Justice | | 09/01/2021
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Créteil, le procès du journaliste Taha Bouhafs renvoyé en mars

Créteil, le procès du journaliste Taha Bouhafs renvoyé en mars

Ce vendredi, se tenait au tribunal de Créteil, le procès du journaliste militant Taha Bouhafs, accusé d'”outrage” et de “rébellion” lors d’une interpellation en marge d’une manifestation pour la régularisation de travailleurs sans papiers à Alfortville en juin 2019.

Le journaliste de Là-bas si j’y suis avait été interpellé pour avoir filmé les policiers en action. Devant le tribunal, un comité de soutien s’était rassemblé. Une dizaine de manifestants du NPA et Amnesty International et plusieurs élus s’étaient donné rendez-vous pour défendre la liberté d’informer.

L’avocat de Taha Bouhafs, Maître Arié Alimi a déposé une Question Prioritaire de Constitutionnalité (QPC) devant le tribunal, espérant renvoyer le procès en cours de cassation. La QPC est le droit reconnu à toute personne, partie à un procès, de soutenir qu’une disposition législative est contraire aux droits et libertés que la Constitution garantit. Cette question visait à dénoncer la non-égalité de traitement devant la loi, d’un représentant de l’ordre, dont le “responsable organique” est finalement le procureur de la République, et un journaliste, simple citoyen soumis à la loi.

Les violences policières doivent cesser.”

L’avocat du journaliste explique que la visibilité et la médiatisation de ce procès peut permettre de “faire avancer les choses sur les questions des violences policières. ” Taha Bouhafs est une victime de ces “bavures policières” pour son avocat. Il “suffit de regarder la vidéo” qu’a postée le journaliste, quelques jours après son interpellation. Il avait eu l’épaule déboîtée et 10 jours d’ITT. L’avocat dénonce une “insurrection policière dans le pays“, et énumère les victimes récentes de ces “violences policières“. Maître Arié Alimi critique la “violence systémique” du système policier en France, violence aussi symbolique, puisque la parole des policiers pèse, à son sens, plus que la parole des victimes. Il accuse ce système qui, pour lui, “mine l’institution” et ” le travail des policiers qui veulent le faire bien.” Il interroge la cour : “est-ce une situation normale, qu’un journaliste comparaisse devant un tribunal pour outrage, alors qu’il est victime ?” Pour l’avocat, les accusations d’outrage et de rébellion contre des manifestants qui se multiplient, servent “surtout à masquer des bavures.

Policier : un métier difficile

L’avocat de la partie civile a de son côté rappelé les difficultés qu’éprouvent tous les jours les policiers. “Ils se lèvent le matin sans savoir s’ils vont rentrer le soir“, remarque l’avocat. Selon lui, les policiers éprouvent tous les jours la dureté de leur métier, et il lui semble légitime que les dépositaires de l’ordre public que sont les policiers, chargés d’exercer la force au nom de l’état, n’ait pas le même statut que le simple citoyen. Et l’avocat de dénoncer la “généralisation d’un cas particulier“, les “mensonges” et les “arrangements avec la vérité” de la défense.

Le tribunal a accepté la QCP de l’avocat de la défense, et va maintenant délibérer après cette audience houleuse. La cour donnera sa réponse le 10 mars. Le procès pourra alors éventuellement se tenir.

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