Sur la vingtaine de centres de vaccination de ville actuellement ouverts en Val-de-Marne, quatre sont fortement montés en charge pour accueillir plusieurs milliers de personnes chaque semaine. Champigny-sur-Marne devait figurer parmi ces super centres et s’est préparé en conséquence mais les doses n’ont pas suivi sur la durée, suscitant l’incompréhension et un peu de colère. L’Agence régionale de santé défend pour sa part les procédures d’allocation des doses. Explications.
“En mars, nous sommes montés à 2500 doses par semaine et nous avons mis tout en œuvre pour faire face en nous installant au gymnase Tabanelli. Mais la semaine suivante, nous sommes redescendus à 1300 doses alors que tout était organisé. C’est incompréhensible, s’interroge Frédéric Villebrun, directeur du pôle santé de la ville. Nous avons réussi à ne pas décommander en utilisant les septièmes doses des flacons Pfizer mais nous avons dû stopper les rendez-vous.” Ce week-end, la situation s’est débloquée subitement avec à nouveau une livraison de 2500 doses, mais au dernier moment, souligne le médecin qui précise que la capacité du centre peut encore doubler jusqu’à 5000 à 6000 vaccinations par semaine dans le gymnase. Car le centre couvre non seulement la ville de Champigny mais aussi celles de Villiers-sur-Marne et Chennevières-sur-Marne qui organisent des navettes pour emmener leurs habitants et ont mis à disposition des employés municipaux. Soit au total un bassin de 120 000 habitants.
Dans le département, quatre centres sont en revanche montés en charge, ceux de Créteil, Nogent-sur-Marne, où le Premier ministre Jean Castex est venu annoncé le cap des premiers 10 millions de doses franchies au niveau national, Saint-Maur-des-Fossés et Saint-Mandé-Vincennes.
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Vaccin Covid-19 en Val-de-Marne: nombre de doses allouées par centre
“Le centre pratique entre 500 et 700 vaccinations par jour, nous faisons partie des quelques centres qui ont une capacité importante et l’organisation est millimétrée, témoigne Julien Weil, maire LR de Saint-Mandé. “Avec l’ARS (Agence régionale de santé qui alloue les quotas de doses par centre), ce n’est ni un rapport de force ni une négociation mais on discute pour obtenir les doses. Au début, cela a été très difficile car nous n’en avions pas assez.” En parallèle du centre géré par Saint-Mandé et Vincennes, qui propose du Pfizer comme les autres centres de ville, l’hôpital interarmées Bégin de Saint-Mandé injecte lui de l’AstraZeneca depuis quelques semaines.
D’autres sites sont restés à un niveau stable depuis le début de la vaccination mais ne réclament pas de montée en charge, à l’instar d’Alfortville, autour du millier de doses, dont le maire Luc Carvounas (PS) estime que cela correspond à la capacité du centre.
A Champigny, le maire, Laurent Jeanne (Libres) a peu goûté aux explications de l’ARS concernant la réduction des doses d’une semaine sur l’autre. “Lors de la première opération vaccination coup de poing début mars, nous avons répondu positivement car nous avons été prévenus le jeudi, mais la semaine suivante ils nous ont sollicités le vendredi et nous avons décliné car le délai était trop court pour trouver les médecins et infirmières. L’ARS nous a fait ensuite comprendre que c’est parce que nous n’avions pas pu répondre ce week-end là que les doses avaient été réduites, ce que j’ai trouvé cavalier, estime l’édile. Nous avons pourtant énormément de demandes et nous souhaiterions pourvoir vacciner les enseignants et les Atsem pour réduire les risques dans les écoles.”
“Un principe intangible depuis le début de la vaccination est d’attendre d’avoir une confirmation de l’ARS avant d’ouvrir les rendez-vous, rappelle de son côté Eric Véchard, directeur de la délégation Val-de-Marne de l’ARS. Et lorsque j’alloue des doses avec la préfète, c’est par écrit.” Concernant les conséquences des opérations coup de poing dans l’allocation des doses, le directeur de l’ARS94 explique l’inéluctable effet report qui fait que lorsqu’une ville a procédé à plusieurs centaines ou milliers de premières injections, il faut ensuite garantir les secondes. “Aucun centre n’a vu sa dotation à la baisse, insiste par ailleurs le représentant de l’agence. “Nous avons une réunion chaque mercredi avec la préfète et les tous les centres du département, qui s’ajoute aux contacts quotidiens entre ces derniers et nos équipes. Nous affectons les doses en toute transparence et en fonction des capacités des centres.” Un calcul qui s’est progressivement rodé au fil des semaines, au gré des montées en charge des centres, des nouvelles ouvertures, et des effets reports des week-end coup de poing, alors que les premières allocations étaient réparties de manière égale dans tous les centres au début de la vaccination.
A Champigny, l’éventualité d’un vaccinodrome géant a aussi ajouté au mécontentement et les maires des trois communes de Champigny, Villiers (Jacques-Alain Bénisti) et Chennevières (Jean-Pierre Barnaud) ont protesté dans un communiqué commun, invitant l’Etat à “tenir ses promesses” concernant le quota de doses par centre et refusant “la mise en place d’un vaccinodrome qui aurait pour conséquence d’éloigner un peu plus les habitants des lieux de vaccination de proximité”, réclamant au contraire de nouveaux centres de proximité, notamment dans l’est du département.
“Va-t-on délibérément sacrifier des populations, notamment les plus fragiles, au seul motif qu’elles n’auront pas eu la possibilité de se rendre dans un centre de vaccination trop éloigné de leur domicile?” questionnent les élus.
Sur ce point, l’ARS est en phase et la préfète a de son côté déjà précisé il y a quelques semaines qu’elle souhaitait prioriser la proximité aux centres XXL tant que les doses ne sont pas disponibles en très grande quantité, les élus étant relativement unanimes sur le sujet. Cela n’empêche pas de se préparer pour le jour où les doses seront disponibles, avec parmi les pistes de travail le MIN de Rungis et le parc interdépartemental de Choisy-le-Roi.
Concernant les populations les plus fragiles, Eric Véchard rappelle qu’un quota de vaccins est aussi réservé dans le cadre du dispositif “aller-vers” qui vise à s’assurer que tous les types de population accèdent bien à la vaccination, avec notamment les appels de l’Assurance Maladie aux personnes de plus de 75 ans non vaccinées pour les accompagner dans cette démarche. Un dispositif annoncé justement à l’Assurance Maladie de Créteil par Emmanuel Macron fin mars, et “qui déjà permis de vacciner 1500 personnes dans le département”, chiffre le représentant départemental de l’ARS. Cette opération “Aller-vers” passe aussi par des équipes qui vont vacciner les migrants directement dans les foyers (quelques dizaines de doses par semaine) et aussi par un travail avec les CCAS (Centres communaux d’action sociale).
Article actualisé à 11h30 avec la position de l’ARS.
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