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Urbanisme | | 23/02/2021
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Butte rouge à Chatenay-Malabry: l’avis favorable de l’enquête publique ne met pas fin à la polémique

Butte rouge à Chatenay-Malabry: l’avis favorable de l’enquête publique ne met pas fin à la polémique

Le plan de réhabilitation de la cité-jardin de la Butte Rouge, en banlieue sud-ouest de Paris, n’en finit pas d’enflammer les esprits: le projet vient de franchir une nouvelle étape avec l’avis favorable du commissaire enquêteur mais des associations du patrimoine redoutent la “destruction programmée” du site ouvrier emblématique.

Emblème des cités-jardins, imaginées pour loger les ouvriers de Paris, la Butte Rouge à Châtenay-Malabry fait l’objet d’un vaste plan contesté par des urbanistes, qui souhaitent préserver ce “joyau de l’habitat social”.

Les petits immeubles couleurs pastel édifiés dans un style inspiré du Bauhaus dans les années 1930 et entourés de jardins renvoient l’image de cité idéale de ses créateurs, les architectes Joseph Bassompierre, Paul Sirvin, Paul de Rutté et André Arfvidson.

Une rénovation controversée et insuffisante avait été menée en 1985, et la cité s’est abîmée.

La municipalité LR de Chatenay-Malabry dirigée par Carl Ségaud s’est félicitée de “l’avis favorable sans réserve” vendredi du commissaire enquêteur à son plan, à l’issue d’une enquête publique qui a collecté quelque 1 600 avis, du 10 décembre au 11 janvier.

Le bras de fer est aussi socio-économique, entre majorité de droite et opposition de gauche qui redoute la “gentrification” du quartier. 

“C’est un ensemble d’habitat social parmi les plus exceptionnels de France, modèle au niveau international. Il n’est pas imaginable de la voir disparaître sous les pelleteuses de la spéculation immobilière”, écrivent, dans une lettre ouverte à la ministre de la Culture Roselyne Bachelot, de grands architectes dont Jean Nouvel et Christian de Portzamparc.

Le quartier est actuellement composé à 100% de logements sociaux, avec des loyers très modestes. 

Mme Bachelot, qui exige son classement comme “site patrimonial et remarquable”, assure vouloir préserver “un ensemble urbanistique de tout premier plan”. Elle a reçu le 18 février le maire Carl Segaud, accompagné de Georges Siffredi, son prédécesseur, qui avait lancé ce projet de “Cité-jardin du 21e siècle” et qui est aujourd’hui président du Conseil des Hauts-de-Seine. 

Carl Ségaud s’est engagé devant elle à lancer ce classement au prochain conseil municipal. C’est après ce classement –cela peut prendre des mois– que pourra être engagé un “plan de valorisation de l’architecture et du patrimoine” (PVAP) permettant d’assurer la protection du site, assure-t-on rue de Valois.

“On va construire ensemble un document protecteur”, ajoute-t-on, soulignant la vigilance des autorités publiques.

“Les habitants de la Cité Jardin qui se sont exprimés dans leur très grande majorité sont favorables au projet”, a affirmé le commissaire-enquêteur. Car la Butte Rouge “est passée du projet utopiste originel à un état de ‘cité’ de banlieue” dégradée, a-t-il jugé, rejoignant la mairie, qui pointe des problèmes d’insalubrité. 

La rénovation est “attendue avec impatience par les 9 900 habitants”, assure le maire, qui dit “respecter son engagement pris lors de la campagne électorale”. 

Sur les 1 606 avis déposés pendant l’enquête publique, près de 74%, pour la plupart défavorables, “émanaient d’associations et personnes extérieures”, selon la mairie.

“A quoi sert cette enquête publique?”, s’est insurgée l’Association Châtenay Patrimoine Environnement, selon laquelle seule une minorité d’habitants ont rendu leur avis. Selon elle, le projet ne laissera en état que 15% de la Butte historique, chassant les personnes à faible revenu. 

“Le pourcentage de 15% ne repose sur rien”, réagit le maire auprès de l’AFP. “43% des immeubles seront conservés pour leur caractéristiques remarquables, 18% seront démolis et reconstruits, et pour 39%, le mode de rénovation sera déterminé en fonction de divers critères comme le bilan carbone”. 

“C’est se payer de mots, on fait disparaître tous les petits jardinets, et les bâtiments sont traités comme de la matière première”, rétorque Julien Lacaze de Sites et Monuments.

par Jean-Louis DE LA VAISSIERE

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