19h10 ce mardi 18 mai. Au centre de vaccination de Nogent-sur-Marne, c’est encore l’effervescence. En quelques semaines, l’espace Simone Veil s’est transformé en vaccinodrome XXL avec désormais un rythme de 2 200 injections par jour, soit un peu plus de 15 000 par semaine. Ailleurs en Val-de-Marne, les autres centres montent aussi en puissance.
Un public de tous âges et tous horizons. “Nous avons dépassé le 50 000ème patient la semaine dernière, commente Frédéric Thibault, chirurgien urologue à l’hôpital Armand Brillard, responsable du centre et animateur de la future CPTS (Communauté professionnelle territoriale de santé) de Nogent-sur-Marne. Les gens viennent essentiellement du Val-de-Marne mais aussi de toute l’Ile-de-France et parfois même de bien plus loin.”
Le parcours commence par la file d’attente à l’extérieur. Les entrées s’effectuent par horaire de vaccination, filtrées par un vigile. Un premier sas d’accueil permet ensuite de vérifier que chacun a bien pris rendez-vous et a plus de 18 ans. “Avant, nous vérifiions aussi l’éligibilité des personnes”, indique Fousilla, coordinatrice médicale, qui court d’une pièce à l’autre pour répondre à toutes les sollicitations. C’est lors de cet accueil que les gens se voient attribuer un ticket avec un numéro, “pour ne pas les appeler par leur nom”, précise cette ancienne infirmière cadre de santé qui a replongé dans le médical le temps de la pandémie.
L’étape suivante consiste en un entretien avec une infirmière puis la vaccination. “Nous avons organisé un plateau avec trois médecins et douze infirmières par vacation de quatre heures, explique Frédéric Thibault. Nous fonctionnons avec un protocole de délégation de compétences qui fait que tous les patients ne voient pas un médecin, seulement ceux qui le demandent ou qui ont un problème. Le certificat est en revanche systématiquement validé par un médecin.”
150 infirmières et 70 médecins mobilisés
Une organisation bien rodée qui permet d’ouvrir le centre 12 heures par jour, de 9 heures à 21 heures grâce à trois équipes qui tournent chacune quatre heures. “Au total, cela mobilise 150 infirmière et 70 médecins, c’est une vraie petite PME!” reprend le médecin. A ces équipes s’ajoutent des agents de sécurité de la commune et des secouristes de la Croix Rouge et de la Protection civile interviennent pour orienter et intervenir en cas de malaise.
Après la vaccination, les patients attendent à l’extérieur, de l’autre côté du bâtiment, soit assis sous un barnum soit au grand air. Le protocole national de vaccination impose en effet un temps de surveillance de quinze minutes après chaque injection, le temps de préparer les certificats. “Nous n’avons jamais eu de réaction allergique grave mais il y a parfois des malaises vagaux ou des petits urticaires et quelques patients âgés ont eu des poussées hypertensives. Nous n’avons eu qu’une seule évacuation Samu pour une personne qui a eu un trouble du rythme cardiaque mais nous avons en revanche tous les jours 6 ou 7 malaises bénins”, indique le médecin responsable du centre.
Pour expliquer la montée en puissance du centre, Frédéric Thibault évoque la mobilisation des soignants, qui commençaient déjà à travailler ensemble pour créer une CPTS, et notamment le vivier de 180 praticiens de la clinique Armand Brillard, les synergies avec la municipalité qui a mis rapidement à disposition des lieux appropriés et quelques agents, la coordination avec les CCAS (Centres communaux d’action sociale). “Ensuite, nous avons répondu favorablement à chaque proposition d’augmentation des doses et beaucoup travaillé sur l’organisation interne du centre.” Pour éviter les déperditions de sérum, le centre prend désormais 10% de rendez-vous en surbooking pour compenser les annulations et l’obtention des septièmes doses à partir de flacons théoriquement prévus pour six. Une opération de dosage millimétrée qui s’effectue dans une pièce à part, au calme (Voir photo de une).
Créneaux réservés à l’Assurance maladie et équipes mobiles
Au-delà des rendez-vous pris via Doctolib, le centre participe aussi à l’Aller-vers, organisé par l’Assurance maladie et les CCAS pour proposer la vaccination aux personnes âgées ou fragiles qui n’ont pas d’elle-mêmes pris rendez-vous. “Nous avons mis à disposition 600 créneaux par semaine à la Caisse primaire d’assurance maladie puis également ouvert des rendez-vous aux centres communaux d’action sociale avec un système de navettes organisées par les villes de Nogent, Le Perreux-sur-Marne et Bry-sur-Marne. Nous avons aussi des équipes mobiles mais uniquement pour les personnes qui ne peuvent pas se déplacer car cela ne permet pas de vacciner au même rythme. Nous faisons des listes pour préparer des tournées par quartier et vaccinons aussi les personnes qui interviennent à domicile”, détaille le responsable du centre.
