Transports | | 22/10/2021
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Carrefour de Créteil Pompadour: la piste cyclable pérenne reportée

Carrefour de Créteil Pompadour: la piste cyclable pérenne reportée © Cerema

Initialement prévue pour cet été, la piste cyclable définitive de l’infernal carrefour de Créteil Pompadour a été reportée par la Direction régionale des routes d’Ile-De-France (Dirif). Au grand dam des cyclistes.

Plusieurs dizaines de milliers de véhicules transitent par ce giratoire d’une dizaine de branches dont de grands axes routiers. Une jungle assez pénible à traverser pour les cyclistes. Au printemps 2020, en pleine vague des coronapistes, le conseil départemental du Val-de-Marne et les services de l’État y ont donc expérimenté une piste cyclable provisoire. Séparée de la circulation générale par des séparateurs modulaires, des balises et un marquage au sol temporaire, cette piste d’une largeur de 2,5 mètres a rapidement fait des émules.

A la demande du département, le Cerema, établissement public notamment spécialisé dans les questions de mobilité, a réalisé une étude d’évaluation en septembre 2020, aux résultats très positifs. “Le sentiment de sécurité des cyclistes a été multiplié par 10, le carrefour semble mieux fonctionner qu’avant, y compris sur le plan routier tant en capacité qu’en sécurité. Des comptages vélos ont par ailleurs été réalisés dans le secteur. Du 14 au 20 septembre 2020, le nombre de cyclistes circulant sur la RD86 à l’ouest du Carrefour Pompadour est de 564 contre 199 en 2019. A l’est de l’anneau, ce nombre de cyclistes est de 781 contre 299 en 2019. Des comptages hebdomadaires (le jeudi) réalisés sur les axes ont enregistré jusqu’à 1200 vélos et trottinettes en 1 journée sur la RD86 à l’ouest du carrefour Pompadour”, constatait le Cerema.

Tout était prêt pour démarrer cet été

Encouragés, le conseil départemental, l’État, les collectivités et les associations d’usagers ont donc poursuivi leurs réunions pour préparer la pérennisation du dispositif et l’ensemble des études et adaptations étaient bouclées fin juin. Le 28 juin dernier, un arrêté était signé par la direction régionale et interdépartementale de l’environnement, de l’aménagement et des transports d’Île-de-France (Drieat) pour lancer le chantier de six mois.

Las, entre temps, la direction des routes d’Île-de-France (Dirif) a fait volte-face. “A quelques jours du démarrage prévisionnel du chantier, la Dirif et son ministère de rattachement ont demandé la poursuite de l’expérimentation. Le développement du vélo en Val-de-Marne, notamment du RER V, constitue l’un des champs d’action prioritaires du nouvel exécutif. Il étudie en ce moment même le projet Pompadour avec la plus grande attention”, explique-t-on au département. La majorité a donc retiré ce lundi la ligne budgétaire de 835 000 euros qui était prévue au budget supplémentaire 2021, pour cette opération dont le coût global était jusqu’alors estimé entre 2 et 3 millions d’euros.

La Dirif justifie l’ajournement par le retour à la normale du trafic automobile

Pour les services de l’État, cet arbitrage est motivé par le retour à la normale du trafic, la nécessité d’opérer de nouvelles évaluations, et la réduction des embouteillages qui seraient provoqués par les aménagements actuels. “La Dirif et les services du ministère de la transition écologique ont instruit la demande de pérennisation de l’aménagement provisoire au regard notamment des enjeux de sécurité des différents usagers de la route. Des adaptations du projet ont alors été sollicitées afin d’en améliorer la sécurité, y compris pour les cyclistes. Il a été proposé qu’une fois ces adaptations réalisées cet automne par le département, l’expérimentation se poursuive au moins jusqu’à l’été 2022. L’objectif est de vérifier dans des conditions de trafic revenues à la normale que les travaux définitifs intégrant ces adaptations pourront être réalisés par le département. Cette extension de l’expérimentation permet de ne pas rompre la dynamique cyclable qui a été engagée (poursuite d’un aménagement cyclable dans le giratoire), tout en adaptant le dispositif actuel pour renforcer la sécurité et éviter des risques d’accident. Cela permet également de contribuer à la réduction des embouteillages créés par l’aménagement provisoire initial”.

De tous les aménagements cyclables « coronapistes » sur le réseau routier national d’Île-de-France (directement géré par la Dirif), celui de la RN6 au carrefour Pompadour de Créteil était le seul à avoir fait l’objet d’une demande de pérennisation.

“Ce sont des stratégies de pourrissement qui visent à ce que les usagers se découragent”

Pour Philippe Ungerer, coprésident de l’association Partage ta rue 94, qui œuvre au développement de la pratique du vélo en petite couronne, c’est un très mauvais signal. “C’est extrêmement décevant. Cette décision est arrivée de façon très tardive alors que de nombreuses personnes ont travaillé sur ce projet pendant de longs mois. Malheureusement, les cyclistes sont habitués à ce que les décideurs publics reportent les projets d’aménagement cyclables de bon sens. Nous avons déjà eu ce cas avec la passerelle du pont de Nogent-sur-Marne. Ce sont des stratégies de pourrissement qui visent à ce que les usagers se découragent. Or, la participation grandissante des cyclistes, notamment via le baromètre des villes cyclables témoigne de l’importance de cet enjeu”, regrette le cycliste.

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