A Champigny-sur-Marne, la simili Coupe d’Afrique des Nations a fait trembler le stade Delaune ce week-end. Exit les rivalités entre Mordacs et Boullereaux ou Bois l’Abbé. Ce samedi, seul le sport comptait.
“De Champigny, on ne parle que des faits divers et de la violence des jeunes, je voulais montrer qu’un tournoi de foot mélangeant tous les quartiers (de la ville) était possible”, explique Leonel Ngaibona, président de l’association Team Balo et organisateur de cette CAN locale.
Rap dans les enceintes, odeurs de barbecue, tableau des scores, drapeaux du Sénégal, du Maroc ou encore des Comores accrochés au grillage du stade et des centaines de supporters… Les matches se sont succédé samedi entre les onze équipes du tournoi.
Pour la Team Balo, l’enjeu était sportif et social, après les rixes entre Boullereaux et Mordacs qui ont émaillé le début d’année et le tragique décès d’un jeune de 17 ans début mai.
Samedi, le principe du tournoi était clair: “on a nommé des capitaines qui devaient choisir au moins deux jeunes de chaque quartier”, Les Boullereaux, Les Mordacs, le Plateau et Le Bois L’Abbé, détaille Leonel Ngaibona, à l’issue d’un match de son équipe du jour, la Centrafrique.
“Je me suis renseigné sur les quartiers et j’ai cherché des Congolais. C’est sûr, des liens vont se créer au-delà du foot, on va se revoir après le tournoi”, avance Damel 20 ans, capitaine du Congo, finaliste cette année et gagnant de la première édition en 2020.
“Aujourd’hui, il n’y a que des embrouilles de terrain et d’arbitrage”, sourit le jeune originaire des Boullereaux, qui a perdu en finale face au Sénégal.
“On ne parle plus des rixes, il n’y a que le foot qui compte: il n’y a plus de quartiers mais que des nations”, poursuit Khaled, un “ancien” des Boullereaux et sélectionneur de la Tunisie, la voix cassée par les conseils hurlés depuis la ligne de touche.
Roxane, 17 ans, bénévole à Team Balo assignée au stand barbecue, savoure: “franchement c’est la bonne ambiance, ça fait plaisir que tout le monde soit là, finalement on se connait tous”.
Assis sur une chaise pliante, Zineddine Khemici harangue, lui, ses joueurs du Maroc. Président de l’association “Les quartiers du cœur”, il estime que “le foot touche tout le monde” et qu’avec ce tournoi, “il n’y plus d’histoire de quartiers, ça apaise les tensions”.
Avec d’autres associations comme Mordactif Jeunesse, cette figure du quartier des Boullereaux tente depuis plusieurs mois de faire cohabiter et s’entendre les “leaders” des bandes rivales.
“On essaye de travailler tous ensemble, il ne faut surtout pas les lâcher”, poursuit-il. Cet été, “plusieurs meneurs rivaux”, âgés de 17 ou 18 ans, sont partis ensemble en séjour en Espagne. “Les premiers jours ont été compliqués, ils ne se parlaient pas, mais grâce à des activités on a réussi à détendre l’atmosphère, c’est un bon début”.
Dans la même veine, le festival “Des cités d’or”, avec des artistes de Champigny, aura lieu dans quelques semaines “pour rassembler les quartiers”.
Dans le Val-de-Marne, ce n’est pas la première fois que la célèbre Coupe d’Afrique des nations inspire les associations locales, dans le même esprit. En témoigne l’initiative lancée à Créteil en 2019.
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“Pari réussi”, estime encore le maire, Laurent Jeanne (Libres), qui apprécie “l’échange” généré entre les jeunes, qui “se sont dépassés à travers le sport au lieu de s’affronter”.
par Alice LEFEBVRE
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