Les autres centres montent aussi en puissance, chacun à son échelle
En dehors de Nogent-sur-Marne, les autres centres du Val-de-Marne continuent aussi de monter en puissance, même si c’est à une échelle différente. Orly, qui a commencé à un rythme de 494 doses par semaine, est passé à 1 602. “Et nous sommes en capacité d’aller jusqu’à 2 300”, explique Céline Rouillé, responsable du centre. “Nous avons augmenté nos horaires d’ouverture et sommes ouverts tous les jours jusqu’à 20 heures. Nous étions ouverts à l’Ascension et serons ouverts le lundi de Pentecôte. Après, on ne peut pousser les murs. Nous sommes sur 224 m2 et nous ne pouvons pas accueillir un millier de personnes. Nous avons déjà quatre box ainsi qu’une salle d’attente et une salle de surveillance.” La ville indique de son côté que le centre arrive désormais à répondre à tous les appels pour proposer des rendez-vous dans des délais cohérents. “Les centres de vaccination ne sont pas sectorisés et nous accueillons pas mal de personnes de l’Essonne, après avoir eu du monde venu de Paris et des Hauts-de-Seine au début”, ajoute Céline Rouillé.
A L’Haÿ-les-Roses aussi, le centre s’est organisé pour doubler sa capacité. “Au début, cela a été difficile de mobiliser les infirmières et les médecins car nous n’avions aucune visibilité sur les doses. Parfois il y en avait plus, parfois moins”, rappelle Vincent Jeanbrun, maire de la ville. “Désormais, nous allons déménager le centre au Moulin de la Bièvre pour passer de deux flux (1ère et 2ème injection) à quatre”, détaille l’élu. De quoi passer de 600 à 1 200 doses par semaine, sans changer les horaires et avoir besoin d’ouvrir le soir ou le week-end. Dans le même temps, la pression sur la demande est aussi moins forte qu’au tout début. “Nous n’avons plus les listes d’attente de 1000 personnes des premiers jours et le site Vite ma dose a aussi beaucoup contribué à fluidifier le circuit.”
Au Kremlin-Bicêtre, plus petit centre du département, la cadence augmente également. “Au début nous n’avons ouvert qu’un ou deux jours par semaine car il n’y avait pas assez de doses, indique-t-on au cabinet du maire Jean-Luc Laurent. Nous avons commencé avec une centaine d’injections par semaine puis sommes passés à 350 et allons arriver à 650-700. Nous allons désormais ouvrir le lundi soir (hors Pentecôte) et le samedi dans la journée à partir du 29 mai.”
A Ivry-sur-Seine, la ville organise la mobilité vers d’autres vaccinodromes en parallèle de son propre centre. “Nous avons dédié tout l’espace Robespierre mais on ne peut pas non plus pousser les murs et il faut aussi trouver les médecins. Nous avons déjà un staff totalement dédié. Nous avons également mis en place des transports vers les autres centres”, explique le maire, Philippe Bouyssou.
Bientôt près de 100 000 doses par semaine en Val-de-Marne
Au total, le Val-de-Marne a reçu 68 096 flacons de Pfizer depuis le début de la vaccination en centre, soit l’équivalent d’environ 450 000 doses en comptant un peu plus de 6,5 doses par flacon en moyenne. Les dotations ont particulièrement augmenté depuis la fin avril-début mai et vont encore changer de dimension début juin. Du 6 juin au 4 juillet, la dotation hebdomadaire prévue pour le Val-de-Marne sera en effet de 13 650 flacons, soit 81 900 à 95 550 doses, contre 8 580 flacons actuellement (51 480 à 60 060 doses). De quoi accompagner l’ouverture de la vaccination à tous les publics adultes.
La semaine dernière, à l’occasion de l’ouverture des nocturnes au centre de vaccination de Créteil, la préfecture et l’Agence régionale de santé ont rappelé qu’elles continuent à travailler à l’installation d’un grand vaccinodrôme au MIN de Rungis, sans préjudice d’une montée en charge des centres de proximité.
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