interpersonnels, crise sanitaire, jeunes désœuvrés, parents au chômage, pas de perspective d’avenir… tout cela chauffe les esprits, explique l’élu. La moitié de notre budget municipal est aujourd’hui au service de l’enfance et de la jeunesse mais tout ne peut pas se régler localement. La réponse passe aussi par les moyens alloués à l’Education nationale, à la police nationale”, reprend l’élu. Dans le Val-de-Marne, Bonneuil a pourtant été, en binôme avec Créteil, le deuxième site à accueillir le dispositif Police de sécurité du quotidien. “Au début on vu la différence”, pointe le maire.
Renfort de présence, maraude des élus
Pour calmer les tensions actuelles, des renforts devraient être mis à disposition. “J’ai eu le préfet ce matin et demandé des effectifs plus nombreux au moins pour le weekend. Nous avons également renforcé les équipes de médiateurs dans tous les quartiers dès 14 heures jusqu’à 2 heures du matin, jusqu’ la fin du weekend”, ajoute l’édile qui a invité tous les élus municipaux de la ville à aller à la rencontre de la population à 17 heures ce vendredi.
“J’ai également demandé une réunion d’urgence du CLSPD (conseil local de sécurité et prévention de la délinquance) et engagé l’embauche de trois nouveaux médiateurs”, indique encore Denis Öztorun qui veut également renforcer les dispositifs d’animation alors que la crise sanitaire n’offre pour l’instant qu’un horizon bien brumeux quant aux perspectives de réouvertures de beaucoup de lieux de vie.
Le jeune rappeur blessé par balles mercredi, Crim’s, est toujours hospitalisé mais ses jours ne sont plus en danger.
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