Depuis son lancement en janvier, entre deux confinements, la plate-forme d’écoute Etudiants Ile-de-France a permis à près de 10 000 étudiants de s’autoévaluer. et donné lieu à près de 900 téléconsultations.
A l’initiative de cet outil, la fondation FondaMental, basée au pôle psychiatrique de l’hôpital Albert Chenevier (GHU Mondor) à Créteil, a souhaité répondre de manière rapide à la détresse psychologique des étudiants.« L’idée était de créer une plateforme accessible aux jeunes, anonyme, rapide et qui ouvre un accès simple aux soins sans passer par un médecin traitant », explique Jean Petrucci, neuropsychologue à la fondation FondaMental et psychologue clinicien au GHU Mondor qui a élaboré le site avec la psychologue clinicienne Lisa Letessier et d’autres confrères.
«Nous avons constaté la carence des outils de prise en charge dans les universités et de la méconnaissance par les jeunes des dispositifs existants », poursuit Jean Petrucci. De fait, les bureaux d’aide psychologique universitaire (BAPU) sont débordés et peu nombreux (six en Ile-de-France). Il y a certes le « chèque psy » mis en place par le gouvernement depuis le 1er février mais « c’est très compliqué, témoigne Laurélia, étudiante en 3ème année de licence à l’université Paris 1. Il faut passer par son généraliste qui vous oriente vers des psys agréés, sauf que comme je suis déjà suivie je n’ai pas droit au chèque psy. »
Or, la crise sanitaire a mis en lumière et accentué le mal-être d’une grande partie de la jeunesse. Selon une enquête Ipsos pour la fondation FondaMental, publiée le 28 janvier, 40% des jeunes de moins de 25 ans rapportent un trouble anxieux généralisé (+9 points par rapport à l’ensemble des Français) et un peu plus d’un jeune sur cinq de moins de 25 ans rapporte des symptômes de troubles dépressifs modérément sévères ou sévères (21%).
Opérationnelle depuis la mi-janvier, la plateforme a enregistré plus de 40 000 connexions et donné lieu à près de 900 téléconsultations.
Pour les étudiants en détresse, la facilité d’accéder à une téléconsultation constitue le principal atout pratique du site : une cinquantaine de spécialistes y sont répertoriés et le délai d’obtention d’un rendez-vous est en moyenne d’une semaine contre deux mois en temps normal. Surtout, jusqu’à trois consultations sont prises en charge par la région Ile-de-France, qui a alloué une subvention de 500 000 euros à l’initiative, avec la possibilité de la prolonger si nécessaire, pour une enveloppe globale de 40 000 consultations jusqu’en juin.
« Ces trois rendez-vous ont l’avantage de pouvoir se tenir avec le même spécialiste », précise Jean Petrucci. « Certes, on ne peut pas faire de psychothérapie en trois séances, mais on peut mettre en place des stratégies propres aux thérapies cognitives et comportementales en fonction des troubles ressentis comme les idées noires, les ruminations, les crises d’angoisses. »
En dehors des téléconsultations, la plateforme Ecoute-étudiant propose aussi deux autres interfaces pour commencer à s’occuper de soi en toute intimité. La première intitulée « faire le point » se présente sous forme d’un QCM (Questionnaire à choix multiples) visant à dresser une synthèse des besoins de l’étudiant et des propositions qui peuvent lui être faites. La seconde, « clés et astuces », recense un certain nombre de conseils, de témoignages et d’exercices, en fonction des troubles ressentis. « Au début, on pensait avoir à faire en majorité à des cas de détresse émotionnelle, mais en fait ce sont surtout les conseils sur le travail et la motivation qui sont les plus consultés », souligne le médecin. Près de 10 000 jeunes ont déjà procédé à des évaluations en ligne.
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