Alors que le conseil municipal de Champigny-sur-Marne était réuni ce mercredi après-midi pour le vote du budget 2021. Laurent Jeanne, à qui l’opposition reprochait un budget bâclé, a contre-attaqué en accusant l’ancienne majorité d’emplois fantômes. (Article mis à jour le 26 mars)
Pour cette première retransmission d’un Conseil municipal de Champigny-sur-Marne en direct, l’ambiance . En guise d’introduction, le maire, Laurent Jeanne, a sèchement rappelé le rejet du recours contre son élection par le tribunal administratif de Melun, ponctuant son intervention d’un “la campagne est close”.
Après le vote du premier point à l’ordre du jour consacré à la modification du règlement intérieur, retoqué par le préfet pour avoir lié l’espace dédié aux tribunes du magazine municipal à la proportionnalité des résultats aux élections, Sophie Amar, adjointe aux finances a fait la lecture d’une synthèse sur le budget primitif 2021 de la commune. Cet exercice est marqué par des dépenses de fonctionnement à 126 millions d’euros, en baisse de 7% , et un budget d’investissement à 64 millions d’euros, enhausse de 10%. Ce dernier va être massivement financé par un recours à l’emprunt de 30 millions d’euros malgré une dette à 12 millions.
La présentation achevée, Christian Fautré (PCF), a pris la parole pour dénoncer un projet de budget “bâclé” et pas à la hauteur de la crise. “Un budget ne doit pas être qu’une affaire comptable et nous restons sur notre faim. La situation exige de revoir les priorités. Il faut construire du logement pour tout le monde et votre première proposition est de réviser le PLU pour ne plus construire du logement social. Mais dans quel monde vivez-vous ? Après le drame [de la rixe de début mars] vous évoquez une police municipale, nous proposons école, culture, sport, vivre ensemble et droit au logement pour tous”, a défendu le conseiller municipal d’opposition avant de se plaindre de la baisse du budget du CCAS (- 58 000 euros par rapport au BP 2020) ou des changements opérés sur des projets lancés par son équipe comme la médiathèque.
Le maire, Laurent Jeanne a alors attaqué “l’héritage” laissé par son prédécesseur. “Quand on a géré la commune comme vous l’avez fait, le minimum est faire preuve d’humilité. Pendant quinze ans, vous avez promis de reconstruire les écoles Bassis, Solomon et Cotton. Ensuite vous dites que nous allons réduire les postes, mais lesquels ? L’un des deux postes de directeur général des services payé 14 000 euros net par mois pendant cinq ans et qui n’a jamais mis les pieds à la mairie ?” Ambiance.
Fin de conseil houleuse
Au fil des points à l’ordre du jour, les passes d’armes se sont enchaînées, qu’il s’agisse de la fin de la gratuité des balades urbaines commentées ou de l’avenant au protocole de préfiguration du plan de renouvellement urbain du Bois l’Abbé. La tension n’est toutefois véritablement remontée qu’en toute fin de séance, avec la présentation d’un vœu déposé par l’opposition pour dénoncer la loi de transformation de la fonction publique et la remise en cause d’un certain nombre d’acquis sociaux des agents territoriaux. Après la présentation de ce vœu par Christian Fautré, c’est la première adjointe notamment en charge des ressources humaines, Aurore Thiroux, qui est montée au créneau. “Vous faites des grands discours sociaux et vous avez alerté tout à l’heure sur la baisse du budget du CCAS qui n’en était pas une [la majorité a promis une rallonge sur un budget supplémentaire prochain]. Pour moi, la sincérité de votre vœu est remise en question. Qu’est-ce que l’on peut penser quand un collaborateur de cabinet a une rémunération de 70 000 euros annuels pris sur budget du CCAS au détriment de l’action sociale des campinois pour rédiger des notes politiques ?”.
Cette fois-ci, Jean-Jacques Mailler réplique. “Mais ça n’a rien a voir, on parle du vœu, ça suffit, vous aimez bien faire des procès d’intention, vous balancez des choses sans que l’on puisse y répondre parce qu’il n’y a aucun élément sur ce que vous dites, ça suffit ! Il y a un vœu, on vous demande votre avis”. En réponse, Laurent Jeanne a indiqué qu’il allait faire un signalement au procureur de la République.
Marchés douteux, emplois fantômes
Selon le cabinet du maire de Champigny-sur-Marne, Laurent Jeanne a déjà signalé des faits de vol de matériel informatique et de téléphonie au préjudice de la ville pour plusieurs centaines de milliers d’euros. Il prépare une nouveau signalement pour des marchés publics qu’il juge douteux, l’emploi présumé d’un directeur général des services qui n’aurait jamais été en fonction en 5 ans, le paiement présumé d’un collaborateur de cabinet sur le budget du CCAS pour 70 000 euros annuels… Le détail des accusations est d’ores et déjà prévu via la prochaine tribune de la majorité dans le journal municipal.
