Education | | 27/01/2021
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Choisy-le-Roi: les enseignants refusent la méthode de lecture Lego

Choisy-le-Roi: les enseignants refusent la méthode de lecture Lego © Amberrose Nelson

Pas question pour les enseignants des écoles maternelles en réseau d’éducation prioritaire de Choisy-le-Roi de se convertir à la méthode de lecture dite Lego (du verbe lire), poussée dans les académies.

Cette méthode de lecture s’appuie notamment sur le repérage des syllabes et des sons qui les composent sur une répétition des exercices jusqu’à ce que l’élève réussisse avant de passer à l’étape suivante. Elle repose sur un travail en petit groupe (4 élèves pour les plus faibles). Concoctée par une équipe de l’Académie de Paris, cette approche par le graphème s’inspire d’un programme d’apprentissage de la lecture développé par l’association Agir pour l’école, présidée par le directeur de l’Institut Montaigne, Laurent Bigorgne, et hébergée au sein du think-tank.

Cette méthode est diversement appréciée des enseignants qui ont généralement pour habitude de jongler entre différentes méthodes pour s’adapter à chacun de leurs élèves. Le protocole strict d’application de la méthode, non compatible avec le panachage des méthodes, et son encouragement spécifique par la hiérarchie de l’Education nationale suscitent la controverse.

Plusieurs syndicats enseignants dénoncent cette incitation à mettre en place cette méthode spécifique comme une remise en question de la liberté pédagogique. Plusieurs laboratoires universitaires d’évaluation pédagogique ont aussi récemment refusé de participer à l’appel d’offre ministériel pour évaluer cette méthode, dénonçant des conditions trop précipitées.

Actuellement, cette méthode est testée dans 370 classes en France.

Pour éclairage, lire ailleurs :
Voir la méthode proposée dans le cadre de l’Education nationale
Lire enquête du journal Libération
Lire la tribune du délégué général d’Agir pour l’Ecole, Laurent Cros, dans Le Monde
Retour d’expérience (sur le Café pédagogique)
Des enseignants inquiets de pressions en faveur d’Agir pour l’école  (Le Café pédagogique)
La méthode Lego déjà testée dans 370 classes de CP (BFM TV)
Site de l’association Agir pour l’école

Dans le Val-de-Marne, la méthode Lego a été proposée par l’Académie dans les maternelles du réseau d’éducation prioritaire de Choisy-le-Roi . Présentée lors d’une réunion de directeurs le 11 janvier, elle devait être proposée aux enseignants de grande section pour une mise en oeuvre à partir de février. Une suggestion qui a suscité une mise en garde des syndicats SnudiFo94 et SNUipp -FSU 94, lesquels ont dénoncé dans un communiqué commun un procédé “qui vise à remettre en cause la liberté pédagogique”. Et les syndicats de rappeler qu’ils s’étaient déjà opposés, l’année dernière, à la mise en œuvre du protocole d’apprentissage de l’association Agir pour l’école (protocole qui a inspiré la méthode Lego). “Les enseignants, choqués par la lourdeur du protocole, avaient saisi les syndicats, s’étaient réunis, avaient voté des motions de conseils des maîtres et avaient exposé publiquement leur refus”, rappelle le Snuipp qui dénonce également la méthode pédagogique sur le fond.

Question de méthode

“Coté démarche pédagogique, pas grand chose de nouveau : méthode syllabique à entrée graphémique et non pas phonétique, absence d’illustrations qui sont supposées détourner l’attention de l’enfant lecteur, prégnance des “pseudos-mots” (mots inexistants constitués d’enchaînements de syllabes utilisés comme support pour s’approprier la mécanique du décodage sans référence au sens), conception étapiste de l’apprentissage de la lecture (selon laquelle il faut d’abord s’approprier le code pour ensuite accéder à la compréhension). Le tout se veut comme, c’est la norme maintenant, inspiré des enseignements des neuro-sciences, en réalité d’une lecture extrêmement partiale et restrictive de celles-ci”, tacle le syndicat.

“Apprendre à lire passe par l’acquisition de compétences particulières : la conscience phonologique, la connaissance des lettres, le vocabulaire et la compréhension orale. La progressivité est essentielle, car l’enfant ne peut pas toutes les assimiler simultanément. La répétition, bien que chronophage et rébarbative, est tout aussi indispensable, car elle permet l’appropriation”, défend pour sa part Laurent Cros, délégué général d’Agir pour l’école, dans sa tribune au Monde.

Liberté pédagogique

“Au-delà des querelles de méthode, c’est la conception de l’enseignant véhiculée par cette politique éducative, avançant comme un rouleau compresseur, qui est en jeu. En effet, le point commun de toutes ces méthodes et protocoles c’est qu’ils présupposent un enseignant exécutant et non un enseignant concepteur qui s’approprie les démarches, les adapte en fonction du contexte de la classe, du profil des élèves”, ajoute le syndicat.

Finalement, les enseignants ont tranché et refusé en bloc.

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