Environnement | | 16/02/2021
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Champigny-sur-Marne : avis favorable avec réserves aux puits de géothermie du Plant

Champigny-sur-Marne : avis favorable avec réserves aux puits de géothermie du Plant

La commission d’enquête publique a donné son feu vert à un nouveau forage géothermique dans le quartier du Plant, à Champigny-sur-Marne, assorti de deux réserves pour répondre aux craintes des riverains de subir des nuisances.

Quasiment 10 ans après les derniers grands chantiers de géothermie dans la partie haute de Champigny-sur-Marne, cette énergie va bientôt pouvoir alimenter des clients dans le bas de la ville. Pour rappel, le réseau de géothermie actuel alimente 7000 logements et équipements communaux. Son extension sur 9 kilomètres doit permettre de chauffer 7000 logements supplémentaires et éviter un peu plus de 9000 tonnes de CO2 par an. Ce nouveau doublet de puits (l’un pour l’extraction, l’autre pour la réinjection) se situera dans le quartier des Plants, à l’emplacement du stade René Rousseau, sur une surface de 8 000 m² sur toute la partie sud du site

Afin d’accéder au Dogger, un gisement aquifère dont la température de l’eau oscille entre 56 et 85 degrés, l’établissement public campinois de géothermie (EPCG), le porteur du projet, a demandé l’autorisation de procéder à des recherches de gîte géothermique et de réaliser des forages, étape indispensable avant la réalisation des puits d’exploitation de la ressource.

Géothermie : comment ça marche?
Pour rappel, la géothermie consiste à aller chercher la chaleur naturellement présente dans les entrailles de la terre pour l’exploiter. Cette énergie propre et gratuite permet de diminuer le recours aux énergies fossiles et de diminuer la facture de chauffage. En Ile-de-France, un gisement aquifère, contenu dans les calcaires du Dogger, dispose d’une eau dont la température s’élève entre 56 et 85 °C à environ 2 km sous nos pieds. Pour exploiter cette chaleur, des puits sont creusés pour pomper cette eau chaude, un peu salée et corrosive car il s’agit historiquement d’eau de la mer, retenue depuis l’époque du Jurassique moyen, il y a 170 millions d’années, entre deux couches d’argile. Une fois pompée, cette eau chaude circule dans un circuit fermé sur lui-même. En fin de parcours, l’eau, refroidie, repart dans la terre via un autre puit. Ce premier circuit d’eaux du Dogger est connecté avec un second réseau d’eau douce, via un échangeur dont le principe est de mettre en contact les deux eaux sans qu’elles se mélangent, en les faisant circuler de part et d’autres de plaques en titane. C’est le réseau d’eau douce qui circule dans les équipements puis les logements, après d’autres échangeurs.

Les habitants inquiets du bruit

Une enquête publique s’est déroulée du 23 novembre au 23 décembre et a permis de récolter une trentaine d’observation. Un motif d’inquiétude est systématiquement revenu parmi les populations riveraines : vivre pendant 5 mois à côté d’un chantier générant des bruits de façon continuelle. Il est vrai qu’à Champigny, les travaux du Grand Paris Express ont déjà passablement ulcéré les habitants… Les habitants ont aussi reproché un manque de concertation en amont.

Deux pétitions pour s’opposer au projet

Deux pétitions (sur change.org et sur mes opinions) ont même été lancées pour demander l’abandon pur et simple du projet. Les pétitionnaires craignent que le projet ne nuise au cadre de vie de ce quartier pavillonnaire. Les écrans acoustiques et relevés de bruit in-situ ne semblent pas avoir dissipé les craintes des riverains.

Surtout, une actualité nationale est venue télescoper l’enquête publique: les tremblements de terre provoqués en Alsace par une centrale de géothermie profonde à la La Wantzenau dont les dégâts ont conduit à l’arrêt de tous les projets de géothermie profonde du secteur. Cette crainte de mouvements de terrains et de vibrations liées au chantier par les habitants des pavillons voisins est également apparue dans les observations. «A ce stade de l’étude l’ensemble des équipements est dimensionné pour que les travaux n’engendrent aucune conséquence sur les constructions situées sur les parcelles limitrophes», rassure le maître d’ouvrage, précisant que la première phase de travaux consisterait à combler les carrières présentes en sous-sol. Sur les risques sismiques, l’EPCG et le commissaire enquêteur ajoutent que la région Île-de-France est bien moins concernée par cet aléa que l’Alsace.

Lors de l’enquête publique, les autres réserves ont concerné l’impact sur la pollution atmosphérique, sur la circulation automobile, la dépréciation immobilière ou encore l’insertion paysagère.

Une série de recommandations et deux réserves

Si le commissaire-enquêteur, Jean-Pierre Chaulet, a conclu son rapport en rendant un avis favorable au projet, ultime étape avant l’arrêté d’autorisation des travaux par le préfet, il a néanmoins pris en considération ces réserves.

«Je considère que les risques de nuisances sonores pour les riverains sont avérés compte tenu de très grande proximité des habitations pavillonnaires et qu’il conviendra que l’EPCG mette en place tous les dispositifs d’insonorisation existants pour, non seulement respecter la réglementation, mais surtout résoudre la gêne occasionnée, particulièrement de nuit», indique-t-il.

Il a également demandé un effort supplémentaire en matière d’information et de concertation des riverains, et ordonné l’organisation d’une réunion publique avant le début des travaux, avec l’Etablissement Public Campinois de Géothermie (EPCG) en liaison avec le groupe Coriance, l’Inspection Générale des Carrières (IGC) et la ville de Champigny.

Le commissaire enquêteur a formulé une seconde réserve qui oblige l’EPCG à proposer aux riverains un hébergement temporaire aux riverains le temps des travaux en période nocturne, au cas où le bruit dépasserait la réglementation en vigueur.

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