L’ancien maire se défend
Deux jours après ce conseil municipal, Christian Fautré a réagi aux accusations de Laurent Jeanne. “Il n’y avait pas deux directeurs généraux des services. A l’arrivée de Philippe Pierre, son prédécesseur a été en rupture de contrat et comme tout agent de la fonction publique, il y a eu une négociation. Cela s’est passé avant que je n’occupe la fonction de maire aussi, je ne peux pas parler au nom de Dominique Adenot aujourd’hui disparu. La chambre régionale des comptes [dans son rapport rendu en 2018] n’a pas fait de remarques là-dessus”, défend-il.
Sur les accusations d’emploi de collaborateur de cabinet financé sur le budget du CCAS ou d’emplois de complaisance, l’ancien maire communiste estime que “dans une grande ville comme la notre avec un tel budget et avec les questions sociales comme ADN, il n’est pas illogique d’avoir des hommes et des femmes fléchés à divers postes pour rester en proximité avec les habitants.” L’élu ajoute ne pas connaître ” la totalité de 1600 agents de la commune” mais précise qu’il y a une grille indiciaire, un statut” et “quon ne peut pas faire n’importe quoi”.
Article mis à jour le 26 mars avec les explications de l’ancien maire sur les emplois évoqués par le maire.
“il apparaît que le nouveau maire et son équipe de novices ont quelques difficultés pour comprendre un budget municipal. Eh oui, savoir lire un budget ne s’improvise pas !”
Dites-vous.
Le problème n’est pas celui de la lecture, dont serait incapables les nouveaux élus, mais celui de votre incapacité congénitale à comprendre qu’il n’existe pas d’investissement possible dans une commune sans gestion rigoureuse des dépenses courantes, ce pourquoi, les campinois vous ont sanctionné.
Le groupe Champigny écologique et solidaire rétablit les faits et demande un droit de réponse.
Après un moment de sidération devant les attaques mensongères du nouveau maire en plein conseil municipal du 24 mars, le groupe Champigny écologique et solidaire, réunissant des élus de différentes composantes de la gauche et de citoyens engagés (Parti communiste, de citoyens non encartés et Europe écologie-les Verts*) se doit de répondre officiellement aux allégations de mauvaise gestion de la précédente majorité et à des sous-entendus de favoritisme.
Il s’agit là de diffamation, punie par la loi d’autant plus lorsqu’elle est commise par une personne dépositaire de pouvoirs de police et de l’autorité publique. Et circonstances aggravantes, cette diffamation est faite en public. Au-delà d’attaques non fondées et non justifiées, diffusées par voie de presse et sur le site de la ville dans une vidéo, il apparaît que le nouveau maire et son équipe de novices ont quelques difficultés pour comprendre un budget municipal. Eh oui, savoir lire un budget ne s’improvise pas !
Les budgets et comptes de la ville de Champigny ont été examinés et validés par la Cour des Comptes, et M Jeanne a eu communication de ces rapports lorsqu’il était lui-même conseiller municipal d’opposition.
Nous savons tous que la politique déclenche des passions, au-delà de cela il faut raison garder ; c’est pourquoi nous saisirons le Procureur de la République pour rétablir les faits.
*Aux dernières municipales de Champigny, l’opposition a obtenu, tous partis confondus, 46% des voix.
“Il s’agit là de diffamation, punie par la loi” : oui enfin, ce sera au tribunal de conclure.
Pour ce qui est de la chambre régionale des comptes (CRC Île-de-France de la Cour des comptes) elle a publié en 2018 l’examen des budgets de 2011 à 2016. Et n’a pas fait le voyage pour rien :
https://94.citoyens.com/2018/cour-comptes-note-gestion-de-champigny-marne,29-06-2018.html
Les membres de l’opposition sont absolument consternés par les attaques sans preuve formulées par le nouveau maire qui ne cesse par ailleurs de bafouer les droits d’expression de l’opposition. Les accusations non prouvées et les invectives sont très peu compatibles avec la décence et sa fonction nouvellement acquise. Nous avons également l’intention de saisir le procureur de la République pour diffamation.
Une précision : l’augmentation du taux d’endettement est 22% et non de 10%. Une telle augmentation n’est possible que si la ville a pu dégager une capacité d’endettement suffisante au cours des trois ou quatre années années précédentes. Ce qui montre dons une bonne gestion des finances de la ville, comme je l’ai dit dans mon intervention.
Un avantage de l’alternance, c’est de nettoyer les placards et autres écuries. Ceci dit en général. Pour ce qui est de Champigny, la justice saisie pourra faire le tri.
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